Et bien voilà. Nous y sommes. Demain débuteront ces XXXIIes Jeux olympiques tant attendus. Par les athlètes avant tout bien entendu, mais aussi par tous les passionnés de la discipline dans le monde.
Une compétition de huit jours (sept en individuels avant la grande première du par équipes mixtes), dont l’organisation, désormais très rodée, est calquée sur ce qui se fit en matière logistique lors des derniers championnats du monde.
-48kg et -60kg auront donc l’honneur d’ouvrir cette épreuve de judo, sur les deux tatamis immaculés du Nippon Budokan mais vide de spectateur.
Chez les féminines, la Française du jour, Shirine Boukli (FLAM 91), dont la sélection s’est jouée dans la dernière ligne droite de l’olympiade, n’a pas échappé à un tirage copieux. Seule non-tête de série parmi les sept sélectionnées tricolores, la championne d’Europe 2020 devra d’abord éviter le piège serbe prénommé Milica Nikolic. 26 ans, troisième au Grand Chelem de Tashkent en mars (son seul podium depuis octobre dernier), elle reste sur deux défaites face à Française : au Grand Prix d’Israël début 2020 et au Grand Chelem de Hongrie, fin 2020.
Un premier tour largement abordable avant, directement, de tirer l’un des gros lots du jour : l’Ukrainienne Daria Bilodid, double championne du monde (2018 et 2019) ! Côté pile, on se dira que prendre la longiligne judokate au terrible sankaku-jime dès le deuxième tour a de quoi faire fortement grimacer. Le report des JO a retardé d’un an la montée de catégorie (inéluctable) de Bilodid. Un paramètre qui a sans doute pesé dans les quatre défaites connues par l’Ukrainienne depuis la reprise du circuit. Mais demain, la fille de Gennadiy Bilodid entrera en lice contre la Tricolore. Avec donc beaucoup de fraîcheur. Attention…
Côté face, on se souviendra que Boukli n’avait pas fait de quartier contre l’Ukrainienne en finale du Grand Chelem de Tel-Aviv, achevant son œuvre sur un magnifique ashi-guruma. Si cela passe, ça sera sans doute ensuite la Kazakhstanaise d’origine mongole, Otongtsetseg Galbadrakh en quart de finale (que Boukli a battue lors de leur seul duel, c’était à Paris en 2020) puis la Japonaise Funa Tonaki en demi-finale, battue également par la Française mais en finale du Grand Chelem de Düsseldorf fin février 2020.
En clair, Boukli a battu au moins une fois toutes les têtes de série de son demi-tableau. Mais là, il faudra le refaire successivement !
Si donc on peut penser que le parcours de la Française va être semé d’embûches épineuses et agressives, la vice-championne du monde juniors 2019 (le moment déclencheur) a la carapace suffisamment épaisse pour se monter inarrêtable et tracer sa route de manière déterminée, et se présenter en finale pour le titre olympique. Contre Distria Krasniqi ou Urantsetseg Munkhbat ?
Demain, Boukli montera sur le tapis n°1 pour le septième combat du jour, dans une catégorie où la Reine Bilodid semblait intouchable il y a deux ans. Une domination qui s’est fragilisée d’elle-même et dont comptent bien profiter Boukli & Co. Une incertitude assurément excitante. Bilodid, pour son baroud d’honneur finira-t-elle dans cette catégorie sur le seul titre international qui lui manque ? Tonaki, championne du monde 2017 et double vice championne du monde 2018 et 2019 remportera-t-elle un titre qui fuit le Japon depuis la victoire de la légende Ryoko Tamura-Tani à Athènes ? On est impatient de savoir.
Chez les -60kg, Luka Mkheidze n’aura, lui, même pas à attendre le second tour pour se voir offrir un « choc ». Dixième rencontre sur le tatami n°2, le vice champion d’Europe 2021 aura le droit à sa revanche de Lisbonne puisqu’il rencontrera l’Espagnol Francisco Garrigos !
À lui de reproduire son début de combat portugais – sans la petite erreur qui a amené à sa défaite – et les chances d’aller retrouver l’Ouzbek Sharafuddin Lutfillaev (vice champion du monde 2019, que le Français de Sucy Judo a déjà battu deux fois) seront grandes. Avant possiblement une demi-finale sans doute contre le Russe Robert Mshvidobadze ou le Taiwanais Yung Wei Yang.
Une catégorie où Naohisa Takato fera figure de favori. Double champion du monde (2017 et 2018) sur l’olympiade, le lutin malin de Tokai n’a toujours pas digéré le bronze de Rio. Rien ne l’intéresse, hormis l’or. Reste qu’il devra passer en quart de finale le Géorgien Lukhumi Chkhvimiani. Une finale avant l’heure, dont le vainqueur sera gonflé à bloc pour aller jusqu’au bout. Contre le Russe Robert Mshvidobadze qui voudra faire la passe de trois pour l’équipe russe après Arsen Galstyan en 2012 et Beslan Mudranov en 2016 ?
À Rio, la catégorie nous avait offert la plus belle finale des JO. Un mano a mano sublime entre Yeldos Smetov (Kazakhstan) et Mudranov, aidé en cela par un arbitrage unanimement salué par les spécialistes (le Tchèque Vladimir Hnidka était alors au centre du tapis).
Croisons les doigts pour revivre, demain, ce genre d’émotions initiales.