Son influence sur le judo français a été essentielle
Robert Lasserre décoré de la Légion d’honneur / DR
Robert Lasserre vient de mourir. Le site du quotidien La Dépêche dresse un portrait de ce personnage multiple aux nombreux talents, à lire ici.
Robert Lasserre fut, avec son frère Georges, un pionnier essentiel et un peu « méconnu » de l’histoire officiel du judo français, parce qu’il a incarné une branche indépendante et néanmoins vitale de cette histoire.
Georges et Robert Lasserre ont fondé le Shudokan à Toulouse en 1950. Ils ne sont pas alors affiliés à la fédération française créé en 1946, mais au Budokwai de Londres. Ils fédérent de nombreux clubs et professeurs derrière eux, dans la vision d’un judo de culture. Cité par Michel Brousse dans son ouvrage Les Racines du Judo français, ce passage d’une lettre de Robert Lasserre au président de la jeune Fédération Française de l’époque, Paul Bonet-Maury, exprime le coeur de cette vision : « Le judo est une grande chose parce qu’il franchit les barrières et nous touche tous. Il est universel et c’est ce sentiment d’universalité qui doit arriver à nous pénétrer. Il n’y a pas de races différentes, de couleurs différentes, de classes différentes, il y a des hommes, des frères, des pélerins sur la route du progrès humain. Nous devons tendre la main en toute simplicité, c’est ainsi que nous deviendrons meilleur ».
Indépendants, ils éditent leur propre revue et parviennent à proposer des bourses d’études pour des étudiants japonais. Ichiro Abe, 6e dan à l’époque (il est aujourd’hui 10e dan), sera l’un d’entre eux. Envoyé par le kodokan japonais, ce jeune expert au judo mobile et technique infuencera très profondément le judo français, sur la base de ses trois ans de contrat avec le Shudokan de Toulouse, et par la suite à partir de la Belgique où il s’installera plus longtemps.
À travers l’aventure des frères Lasserre, notre discipline en France a gagné en richesse technique, en complexité et en compréhension des principes. Elle a aussi construit une part de son identité spécifique, riche d’une ambition culturelle élevée et d’une haute idée de la valeur de la méthode de Jigoro Kano. Cette vision, ce travail des frères Lasserre irriguent encore, pour le meilleur, le judo français.