En bronze à Astana, Alexandre Iddir ramène l’or de Tashkent
Le sode-tsuri-goshi d’Alexandre Iddir sur le Russe Kirill Denisov. Un pion qui fera date ! /Officiel IJF
Ils auront échangé leur classement : Pierre Duprat (-73 kg) avait gagné de l’or au Grand Prix du Kazakhstan la semaine dernière à Astana, et a récolté le bronze vendredi au Grand Prix d’Ouzbekistan à Tashhkent. Alexandre Iddir (-90 kg) fait l’inverse. Déjà auteur d’une belle prestation la semaine dernière, avec un seul échec d’une pénalité sur le fringant Tadjik Ustopiryon, futur vainqueur (qui est cette fois 5e, non sans avoir fait frémir les meilleurs, dont le Russe Denisov auquel il marque waza-ari avant de subir un superbe harai-goshi) Alexandre Iddir, « levaloisien » comme Pierre Duprat, réussit cette fois une compétition d’un niveau supérieur, et largement, avec l’or et la manière. L’opposition qui lui était proposée était consistante et même un peu plus. Son premier adversaire, le Letton Milenbergs, était 89e mondial. Droitier, il subissait la « double attaque » en seoi-nage à droite du Français (une première attaque en seoi-nage qui est contrôlé par l’adversaire, la seconde une seconde plus tard sur le même geste qui surprend et projette). Le second était déjà un adversaire a-priori beaucoup plus copieux, et une « perf » potentiel pour Iddir, 29e mondial, puisque l’Egyptien Hatem Abd El Aker, 5e du Master 2013 et champion d’Afrique cette année, occupe une flateuse 12e place mondiale. Une bonne opportunité parfaitement exploitée puisque l’Egyptien, droitier, prenait lui aussi seoi-nage (avec exactement la même préparation), avant de se faire très proprement étranglé sur un sode-jime très brillament exécuté.
Et de trois sur Facente
En demi-finale, Iddir prenait une nouvelle fois son adversaire favori du moment, l’Italien Facente, battu au championnat du monde (la seule victoire du Français) et battu à Astana quelques jours plus tôt. Mais à chaqur fois le combat est difficile contre lui car l’Italien est un gaucher puissant au style classique redoutable, notamment grâce à un magnifique tai-otoshi à gauche. Il est souvent classé et occupe une 16e place mondiale qui n’est pas usurpée. Cette fois encore, le combat ne fut pas facile à gagner. En gaucher-gaucher, Alexandre Iddir aime avoir une position décalée par rapport à l’adversaire. Mais là encore, il préfère attaquer à droite. contre la garde puissante de l’Italien, il tente le mouvement de hanche en o-goshi à droite… manquant une fois prendre un très beau tai-otoshi de son adversaire libéré de la saisie à la manche du Français. Mais le second était le bon. Tout en puissance, Alexandre Iddir collait Walter Facente contre lui et le hissait quasiment de face avant de tourner le dos pour un « soleil » de haute facture. Troisième défaite de suite du n° 1 italien de 27 ans devant son jeune rival de 23 ans.
Denisov, la cerise sur le gâteau
On aurait déjà trouvé la performance du Français concluante, si elle s’était arrêtée là. C’est en effet le très remarquable judoka russe Kirill Denisov, n°4 mondial, qui l’attendait en finale, après une succession de beaux ippons. Mais le Russe est parfois un peu nonchalant en défense et cela allait lui jouer un tour contre la qualité d’attaque d’Alexandre Iddir. Là encore dans une garde gaucher – gaucher latéralisée, le Français lançait rapidement une attaque de hanche à droite, mais cette fois en sode-tsuri-komi-goshi. Denisov se retrouvait collé dans le dos d’Iddir qui se jetait vers l’avant pour le plaquer au sol. Un coup de maître. Ce sont trois cents points qui le place désormais dans les quinze meilleurs mondiaux, mais ce Grand Prix ouzbek restera surtout comme sa performance de référence, lui qui n’avait emporté, comme dernière victoire internationale, qu’une modeste « World Cup » italienne en 2012. À 23 ans, Alexandre Iddir, qui suscite tant d’impatience eut égard au potentiel qu’on pressent chez lui, même si il souffre un peu de la comparaison avec le précoce Loic Pietri, n’est finalement pas si en retard que cela. Depuis la sortie de l’hiver 2014, avec en point d’orgue sa médaille européenne, il a manifestement passé un cap. Cela ne s’est pas vu à Chelyabinsk, mais ces deux belles médailles le prouvent une nouvelle fois et auront des répercussions positives sur sa confiance et son niveau d’expérience. Vivement la suite.
Une campagne d’Asie centrale qui fera date
Cette campagne d’Asie centrale dont on ne savait trop quoi attendre aura finalement été une grande réussite, avec l’aafirmation spectaculaire de d’Alexandre Iddir et de Pierre Duprat. Ils l’ont fait en se déclarant aussi très ouvertement comme d’excellents techniciens de judo, ce qui n’est pas le moins important. Dommage pour Sofiane Milous (-60 kg) qu’il n’ait pas pu suivre ce mouvement vers le haut, mais il faut aussi relativiser, en l’occurence, cette contre-performance. Tout juste revenu d’une période de repos, le léger français n’était guère affuté pour cette traversée de la steppe. Quoi qu’il en soit, l’équipe de France masculine sort renforcée de ce voyage propre à donner aussi confiance à tout un groupe. L’hiver s’annonce bien.
Gerbi, la seule deux fois en or
Seule combattant(e) à avoir gagné les deux tournois, la vice-championne du monde israélienne Yaden Gerbi (-63 kg) a profité de son retour récent à la pleine forme pour réaffirmer son autorité et faire le plein de points. Elle conforte largement sa seconde place mondiale. Le -60 kg mongol Amartuvshin Dashdaava, finaliste au Kazakhstan, l’emporte en Ouzbekistan. Celui qui fut le vice champion du monde 2013 revient fort après une longue éclipse dans la première partie de 2014. Enfin, il faut le rappeler car l’information est d’importance : L’Ouzbel Rishod Sobirov, le dieu des -60 kg de 2010 à 2011, semble avoir enfin réussi sa mue en -66 kg. Un nouveau danger se profile dans la cour des Korval et des Larose.