Tcheumeo en bronze, comme Posvite, qui bat Emane aux pénalités
La France était attendue ce dimanche, avec bien sûr la toujours excitante entrée en lice du grand Teddy Riner en +100 kg, mais aussi la présence de Tcheumeo en -78 kg et du champion du monde 2013 Loic Pietri en -81 kg, le retour de Maret en -100 kg depuis sa troisième place au Grand Prix allemand en février, la présence de Gévrise Emane en -70 kg, dans une intéressante confrontation indirecte avec Fanny-Estelle Posvite, 3e du Grand Prix de Croatie.
Le bilan ? Beaucoup de frustrations, quelques motifs de satisfaction, et un triomphe romain pour notre grand leader mondial.
Pietri, Maret battus d’entrée
Chez les garçons la frustration est pour Loic Pietri, sorti d’un yuko sur un beau ko-soto-gake du dangereux « Emirati » Sergiu Toma dès le premier tour et qui doit renoncer au podium, ce qu’il n’avait plus fait depuis… le Master 2013 (battu au 1e tour par le Russe Nifontov, futur vainqueur). Même ressenti pour Cyrille Maret, qui subit d’entrée la foudre du Belge costaud Toma Nikiforov, médaillé européen et mondial juniors en 2011, 2012 et 2013, dont on sent la montée rapide en ébullition en seniors. Battu lors de leur trois derniers rencontres, non sans poser des problèmes au Français n°5 mondial, il parvient cette fois à l’entraîner dans de grandes attaques de hanche directes et en contre de son lourd o-soto-gari. Dans la même veine que l’Allemand Frey ou le Cubain Armenteros, déjà médaillés mondiaux 2014, avec le Japonais Haga et quelques autres, dont le premier de cordée, le champion du monde tchèque Krpalek, 24 ans seulement, ce jeune Belge pourrait bien contribuer à encore bouger les lignes d’une catégorie tenue judqu’à l’année dernière par les désormais trentenaires Khaybulaev (RUS), Naidan (MGL), Grol (NED) et autres Peters (GER). À 27 ans, Cyrille Maret est entre ces deux générations.
Iddir, un relâchement qui lui coûte le podium
Il y a du bon dans le parcours d’Alexandre Iddir en -90 kg, avec une victoire au premier tour sur le Géorgien Liparteliani, malheureusement par hansokumake, et un beau sode réussi sur le Russe Voprosov en repêchage, qui lui donnait le droit de combattre pour le bronze. Plus frustrantes, ses deux défaites du jour par o-uchi-gari ken-ken et morote-seoi-nage face au Japonais Yoshida, 22e mondial et futur finaliste, et face au Cubain champion olympique Asley Gonzales, qu’il semblait pourtant bien tenir en lui faisant subir deux pénalités avec sa lourde garde de gaucher. Mais un léger relâchement du Français, plus haut et plus ouvert, permettait au pistolero cubain de dégainer son spécial à la vitesse de l’éclair. Ce bronze aurait été un beau trophée pour le médaillé européen 2014.
Emane, pénalisée pour avoir sorti les pans de sa veste de sa ceinture !
Au chapitre frustration, le duel raté de Gévrise Emane face à la grande Kim Polling. Un rendez-vous manqué… en grande partie par l’arbitre, qui décidait de pénaliser l’ancienne championne du monde pour avoir sorti les pans de sa veste de sa ceinture – un geste naturel fait au sol au moment de se redresser – et quelques secondes plus tard pour une saisie à l’intérieur de la manche. Jusque là la championne française avait plutôt secoué la grande Néerlandaise, qui se contentait de faire le dos rond et de la pousser hors du tapis, avec succès car elle obtenait deux pénalisations de son adversaire par ce moyen. Hansokumake en trois minutes pour un combat entre les deux plus grandes championnes européennes des -70 kg, c’est bien dommage. Solide et percutante, Emane a néanmoins sorti la dangereuse Croate Barbara Matic en trente secondes, puis en repêchage l’Israélienne Bolder, une adversaire de référence.
Un juji d’anthologie sur la n°2 mondiale
De son côté, le parcours de Fanny-Estelle Posvite était à ranger clairement dans le rayon « satisfaction ». Elle commençait par une victoire choc sur l’Allemande Vargas-Koch, n°2 mondiale, dès la première séquence du combat. La médaillé mondiale 2013 (3e) et 2014 (2e), lançait une première attaque un peu molle et se faisait happer par une poigne de fer dans un juji-gatame maintenu d’abord debout avec beaucoup de brio par la Française. Un ippon magistral. Posvite enchaînait sur une victoire importante aux pénalités contre la Japonaise Chizuru Arai, victorieuse du Grand Prix d’Allemagne, 9e mondiale et futur 3e de ce Master. Mais en demi-finale, c’était sa majesté Yuri Alvear, triple championne du monde, qui l’attendait au tournant. Une tentative de poussée de la solide championne de France 2013, que la Colombienne exploitait pour entrer brillamment dans la distance et la plaquer au sol… un moment « judo » étonnant qui mettait en valeur le talent si particulier de la championne colombienne, une démonstration éclairante de l’efficacité de son judo.
Posvite se positionne
En place de trois, c’est Gévrise Emane qui était l’adversaire à battre. Pénalisée sévèrement pour une saisie aux doigts trop vigoureuse, Fanny-Estelle Posvite finissait par obtenir une pénalité d’avance en jouant avec autorité des bordures, une dimension sur laquelle Gévrise Emane se montrait une nouvelle fois un peu flottante, et emportait ce défi. Une belle journée pour la jeune Française dont la non sélection au championnat d’Europe semble avoir précipité un passage de cap. Marie-Eve Gahié, sélectionné pour les Europe à Bakou avec Gévrise Emane, a les cartes en main pour la suite, mais Fanny Estelle Posvite, 3e du Grand Prix de Croatie et 3e du Master, désormais à la lisière du top 10 mondial, s’est clairement positionnée.
Steenhuis se fait respecter
Frustration encore en -78 kg, où Madeleine Malonga a progressivement douté d’elle face à la très solide gauchère néerlandaise Guusje Steenhuis, 9e mondiale (mais Madeleine Malonga est déjà 12e à la ranking internationale), laquelle n’a pas cédé aux coups de boutoir de la grande Française et l’a déstabilisée à coups de hanche avant de finir par une immobilisation dans les dernières secondes, alors qu’elle menait déjà d’une pénalité. Une occasion manquée pour Malonga, mais le vrai rendez-vous est pour Bakou.
Tcheumeo disqualifiée
Audrey Tcheumeo semblait dans de bonnes dispositions, toujours aussi puissante, spectaculaire sur un premier juji-gatame obtenu là encore quasiment debout (Si le thème a été travaillé par l’équipe de France, c’est réussi) sur la Canadienne Catherine Roberge… avant une disqualification pour « saisie à la jambe » sur l’Anglaise Powell. Un beau ura-nage à la Tcheumeo en trente secondes sur la grande Hongroise Joo et une autre belle attaque arrière en tani-otoshi / ura-nage sur la Néerlandaise Steenhuis, en or au tout récent Grand Chelem de Bakou, lui mettait un peu de baume au cœur. Si elle rate une nouvelle occasion de gagner sa première médaille d’or en 2015 après le Grand Prix de Géorgie (où elle est battue par l’Américaine Harisson), la n°2 mondiale est bien là.
Il n’en restait qu’un à suivre, et c’était Teddy Riner…. (Voir ici).