Le judo est entré dans l’ère de la mixité
Chaque mois, partez avec Mizuno à la découverte des grands moments et des petites histoires autour des équipes de France de judo et de jujitsu. Du judo, des hommes et des femmes, des joies, des larmes, des objectifs, des médailles, avec, toujours, le coq bleu-blanc-rouge brodé sur leur judogi Mizuno.
© Emmanuel Charlot – L’Esprit du Judo / Les six Français alignés en place de trois contre la Russie : Hélène Receveaux, Benjamin Axus, Marie-Eve Gahié, Axel Clerget, Romane Dicko et Cyrille Maret (de gauche à droite).
Dimanche 3 septembre 2017. Après six jours de compétitions individuelles, les championnats du monde de Budapest ont offert au monde du judo une nouvelle expérience inédite avec la première épreuve par équipes mixtes. Sur le modèle validé par le CIO en juin dernier pour les Jeux olympiques de Tokyo en 2020, vingt-et-une équipes se sont ainsi lancées dans l’aventure, parmi lesquelles une équipe de France unie pour atteindre la troisième place du podium en fin de journée.
Trois femmes et trois hommes alignés sur la même aire de combat pour défendre simultanément les couleurs de leur pays ? Du jamais vu jusqu’à cet Algérie/Ukraine, qui a lancé les hostilités dans une Papp László Budapest Sportaréna remplie d’observateurs et de passionnés curieux d’assister à ces affrontements d’un genre nouveau. « Avec cette formule, nous avons découvert la mixité du par équipes, rapportait Larbi Benboudaoud, responsable national des féminines sur la chaise toute la journée, avec Franck Chambily, son homologue chez les masculins, dans le box des athlètes juste quelques mètres en retrait. Mais, très vite, nous n’avons plus calculé si c’était une fille ou un garçon sur le tapis. C’était l’équipe de France, avec la victoire comme seul objectif en tête. Tous les uns derrière les autres pour aller au bout, et c’est ça qui est vraiment intéressant. Nous avons pu nous appuyer sur cet esprit de groupe, cette alchimie entre les garçons et les filles, pour aller chercher cette première médaille, en attendant les grosses échéances à venir jusqu’à cette épreuve par équipes des Jeux olympiques de Tokyo en 2020 qui promet d’être grandiose. » Où, contrairement à ce qui s’est passé en Hongrie, seuls les combattants ayant pris part aux tableaux individuels pourront faire partie des judokas éligibles à l’épreuve collective. L’occasion unique de se rattraper aussi après une élimination prématurée dans sa catégorie ou d’offrir une nouvelle médaille à la France…
© Emmanuel Charlot – L’Esprit du Judo / Les jeunes Romane Dicko (à gauche) et Benjamin Axus ont apporté leur écot pour leur première participation aux championnats du monde par équipes.
