Démonstration brésilienne en demi-teinte

La championne olympique Menezes, plus que jamais le fer de lance de l’équipe brésilienne, en or à Moscou / Tamasz Zahonij – photographe officiel FIJ

À un mois presque jour pour jour des championnats du monde de Rio, le Grand Chelem de Moscou occupe cette année une position difficile, un peu trop proche du rendez-vous sud-américain. La plupart des futurs héros du grand rendez-vous n’avaient pas fait le déplacement, notamment l’ensemble de l’équipe de France, ou le Japon, qui était venu avec une toute petite équipe (à l’exception notable du -66 kg Junpei Morishita, champion du monde 2010, ou du -90 kg Hirotaka Kato, vainqueur du Zen-Nihon l’année dernière), la Corée, totalement absente, la Mongolie discrète malgré la présence de Khasbaatar Tsaganbaatar… et même la Russie, chez elle, qui n’avait généralement aligné chez les garçons ni le n°1, ni même le n°2 et pas non plus la plupart des n°1 chez les filles. Malgré tout, on aurait pu attendre un peu mieux des quelques noms alignés, comme les anciens médaillés européens Murat Kodzokov (-73 kg), Batradz Kaytmazov (-73 kg), quelques combattants bien classés à la ranking list comme Sergei Samoilovich (-100 kg) et surtout le récent finaliste des championnats d’Europe Kamal Khan-Magomedov. Mais aucun de ces combattants ne parut vraiment préparé physiquement à l’exploit. Du coup, c’est un un quasi inconnu au judo plaisant, Denis Iartsev (-73 kg) qui parvenait à se hisser en finale en battant notamment par ippon l’ancien champion du monde mongol Khasbaatar, où il était battu d’un seoi-nage par le Belge Van Tichelt. Et c’est Grégorii Sulemin, l’un des Russes les plus en vue de ces dernières semaines (il était déjà finaliste du Grand Prix des USA derrière le Cubain Gonzales) qui apportait l’unique médaille d’or russe à Moscou. Même si Ezio Gamba l’entraîneur russe assume, cette deuxième place des nations chez les masculins derrière les trois finales masculines d’une grosse équipe allemande – dans laquelle on retrouvait le poids lourd Andreas Toelzer – pour deux titres, ne lui fait sans doute pas plaisir. L’équipe russe ne domine encore pas ce genre de débat avec ses n°3… c’est plutôt une bonne nouvelle pour le reste du monde.

Le Brésil, si loin, si proche

Même si c’est l’habitude de l’équipe auriverde de se rendre au Grand Chelem moscovite, on se demande un peu ce qu’ellle faisait là cette fois-ci. Leur grand rendez-vous est dans un mois, chez eux, et ils ont trouvé utile de faire le déplacement vers l’Europe de l’Est pour faire cette compétition fin juillet. Utile ? Peut-être. Mais si la grosse équipe brésilienne a finalement emporté le classement avec l’or de Menezes (-48 kg), d’Altheman (+78 kg), une lourde de plus en plus convaincante après sa victoire au Grand Chelem de Bakou et au Grand Prix d’Allemagne et, chez les garçons de l’excellent Charles Chibana, 23 ans, en -66 kg, le reste de l’équipe, et notamment les plus attendus comme les médaillés olympiques et mondiaux Kitadai (-60 kg), Correa (-100 kg), Silva (+100 kg), Silva (-57 kg), Quadros (-57 kg) ou l’irrésistible Victor Penalber (-81 kg) se sont montrés loin de leur pic de forme et se sont fait tondre l’or sur le dos. Même Mayra Aguiar (-78 kg), favorite pour l’or de Rio, est finalement dominée en finale par la Hongroise Joo d’un mouvement d’épaule. La fille qui monte dans cette catégorie. Moscou, sans doute une étape à franchir pour l’équipe brésilienne, mais il faudra payer le prix de ce déplacement.

La Finlande en force ?                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                        L’Allemand Sven Maresch, très convaincant en -81 kg, l’Iranien Mahjoub, vainqueur en -100 kg alors qu’il est déjà champion d’Asie, mais aussi le Géogien Papinashvili (-60 kg), champion d’Europe en titre, ce mettent en valeur chez les garçons. Chez les filles Yarden Gerbi (-63 kg), continue sa moisson de « n°1 mondiale à la ranking list », mais c’est l’intéressante Finlandaise Janaa Sundberg et son grand uchi-mata à gauche bien plaquée, qui se fait surtout remarquer. Déjà victorieuse au Grand chelem de Bakou, la Finlandaise, 30 ans, s’affiche désormais en outsider très crédible pour Rio.

Un mouvement digne des meilleurs. C’est confirmé, le uchi-mata à gauche de la Finlandaise Jaana Sundberg fait très mal ! / Tamasz Zahonij – photographe officiel FIJ