Le rendez-vous aura été utile. Sevrées de compétition depuis les championnats d’Europe – fin avril tout de même -, six des neufs sélectionnées féminines pour les championnats du monde dans un mois étaient inscrites ce week-end à l’Open européen d’Oberwart (Autriche). Une participation qui bloquait du coup l’inscription d’autres Françaises, avec leurs clubs, contrairement aux masculins, pour un événement qui avait le niveau d’un Grand Chelem dans certaines catégories, comme les +78kg par exemple.
En effet, avec l’absence de toute compétition FIJ entre le Grand Prix de Croatie (mi -juillet) et les championnats du monde, les Open européen de ce mois de septembre se transforment en Grand Prix/Grand Chelem (encore une fois dans certaines catégories) qui ne disent pas leur nom puisqu’ils sont les seules occasions de se tester une dernière fois avant le grand rendez-vous ouzbek pour tout un tas de judoka.

Ce week-end donc, Shirine Boukli (-48kg, FLAM 91), Madeleine Malonga (-78kg, ESBM Judo) et Julia Tolofua (ESBM Judo) sortent victorieuses. Marie-Eve Gahié (PSG Judo, -70kg) est en argent alors que Romane Dicko (PSG Judo, +78kg) est en bronze. Seule Manon Deketer (ESBM, -63kg) ne se fraie pas un chemin vers le podium. La faute à un premier tour très piégeux. Face à elle, la Britannique Nekoda Smythe-Davis. Médaillée mondiale en 2017 (bronze) et 2018 (argent) en -57kg, l’Anglaise revenait à cette occasion sur le circuit mondiale après une pause maternité dans la catégorie supérieure. Si la championne de France menait rapidement, Smythe-Davis revenait dans la partie sur la fin du combat avant de conclure lors du golden score.

Aucune frayeur pour Boukli qui dispose de l’Autrichienne Jacqueline Springer (121e mondiale), de la Kazakhstanaise Galiya Tinbayeva (116e mondiale),  de la Slovène Marusa Stangar (45e mondiale et en bronze aux Jeux européens) puis de la Cubaine Vanesa Godides Aleman (186e mondiale) en finale. La championne d’Europe en titre aura joué de ses grands mouvements de hanche (o-tsuri-goshi) pour mettre au pas ses adversaires.
Marie-Eve Gahié ne s’incline elle qu’en finale face à Michaela Polleres. Une Autrichienne, vice championne olympique, qui bat la Française sur un sumi-otoshi après une esquive bien sentie. Rien de dramatique toutefois pour la Parisienne championne d’Europe, qui fit de cette compétition l’occasion de tester visiblement de nouveaux axes de travail comme un uchi-mata qu’elle tenta beaucoup hier.

Même impression pour Madeleine Malonga, dont on sentit l’envie très claire de se tester en ne-waza. Avec seulement sept combattantes dans la catégorie, le vice championne du monde et olympique 2021 place deux dégagements de jambe classiques mais imparables. En finale elle bat la Slovène Metka Lobnik (130e mondiale).

Tolofua dispose de Sarah Asahina
En +78kg, l’intérêt était encore plus présent avec la présence de deux Françaises mais aussi d’une Japonaise, Sarah Asahina.
Triple championne du monde, la Nipponne, qui ne sera pas à Tashkent, allait-elle régler la concurrence tricolore ? Et bien non.
Puisque si elle battait Romane Dicko aux pénalités en demi-finale, c’est elle qui s’inclinait de la même manière en finale face à Julia Tolofua. Gênée par la puissance et les tentatives d’o-soto-gari, Asahina n’arrivait pas à mettre en danger la Française sur son fameux sasae-tsuri-komi-ashi et se voyaient pénaliser une fois de plus que Tolofua pour non-combativité.
Dicko terminait en bronze derrière, gagnant de manière très expéditive son combat contre la Slovène Urska Torkar.
Victorieuse à Tbilissi, très forte lors des championnats de France par équipes, Julia Tolofua continue sur sa lancée battant cette fois-ci, une Japonaise, potentiellement n°2, derrière l’intouchable Akira Sone. Un fait loin d’être anecdotique.
Dicko, de son côté, enregistre sa deuxième défaite de la saison, après celle subie en finale à Paris contre Wakaba Tomita (titulaire pour les championnats du monde). La médaillée olympique ne perd quasiment jamais. Mais ses trois dernières défaites l’ont été contre des Japonaises (si l’on compte la finale par équipes à Tokyo, où elle s’incline contre Akira Sone). Tashkent sera une opportunité idéale pour inverser la tendance pour la n°1 française et triple championne d’Europe.

Vergnes et Chilard en argent 
Chez les masculins, deux médailles d’argent au compteur grâce à Richard Vergnes (-60kg, JC Chilly Mazarin Morangis) et Nicolas Chilard (-81kg, Sucy Judo). Le premier ne perd que contre le Turkmène Hakberdi Jumayev (septième à Zagreb) en finale. Auparavant, le -60kg tricolore remporta quatre combats dont un contre Sherzod Davlatov, troisième aux Monde juniors 2021.
En -81kg, Nicolas Chilard, septième au Grand Chelem d’Oulan-Batar en juin, tête de série n°1 hier, dispose avec une belle autorité de ses trois premiers adversaires. Mais en finale, le Géorgien Vladimir Akhalkatsi plaçait un uchi-mata en bloquant le bras droit du Français qui grimaçait en se relevant, se tenant le coude. Rien n’était dit par les superviseurs qui validaient le ippon.
À noter, enfin, la retour victorieux de Lasha Bekauri. Le champion olympique des -90kg revenait en effet après un an d’arrêt.