Intergénérationnel. En attendant, ce fut l’occasion pour certaines nations, comme la Russie ou le Japon, de faire participer leurs numéros 2 ou 3 nationaux des six catégories retenues (-57kg, -70kg et +70kg pour les féminines, -73kg, -90kg et +90kg pour les masculins), mais aussi de jeunes athlètes intégrés dans le but d’appréhender l’environnement de ce rendez-vous planétaire. Le clan tricolore ne s’en priva pas, appelant en renfort Loïc Pietri pour épauler Axel Clerget en -90kg et Romane Dicko en +70kg. À seulement dix-sept ans (elle atteindra sa majorité le 30 septembre prochain), cette dernière, championne de France et d’Europe cadettes l’an passé avant de s’offrir à la surprise générale un premier titre national en seniors, a fait même mieux puisqu’elle suppléait toute la journée la championne olympique Émilie Andéol, classée septième la veille en +78kg avant d’annoncer la mise entre parenthèses de sa carrière pour au moins une saison. Quatre combats disputés, un seul revers contre l’une des médaillées de bronze de la veille, la Coréenne Minjeong Kim, et surtout le point décisif en place de trois contre la Russie, obtenu avec autorité grâce à ses harai-goshi fulgurants. Avant d’écraser quelques larmes de sa manche de judogi pendant que ses cinq compères de ce combat décisif et tout le groupe France en tribunes se congratulaient. « Prendre ma première médaille en seniors pour ma première sélection en championnats du monde, c’était forcément très fort », avouait après coup celle qui n’a débuté le judo qu’en 2012. Tirer juste avant un gars comme Cyrille (Maret) qui est médaillé olympique m’a vraiment portée vers le haut, ce n’était que du positif pour moi. » À ses côtés en zone mixte, le Bourguignon, un des deux trentenaires de cette équipe avec Axel Clerget, ne pouvait justement que saluer la performance de sa jeune coéquipière. « On ne s’est met pas rendu compte de son jeune âge car on était tous là pour aller à la guerre. Et comme les autres, Romane s’est arrachée et a donné le meilleur d’elle-même sur chacun de ses combats pour mériter cette médaille de bronze. » « S’ils n’ont évidemment pas le vécu, Cyrille et Romane ont partagé cette expérience ensemble et je pense que c’est riche pour les deux, poursuivait Larbi Benboudaoud. Nous espérons désormais que les jeunes qui arrivent derrière vont avoir envie d’accrocher le wagon et travaillent en conséquence pour y parvenir. »
© Antoine Frandeboeuf – L’Esprit du Judo / Le sourire sur tous les visages tricolores après la victoire décisive de Romane Dicko dans le cinquième duel contre la Russie.
Partage d’émotions. Si les Françaises sont des habituées des podiums par équipes, avec six récompenses sur sept possibles au cours de la précédente olympiade -l’or planétaire à Chelyabinsk en 2014, les titres continentaux en 2014 et 2015, auxquels s’ajoutent l’argent européen et le bronze mondial en 2013, ainsi que la troisième place des Europe 2016-, leurs compères masculins sont moins prolifiques en la matière, avec pour dernier fait d’armes le titre aux Jeux européens en 2015 à Bakou, alors qu’il fallait remonter à 2011 et aux mondiaux de Paris pour les retrouver médaillés (d’or) sur la scène planétaire. « D’habitude, c’était plutôt des épreuves où l’on se retrouvait chacun de son côté, ne vivant pas la même chose du fait de parcours différents, soulignait Pierre Duprat, aligné en -73kg avec Benjamin Axus. Cette fois, c’est agréable de pouvoir partager cette victoire en place de trois avec tout le monde à la fois. Ça a le mérite de souder davantage le groupe et de récompenser le travail de tous en même temps. » Bienvenu après six jours d’individuels plus que délicats pour l’équipe de France, certes deuxième nation derrière un Japon intouchable (douze médailles pour sept titres) grâce aux victoires de Clarisse Agbegnenou et Teddy Riner, mais dont les multiples éliminations précoces, en particulier chez les garçons, ne contentaient évidemment pas le staff. « Si l’ensemble des résultats reste bien insuffisant, cette médaille par équipes nous met un peu de baume au cœur, concluait Franck Chambily. C’est de la fierté pour la nation, et ça laisse envisager de belles perspectives d’avenir. » Il en va de même pour les finalistes japonais et brésiliens, mais aussi pour les Canadiens qui terminent au pied du podium, eux aussi soutenus par Mizuno dans leur volonté de jouer pleinement le jeu de l’esprit d’équipe par cette mixité nouvelle.
© Antoine Frandeboeuf – L’Esprit du Judo / Sur le podium de ces premiers championnats du monde par équipes mixtes, on retrouve le Japon en or, le Brésil en argent, la Corée du Sud et la France en bronze.
Retrouvez le premier épisode de L’Esprit Équipe de France avec Mizuno, en marge de la préparation de ces championnats du monde de Budapest, en cliquant sur l’image ci-dessous.