Le tenant du titre niçois risque de s’en vouloir un bon moment… Leader incontesté de la phase éliminatoire, médaillé de bronze avec cette ossature lors de la dernière Champions League, il s’avançait en favori logique contre Auxerre Judo, qui disputait là son premier Final Four après sa victoire 5-3 contre FLAM 91 en quarts. Si Léa Métrot et Julie Weill-dit-Morey, sacrée championne de France des -52kg en novembre dernier, ne parvenaient à se départager, le premier point de la rencontre était pour les Icaunais par l’intermédiaire de William Cysique, qui se jouait de Théo Raoul-Hébrard, champion de France 2022 des -60kg et monté de catégorie en milieu de saison dernière, sur son uchi-mata (waza-ari). Le duel suivant, opposant Alya De Carvalho, double championne de France juniors en titre, et Maelenn Cotard, septième des championnats de France 2022 et 2023, n’allait pas à son terme puisque l’Auxerroise était contrainte à l’abandon pour une blessure au poignet. Les masculins icaunais continuaient alors de jouer un mauvais tour au Azuréens puisqu’Alexandre Rubiano s’imposait à son tour, d’un kinza contre Maxime Gobert, tout comme Guillaume Chaine, aux prises avec le Géorgien Irakli Beroshvili, finaliste de deux coupe européenne l’an passé, qu’il piégeait avec son o-uchi-gari laser au ras du sol. Entre-temps, la double championne du monde juniors Melkia Auchecorne avait disposé de Fantine Rauzier d’un waza-ari.
11-1 au compteur pour les Niçois, qui accusaient toutefois une victoire de retard sur leur adversaire. Ce n’était pas la Portugaise Tais Pina, victorieuse du Grand Chelem d’Astana en mai dernier, qui comblait le trou, bien gérée par l’ancienne championne de France Laura Haberstock, mais Tizie Gnamien, qui s’exaspérait des tentatives d’amenée au sol de Benoît Collin avant d’enfin trouver la faille sur son sode-tsuri-komi-goshi. Un ippon que l’on pouvait imagnier charnière dans cette demie puisque l’imposante Grace-Esther Mienandi-Lahou, championne de France, d’Europe et du monde cadettes en 2022, n’avait plus qu’à s’imposer contre Valentine Marchand, championne de France seniors en 2018 pour sa part, pour composter le billet nissart pour une troisième finale en autant d’éditions. Mais si elle prenait le meilleur départ en enroulant pour waza-ari l’Auxerroise, cette dernière se démenait pour bousculer son adversaire et, sur un ko-uchi-gari engagé que Mienandi-Lahou croyait surpasser en passant derrière, Marchand parvenait à la dérouler suffisamment pour que l’arbitre lui accorde waza-ari à trente secondes du terme. Nouvel hikiwake qui laissait finalement l’issue du combat au dixième et dernier duel, les deux équipes se retrouvant toutes les deux à trois victoires partout (22-2 pour Nice). Le Niçois Khamzat Saparbaev ne devait pas perdre, le Belge Toma Nikiforov, finaliste des championnats du monde Open 2017 face à Teddy Riner à Marrakech, devait gagner. Rien n’était marqué avant le temps mort, et il ne restait plus qu’au Français de négocier les secondes qui s’égrenaient à son avantage. Sauf qu’il se laissait aller à tenter de passer les hanches devant le vainqueur du Grand Chelem de Paris 2022, qui n’en demandait pas tant pour s’essayer, avec succès, à ura-nage. Un ippon qui faisait rugir les tribunes garnies du Dojo de Paris, et qui envoyait Auxerre Judo en finale au terme d’une rencontre que les protégés de Franck Party auront remarquablement manœuvrée.
Dans l’autre demi-finale, le suspense aura vite été éteint par les Orléanais, qui n’auront eu besoin que de huit combats pour se mettre irrémédiablement à l’abri. Après deux hikiwake entre Anaïs Perrot, championne de France en titre dans la catégorie inférieure, et Madeleine Rougier, puis entre Enzo Jean et Thomas Jaffart, c’est la vice championne de France des -57kg Martha Fawaz, en bronze au Grand Chelem de Tokyo en décembre dernier, qui allait lancer les siens en faisant parler la poudre avec sa hanche (waza-ari) face à Clarisse Carillon. Zakary Ainseba faisait encore mieux en envoyant par deux fois au tapis Benjamin Gomes, la seconde sur un joli avant/arrière qui mystifiait le Génovéfain, avant que Lili Nguyen ne coince au sol Maryline Louis-Sidney. Trois victoires, puis quatre consécutives grâce à Arnaud Aregba, finaliste à Chalon-sur-Saône en -81kg, qui n’était pas inquiété par le jeune Côme Amily, médaillé national juniors 2024 (victoire par waza-ari). Kaila Issoufi, tout juste rappelée pour disputer le prochain Grand Chelem de Paris, n’avait plus le droit à l’erreur puisqu’une victoire d’Agathe Devitry, qui faisait son apparition dans cette troisième saison de la Judo Pro League, envoyait directement les Loirétains en finale. Sur un sumi-gaeshi, elle inscrivait un deuxième waza-ari qui entretenait l’espoir, mais Quentin Joubert, multimédaillé national en -81kg (trois titres en 2017, 2019 et 2023), se faisait rapidement étrangler par Max Laborde, pour sa part médaillé d’argent aux championnats de France en novembre. Les deux combats des lourds – victoire d’Anne-Fatoumata Mbairo pour l’USO, et le point final, obtenu avec deux kinza, pour Amadou Meite du SGS – étaient anecdotiques, la finale, qui débutera dans quelques instants, verra bien deux novices à ce niveau, pour un trophée qui partira, quoi qu’il arrive, dans une nouvelle région de France ce soir.