Les sélections des Grand Prix de Cuba et de Hongrie commentées
Deux sélections françaises seront envoyées du 6 au 8 juin à Cuba et du 20 au 21 juin à Budapest. Au lendemain de ce dernier tournoi, l’équipe de France prévue pour aller à Chelyabinsk sera complétée, les derniers à rejoindre celles et ceux qui sont déjà sélectionnés seront donnés. Ces deux sélections sont donc décisives pour les dernières places à prendre en équipe de France, et notamment les deux catégories encore non pourvues chez les féminines, en -52 kg et -70 kg.
Chez les garçons, un seul voyage, à Budapest, à la fin du mois. L’exotique Grand Prix de Cuba ne fait pas partie du projet. La sélection masculine pour Budapest nous livre quelques enseignements :
1. Comme prévu, la bataille pour la place non définie en -60 kg va se jouer entre Sofiane Milous, bien revenu au Grand Chelem de Bakou (3e) et le champion de France Vincent Limare, actif à chaque sortie, et auteur par exemple d’un bon combat contre le Goérgien Papinashivili au championnat d’Europe de Montpellier où il était titulaire. Le premier a donné depuis les Jeux de 2012 (5e) de nombreux signes de malaise et n’a jamais complètement retrouvé la flamme de son titre européen de 2010. Le second a réveillé la catégorie, mais se montre encore un peu tendre pour le projet. Il faudra une médaille pour éviter que la sélection française se trouve une nouvelle fois amputée d’une catégorie. Le mieux placé sur le podium part à Chelyabinsk.
2. Et si la surprise venait d’Adrien Bourguignon ? Discrètement mais sûrement l’Orléanais a fait son chemin en écumant les open sud-américains, battant souvent Dragin au passage. Il faudrait un spectaculaire coup d’éclat à Budapest où il est séléctionné pour qu’on parle de lui pour une prochaine sélection nationale. Chelyabinsk est sans doute hors de portée.
3. Gros « clash » en perpsective en -73 kg où se joue, à l’évidence, une place en n°2 derrière Ugo Legrand. Pierre Duprat a l’avantage de l’expérience et de sa médaille européenne 2013, mais Florent Urani a pris de l’envergure, ses victoires sur Legrand au championnat de France par équipes et en Amérique du Sud cet été ont marqué les esprits, et il vient de faire une brillante finale au Grand Chelem de Bakou.
4. Alain Schmitt a le marché en main. Médaillé mondial 2013, mais en glissade au championnat d’Europe, il faut qu’il marque le coup par une médaille au moins, pour être un logique second derrière Loïc Piétri.
5. Médaillé européen, Alexandre Iddir a obtenu son billet directement pour les championnats du monde, ce qui était sans doute logique. Mais il n’est pas proposé à Romain Buffet de prouver que c’est peut-être lui qui mériterait de faire un vaillant second. Il ne lui reste que l’Open continental de Madrid pour monter qu’il n’est pas mort, lui qui avait montré tous les signes d’un retour potentiel à un bon niveau international depuis le championnat de France.
6. Teddy Riner a besoin d’exercice ! C’est la première fois depuis bien longtemps que le champion français « sort », hors de ses habituels rendez-vous au tournoi de Paris et sur le grand championnat de l’année et le plus souvent les championnats d’Europe (2011, 2013, 2014). Mais blessé au moment du tournoi de Paris et en reprise au championnat d’Europe, Riner a besoin de suer un peu à Budapest avec du « calibre » dans les mains.
Chez les filles… c’est plus compliqué.
1. La sélection au Grand Prix de Cuba propose une balade en PanAmérique à la sélection française déjà officialisée… à laquelle s’ajoute en -52 kg Priscilla Gneto, absente du dernier championnat d’Europe et pour l’instant non sélectionnée pour Chelyabinsk. Un signe très favorable pour elle et un atout aussi dans la course à la sélection face Annabelle Euranie (victorieuse du Grand Chelem de Bakou juste après le rendez-vous continental), car elle accompagnera la vice championne du monde 2003 à Budapest quinze jours plus tard. Deux chances donc, en théorie, de faire une perf’ significative. Mais aussi deux descentes au poids, ce qui n’est pas forcément une bonne chose pour cette combattante dont il était déjà question de la voir monter en -57 kg au lendemain des Jeux olympiques. Sa médaille olympique reste sa dernière grande performance internationale en -52 kg (elle a réussi à faire la finale du Grand Prix des USA 2013, et tout récemment la finale du Grand Chelem de Bakou). Absente des sélections, Astride Gneto et surtout Pénélope Bonna semblent éliminées de la course.
