Les six derniers sélectionnés des mondiaux connus ce lundi
Ce premier Grand Prix de Hongrie, disputé dans la capitale Budapest, restera dans les mémoires des quatorze tricolores engagés. Pour certains, leur parcours aura suffi à légitimer un billet pour les mondiaux de Chelyabinsk (25-31 août), tandis que d’autres se sont révélés un peu court dans l’emballage. Distribution des bons points.
Les grands vainqueurs : Sofiane Milous, Alain Schmitt, Fanny-Estelle Posvite
Sofiane Milous (-60kg, JC Escales Argenteuil) se savait attendu au tournant lors de ce Grand Prix de Hongrie. Privé de championnats d’Europe aux dépens du champion de France Vincent Limare (-60kg, JC Maisons-Alfort), le combattant d’Argenteuil avait répondu par une probante troisième place à Bakou. Suffisant pour que le staff national envoie les deux hommes au charbon en Hongrie pour se départager. Et à ce petit jeu-là, le champion d’Europe 2010 s’est montré inébranlable. Le Géorgien Chkhvimiani en fera les frais dès le premier tour, emporté par les yukos et le waza-ari du Français, avant que le Néerlandais Mooren ne soit sanctionné à quatre reprises en autant de minutes. La défaite en quarts contre l’Azéri Mushkiyev ni changera rien, Milous remontant les répêchages pour s’offrir du bronze contre le vice champion du monde mongol Amartuvshin Dashdavaa. Rien de moins pour reprendre le leadership de la caté. Limare ne pouvait que constater les dégâts après sa défaite dès son entrée en lice contre le modeste Slovène Trbovc.
Engagée dans une triangulaire avec une Margaux Pinot (-70kg, ACS Peugeot Mulhouse) entreprenante, qui s’offrait Fletcher et Denisenkova avant de plier contre la Japonaise Nunira et de cèder en repêchages face à la Chinoise Fei Chen (5e à Paris) pour échouer finalement à la septième place, et une Gévrise Emane (Levallois SC) toujours sur le flanc, Fanny-Estelle Posvite (AJ Limoges) s’est détachée à Budapest. Un quart de tableau à sa main avec l’Italienne Cantoni et l’Allemande Diedrich, avant une demi-finale à sens unique contre Barbara Matic (deux waza-ari pour la Croate, dont le portrait est à retrouver dans l’EDJ n°50, en moins d’1’45). Mais la finaliste de Paris n’a rien lâché et est ressortie victorieuse de sa place de trois contre Chen. Le comité de sélection en tiendra-t-il compte?
Pour Alain Schmitt (-81kg, Levallois SC), pas d’outsider hexagonal face à lui mais une copie à rendre plus propre que lors des dernières sorties. Une consigne claire que le médaillé mondial 2013 suivait scrupuleusement jusqu’en demi-finale, où le plus léger des jumeaux russes Khalmurzaev, Khasan, vice champion d’Europe -23 ans l’an passé, l’emportait par deux shido à rien. Le Hongrois Krizsan, troisième aux Europe de Montpellier derrière le duo infernal Piétri – Tchrikishvili, se dressait alors devant lui pour le priver de podium, avant de se retrouver déraciné à la mi-combat sur un surpuissant arraché du Levalloisien. La Russie s’offre donc à lui.
En ballotage favorable : Hélene Receveaux, Pierre Duprat
La Dijonnaise Hélène Receveaux (-57kg), de la partie en équipes à Rio, n’avait pu depuis confirmer les espoirs fondés en elle, doublée même dans la hérarchie nationale par l’énergique Laetitia Blot. Septième à Samsun, finaliste à Madrid, il lui manquait se coup d’éclat pour prétendre à (re)devenir la doublure de l’intouchable Automne Pavia. Contre l’Allemande Roper en quarts, cela semblait même mal engagé quand la vice championne d’Europe contrait le o-uchi-gari de la Française pour waza-ari après seulement quatorze secondes de combat. Mais Receveaux n’abdiquait et relançait constamment ses grands fauchages intérieurs. La longiligne allemande tentait alors de reprendre la main en avançant dessus mais la Bourguignonne, plus prompte, tournait le dos pour un uchi-mata claquant. La Slovène Bedeti se fera ensuite balayer en demies, avant que la championne olympique Kaori Matsumoto ne vienne gâcher la fête -sans marquer ippon – pour ravir l’or à la Française. L’invitée de dernière minute, ça peut être elle tout de même …
L’autre gros duel masculin opposait, là aussi pour un rôle de seconde lame derrière le vice champion du monde et d’Europe Ugo Legrand, l’outsider Florent Urani (Sainte-Geneviève Sports) et Pierre Duprat (Levallois SC), sur le retour depuis sa terrible blessure de décembre à la coupe d’Europe des clubs. Le premier se fera éjecter du tableau au premier tour tandis que le second chutera contre le nouveau Shavdatuashvili, champion olympique des -66kg, en quarts et échouera au pied du podium, comme lors de sa compétition de reprise à Bakou. Sans faire de bruit, Duprat devrait bien être de la partie cet été.
Statu quo : Annabelle Euranie, Priscilla Gneto, Lucie Louette et Maëlle Di Cintio
Toutes deux cinquièmes en fin de journée samedi, ni Annabelle Euranie (Blanc-Mesnil SJ), ni Priscilla Gneto (Levallois SC) n’ont marqué les esprits des sélectionneurs pour le billet des -52kg. Il s’agit donc là du gros point d’interrogation à l’approche du verdict qui devrait tomber en début de semaine. La trentenaire, finaliste mondiale en 2003 et de retour après sept ans d’absence ou la médaillé olympique de Londres, sur un chemin de croix depuis? Ou encore l’impasse sur la caté pour dégager une place ailleurs? Le mystère reste entier.
Pour Lucie Louette (-78kg, FLAM 91), la cinquième place acquise ce dimanche semble modeste eu égard à son potentiel et à son palmarès. Il ne s’agit néanmoins que de sa seconde sortie depuis ses gros pépins physiques, avec la perspective de voir en Russie une Louette affûtée comme lors de son titre continental de 2013. Elle ne se sera en tout cas pas fait griller la priorité par la jeune Madeleine Malonga (Levallois SC), dominée par l’Ukrainienne Turks au deuxième tour, et peut continuer de croire à un strapontin à côté du fauteuil d’Audrey Tcheuméo.
Maëlle Di Cintio (-63kg, ADJ 21) a beau avoir ramené du bronze de Budapest, avec un joli parcours à la clé, elle demeure dans l’ombre de la numéro 1 mondiale Clarisse Agbegnenou et de la guerrière Anne-Laure Bellard. L’horizon semble bouché pour quelques mois encore…
Des jalons pour demain: Adrien Bourguignon
L’Orléanais Adrien Bourguignon (-66kg) n’avait rien à perdre sur cette sortie et a joué crânement sa chance jusqu’en huitièmes, où le rugueux Kardava le poussera à la faute jusqu’à hansokumake. Une expérience malgré tout bonne à prendre pour l’avenir.
Et chez les autres?
On a pu assister à une compétition d’un niveau globalement satisfaisant, marquée par le succès logique de la Kosovare Majlinda Kelmendi, le retour autoritaire à la compétition du Néerlandais Henk Grol (-100kg), et surtout le 9/10 impressionnant du Japon, qui repart avec six titres, dont ceux de sa pépite Takato en légers et de son étendard Kaori Matsumoto en -57kg, mais avec un Daiki Kamikawa (+100kg) renvoyé à ses études dès le deuxième tour par le local Barna Bor.