La jeune -70 kg écarte Emane du podium

Christopher Voelk termine fort son combat contre l’Azéri Orujov / Photo IJF Officiel

Sur le plan général, c’est l’impact de l’équipe allemande qui marque cette deuxième journée du Grand Prix de judo de Samsun, en Turquie, hier plutôt franco-russe, aujourd’hui quasiment totalement germanique ! Par Christopher Voelk d’abord en -73 kg, qui finit par crucifier au golden score l’Azéri Orujov sur un énorme uchi-mata. Une belle performance pour Voelk, 41e mondial seulement, mais qui monte en puissance. Orujov est 14e mondial. La seconde médaille est pour Sven Maresch, cinquième mondial en -81 kg et de plus en plus percutant. Après deux finales de Grand Prix en Allemagne et à Abou Dhabi, le voici en or au Grand Prix de Turquie, et face à un autre Allemand, l’intéresant AlexanderWieczerzak. 

Emane, une sélection qui pose question ?

Sur le plan français, c’est surtout le dénouement de la catégorie des -70 kg qui nous intéresse. Après deux victoires en Coupes européennes sans opposition majeure, sa sélection pour le championnat d’Europe en poche, Gévrise Emane était là pour se confronter à plus solide avant le rendez-vous de Montpellier, dans cette nouvelle catégorie des -70 kg. De quoi normalement se roder et prendre de la confiance, faire douter les adversaires… Mais ce n’est finalement pas le scénario retenu. Première surprise, elle se faisait bousculer par la fille « on fire » du moment, la Marocaine en or du Grand Prix d’Allemagne, Asma Niang, qu’elle connait bien puisque Niang a longtemps combattu dans le système français et que récemment, la Française avait battue la Marocaine en finale de l’Open de Casablanca. Sur ce tournoi turc, c’est elle qui était sorti par quatre pénalités ! Seconde surprise du jour, l’intenable Margaux Pinot, médaillé mondiale juniors, troisième du championnat de France senior, troisième du Grand Prix d’Abou Dhabi et victorieuse de l’Open de Pologne, un temps calmée par une blessure aux côtes qui l’avait privé de tournoi de Paris, se permettait de venir lui tenir la dragée haute. La jeune combattante française passait les tours sur son seoi-nage efficace, l’Isrélienne Wildikan, 20e mondiale, l’Autrichienne Graf, 10e mondiale, avant de buter sur l’Allemande Vargas-Koch, 3e mondiale et vice championne du monde à Rio. En place de trois, elle prenait parfaitement sa prestigieuse aînée Emane en la pressant vers l’extérieur pour obtenir rapidement une pénalité en sa faveur. La montée en rythme finale de l’ancienne championne du monde n’était pas suffisament intense et précise pour la déstabiliser. C’est un nouveau très joli coup pour Margaux Pinot, tout à fait dans son rôle de jeune arrogante qui a les moyens de l’être, boucsculant le protocole et la statue de l’idole. C’est plus compliqué pour Gévrise Emane qui ne parvient pas à rassurer et à se rassurer dans cette catégorie qu’elle avait quitté quatre ans plus tôt. La voici désormais titulaire d’une catégorie des -70 kg pour les championnats d’Europe, dans laquelle les meilleures ont été clairement ses cadettes, Fanny Estelle Posvite, championne de France et finaliste à Paris, et Margaux Pinot, qui se permet de l’évincer d’un podium de Grand Prix. Si Emane en a vu d’autres et peut réussir quoi qu’il en soit un parcours en or à Montpellier, on peut néanmoins se demander si cette sélection a-priori, sur dossier, n’était pas un peu précipitée. 

Le Maroc à la fête

Asma Niang est devenu intenable. Finaliste à Casablanca, septième à Paris, première en Allemagne, elle enfonce le clou ici en emportant la médaille de bronze après avoir perdu nettement face à l’Anglaise Conway, laquelle s’inclinait en finale face à l’Allemande Laura Vargas-Koch et ses grands mouvements de jambe, uchi-mata et o-uchi-gari. Pour la place de trois, Asma Niang écartait l’Israélienne Lior Wildikan a grands coup de o-goshi. Mais elle n’était pas seule combattante en vue pour le Maroc, puisque Rizlein Zouak, dans le même profil qu’elle – ancienne combattante d’excellent niveau en France – réussissait à se hisser en finale en -63 kg, battue à ce niveau par une Autrichienne, Kathrin Unterwurzacher – celle-là même qui s’était permise de battre Clarisse Agbegnenou en finale du Grand Prix des Emirats Arabes Unis. L’Autrichienne est devenue une vraie prétendante au titre européen, d’autant qu’elle en a profité pour dominer aussi ce samedi la championne du monde israélienne Gerbi. Un beau tableau de chasse. Mais le Maroc montre aussi qu’il devient une force collective avec ses « transfuges » Niang ou Zouak, qui deviennent très efficaces.