Glasgow paye le prix des liaisons dangereuses de la fédération britannique
Stupeur et tremblements ce week-end en Autriche et à Rome où les combattants européens sont engagés sur deux fronts. La rumeur enfle rapidement : les championnats d’Europe qui devaient avoir lieu à Glasgow du 9 au 12 avril 2015 vont être annulés. La raison ? La fédération européenne de judo refuse le sponsor principal de l’événement, l’Ultimate Fighting Championship, une organisation professionnelle de combats d’arts martiaux dits « mixtes » (voir notre article commentant ce sponsoring ici). Au moment où nous écrivons ces lignes, les représentants européens ne sont pas sortis de la réunion décisive, mais malgré le fait que l’UFC ait annoncé son retrait en tant que sponsor de l’événement dès hier : la décision est prise, les championnats d’Europe sont bien annulés !
Interrogés les responsables français ne peuvent pas commenter une décision qui n’est encore qu’officieuse. Mais Jean-Luc Rougé, pourfendeur du « Mixed Martial Arts » en France en tant que Président de la FFJudo et Secrétaire Général de la Fédération Internationale, pour le coup simple spectateur de cet épisode dans lequel c’est l’Union Européenne de Judo du Russe Sergei Soloveychik qui monte au front, donne son assentiment sur le principe et éclaire la situation.
« Si la décision est prise, personnellement elle me paraît tout à fait juste. Comme vous le savez, nous sommes opposés en France à l’organisation de ce genre d’événement sur le plan des valeurs, et doublement opposés à ce que le judo, qui incarne tout autre chose, y soit mêlé d’une façon ou d’une autre. Pour l’UFC, c’était une façon de s’offrir une virginité en soutenant un sport olympique. »
Quant au Directeur Technique National Jean-Claude Senaud, qui lui aussi ne peut qu’attendre l’officialisation de la décision. Il apporte une précision utile :
« Nous subissons la situation qui est particulièrement préjudiciable sur le plan sportif. Si les championnats d’Europe sont annulés, on nous dit que les titres européens seraient en jeu lors des premiers « Jeux Européens » qui auront lieu en juin à Bakou en Azerbaidjan ».
Annulation des championnats d’Europe de judo ? Une décision qui nous ramène à la dernière annulation, en 1956 à cause des révoltes dans les « Démocraties Populaires » sous le contrôle de l’URSS, une référence qui donne un peu la mesure du gâchis perpétré par la fédération britannique. L’Anglais Densign White, ancien Président de la Fédération Britannique de judo, ancien Directeur Sportif de l’Union Européenne de Judo, est devenu récemment Directeur Général de l’IMMAF, la Fédération mondial du MMA (mixed martial arts) et a permis cette tentative de faire entrer le cheval de Troie du « sponsor UFC » au coeur du judo international. Un coup de force qui ne pouvait pas passer tant, déjà, il comportait une dose mortelle d’humilitation implicite. Une fédération sportive professionnelle sponsorisant une fédération sportive olympique ? C’était déjà impossible. Un organisateur de « combats libres », même pesant deux milliards, finançant le sport issu de l’oeuvre de Jigoro Kano ? Une indécence. Il fallait être bien loin de tout esprit judo, comme l’a, hélas, souvent démontré cette fédération britannique, pour penser que ce projet était acceptable pour les fédérations européennes et mondiales, lesquelles n’ont pas – c’est heureux – fait preuve d’ambiguïté sur ce coup-là.
Le judo européen devra se remettre de la violence de la séquence et trouver le moyen de déterminer ses champions continentaux malgré tout. Quant au judo britannique, déjà bien malade, il sombre un peu plus bas par la scandaleuse médiocrité de vue de ses dirigeants.