2. La sélection d’Amandine Buchard à Cuba est logique. La vice championne d’Europe -48 kg a mérité sa première sélection à un championnat du monde. Seul problème… elle ira à La Havane pour tirer en -52 kg, signe très clair de ses difficultés à descendre au poids, qui sont désormais de notoriété publique. À quoi va lui servir cette sélection en -52 kg ? Faire des combats sans s’épuiser (trop) à descendre, mais les références seront différentes et la défaite potentielle stressante. Par ailleurs la question va vite se poser sur la capacité de cette junior… à se qualifier pour les Jeux 2016 en -48 kg. Elle a intérêt à marquer de gros points à Chelyabinsk pour se libérer en partie du problème et pour permettre à la France d’avoir une représentante dans la catégorie des super-légères. Sinon, il serait peut-être pertinent de préparer la suite. Mais avec qui ?
3. En -57 kg et en -63 kg, les deux espoirs dijonais Hélène Receveaux et Maelle Di Cintio seront de la partie à Budapest. Rien à dire en -63 kg où deux combattantes pour le championnat du monde sont déjà sélectionnées et seront donc ensemble à Cuba. Il est surprenant en revanche de ne voir aucune trace de Laëtitia Blot en -57 kg. Première au Grand Prix de Turquie, 3e au Grand Chelem de Bakou, elle aurait encore pu faire la démonstration de son envie et tenter une dernière fois de convaincre qu’elle mérite une seconde place derrière Automne Pavia. Bien sûr elle ne peut pas bousculer la hiérarchie en -57 kg, et les descentes au poids de cette ancienne -63 kg ne sont pas gratuites. Mais absente de la bataille, ce sera compliqué pour elle de ne pas être éclipsée par l’une ou l’autre des -70 kg ou des -78 kg. Tout se joue pour elle sur les contre-performances de ses camarades…
4. Les deux -70 kg à la bataille à Budapest seront logiquement Fanny Estelle Posvite, championne de France, 2e du tournoi de Paris et 5e du championnat d’Europe, et Margaux Pinot, la très active junior qui a gagné l’Open de Pologne et s’est classée 3e du Grand Prix de Turquie en battant Gévrise Emane au passage. Elle seront au coude à coude et une performance de l’une et de l’autre leur garantit probablement une place au championnat du monde, peut-être en n°2 derrière Gévrise Emane, blessée au championnat d’Europe, mais qui a tout le crédit de sa carrière (même si elle n’a encore pas réussi à démontrer sa fiabilité dans cette catégorie des -70 kg depuis sa re-montée). La championne sera très menacée en revanche par une très grosse perfomance des deux -70 kg engagées, ou plus redoutable encore, de l’une d’entre elles et d’une des -78 kg présentes. Dans ce cas il serait compliqué pour le comité de sélection de ne pas prendre la -70 kg performante et de ne pas choisir en dernière « seconde » la -78 kg perfomante.
5. C’est donc pour cette place de deuxième potentielle que viennent jouer Lucie Louette et Madeleine Malonga à Budapest, la championne d’Europe Audrey Tcheumeo étant déjà sélectionnée et engagée sur La Havane à Cuba. Lucie Louette a pour elle son expérience et le fait qu’elle soit parvenue à emporter la seconde médaille française en -78 kg à Montpellier. Mais Madeleine Malonga a un sacré tempérament et bluffe tout le monde elle qui sort tout juste des juniors. Deuxièmes des Universiades l’année dernière, elle a fait la finale du tournoi de Paris, rate bêtement la médaille de bronze en Allemagne (5e) et gagne avec insolence le Grand Chelem de Bakou. De quoi bousculer sérieusement l’équilibre de la catégorie, et peut-être dès maintenant. La rumeur INSEP est claire : c’est probablement de cette catégorie que sortira la seconde « combattante en plus » de la sélection. Encore faut-il confirmer par une grosse médaille pour renre les choses faciles.
6. Coucou la revoilà ! Ketty Mathé avait disparu des écrans radar depuis sa longue suspension pour usage (répété) de cannabis, et depuis sa tentative avortée d’aller aux Jeux olympiques 2012 pour son retour de suspension. Mais elle a donné des signes d’une dynamique retrouvée en allant en 2014 gagner à l’Open d’Arlon, de Suisse et de Londres, battant au passage la championne olympique en titre. Tandis que la championne d’Europe Emilie Andéol se préparera à Cuba, elle est donc un peu la surprise de la sélection de Grand Prix de Hongrie. Elle ne joue pas a-priori de strapontin pour Chelyabinsk – trop de retard accumulé – mais sa performance sera regardée de près. Et, après tout, si elle est la seule à assurer une grande performance, pourquoi pas ?