Deux médailles françaises : Posvite en argent, Pruvost en bronze
La France n’avait aligné que deux représentants masculins sur ce Grand Prix géorgien. Vendredi, Sofiane Milous (-60 kg) avait lâché d’un shido devant le Turc Békir Ozlu, 34e mondial, mais en pleine bourre avec une médaille aux Grands Prix de Cuba et d’Allemagne. Ce dimanche, c’est Alexandre Iddir (-90 kg), le finaliste des deux derniers tournois de Paris qui était sur le tapis. Il commençait très bien avec une victoire par un sankaku-osaekomi très efficace sur l’Allemand Hildebrand, mais se faisait surprendre ensuite par la puissance du petit gabarit russe Magomed Magomedov, troisième russe de la ranking dans cette catégorie et déjà 27e mondial, qui le bousculait dans un corps à corps sur ko-soto-gake et lui dépliait le bras pour juji-gatame.
Margaux Pinot et Marine Erb battues, mais…
Plus nombreuses, les combattantes françaises étaient venues à la pêche aux médailles. La première journée avait été mauvaise avec l’échec des -48 kg et des -57 kg. Il n’y aurait pas de médaille non plus samedi pour Margaux Pinot, engagée dans sa nouvelle catégorie des -63 kg. Elle tombait d’entrée sur l’Italienne Gwend, l’une des meilleures européennes de cette catégorie, et devait s’incliner d’un shido. Une défaite, mais un beau combat où elle faisait souffrir l’Italienne et se voyait refuser un yuko sur ko-uchi-gari. Avec plus de lucidité tactique et encore un peu de travail pour adapter son judo à des adversaires plus petites qu’elle désormais, elle serait passée. Prometteur.
Marine Erb était engagée ce dimanche dans la catégorie +78 kg et tombait au deuxième tour face à la colossale Chinoise Ma Sisi, qui lui plaçait un gros harai-goshi. Quelques secondes plus tôt, Marine Erb avait pris un gros coup de coude au visage et l’arbitre lui avait infligé un shido pour sortie de tapis, alors qu’elle se dégageait d’une forte attaque adverse ! Une décision abberante rectifiée par la table, mais il y avait de quoi être déconcentrée pour la reprise de garde suivante. On aimerait que les arbitres soient mieux concentrés sur leur responsabilité qu’obsédés par l’idée de suivre à la lettre le dernier « brief » de leur direction… Mais rien ne change de ce côté là.
Le retour en or de Ketty Mathé, alias Kayra Sayit
Dans cette catégorie des +78 kg, la numéro un française Emilie Andéol était là aussi et elle avait à cœur de reprendre sa marche en avant après un tournoi de Paris manqué. Mais sur son chemin se dressait une néo-Turque, ex-Française, Ketty Mathé, alias Kayra Sayit. Devenue Turque pour prendre sa revanche sur son échec à prendre le leadership national en France, elle ne marchait plus très fort depuis le printemps dernier et semblait même un peu découragée. Ce Grand Prix peut tout changer. Elle domine la Française par waza-ari – laquelle Française perdra ensuite par hansokumake face à la Chinoise en place de trois – obtient son accession en finale en battant l’Ukrainienne Iaromka, et bénéficie du forfait de la fille en forme du moment, la Brésilienne Altheman, blessée dans son affrontement victorieux avec la Chinoise Sisi. De quoi redevenir la première Turque de la catégorie devant Zehra Belkis Kaya et entrer dans les points pour les Jeux. Un week-end parfait qui peut lui rendre tout son élan.
L’Anglaise Powell bat les deux Françaises en -78 kg
Pas mieux pour Madeleine Malonga (-78 kg) qui perdait d’un shido sur la Brésilienne Aguiar et ratait la médaille de bronze, victime de la rugueuse Anglaise Natalie Powell, qui finissait par la contrer pour yuko dans la dernière minute alors que la grande Française menait aux pénalités. C’est la même Anglaise qui avait sorti Samah Hawa Camara d’un yuko, alors que cette dernière venait de réussir le joli exploit de battre la grande Slovène Abigel Joo. Mais les meilleures de cette catégorie étaient Néerlandaise ce week-end, avec deux représentantes en finale, Marhinde Verkerk et Guusje Steenhuis. C’est la première, multiple médaillée mondiale et championne d’Europe en titre, qui l’emportait.
Pruvost, bientôt la carte ?
Pas de médaille française dimanche donc, mais deux tout de même samedi. La première est pour la championne de France -63 kg, Marielle Pruvost. Après deux victoires, elle prenait Alice Schlesinger, 10e mondiale, et lui marquait yuko puis ippon en une trentaine de secondes. Elle menait ensuite d’un waza-ari contre l’Autrichienne Unterwurzacher, avant de se faire reprendre dans les quinze dernières secondes. En place de trois, elle mettait une correction à la Russe numéro un Marta Labazina, qui se faisait prendre en clé comme une cadette. Une grosse démonstration pour cette combattante de 29 ans, qui signe sa première médaille en Grand Prix (depuis sa victoire inattendue en 2009 au Grand Chelem de Russie). Encore quelques performances de ce niveau, avec cette autorité, et Marielle Pruvost pourrait commencer à « avoir la carte » : être considérée comme une potentielle médaillable lors d’un championnat officielle.
Fanny Estelle Posvite confirme
Elle a derrière elle une troisiéme place au championnat du monde en -70 kg, et deux tournois de Paris en demi-teinte, mais où elle a laissé une impression d’autorité, battant notamment au passage la championne du monde, sa rivale Gévrise Emane. Privée de façon un peu surprenante de championnat d’Europe, elle devait montrer quelque chose en Géorgie. C’est fait. Elle gère ses deux premières adversaires aux pénalités, marque waza-ari à la Mongole Naranjargal Tsend-Ayush, 17e mondiale, et se hisse ainsi en finale où elle retrouve la triple championne d’Europe et numéro un mondiale Kim Polling. C’est elle qui lance la première attaque forte en ashi-guruma / o-soto-gari et qui marque un fort yuko. Elle gère la fin du combat… mais un peu trop, et se fait surprendre par un uchi-mata habile de la Néerlandaise.
Victoire de Kim Polling en -70 kg, de Verkerk devant Steenhuis en -78 kg, mais aussi du jeune Noel Van T End en -90 kg, et finale de Roy Meyer en +100 kg. Le judo néerlandais se porte bien.
Quant à Fanny-Estelle Posvite, même si elle n’est pas sélectionnée pour les championnats d’Europe, elle est clairement dans le top 10, peut-être le top 5 de cette catégorie dans le monde.