Entrées en lice d’Amandine Buchard et de Daniel Jean
FEMININES -52kg – Tête de série n°1 = une autoroute jusqu’à la finale ? C’est le gant que devra relever Amandine Buchard si elle veut goûter aux joies d’un premier podium planétaire dans la catégorie que son corps a choisi pour traverser l’olympiade, quatre ans après son bronze en -48kg à Chelyabinsk. Un chemin passionnant à emprunter pour la Campinoise de 23 ans, devenue n°1 mondiale à la faveur d’une régularité de métronome depuis sa montée de catégorie à l’automne 2016 – un titre de championne de France, onze médailles dont neuf finales pour cinq titres en quatorze sorties individuelles internationales. Le bémol ? Les trois seules fois où la championne du monde junior 2014 est rentrée le cou nu, c’était précisément lors des trois rendez-vous les plus importants de ces 24 derniers mois : premier tour aux championnats d’Europe de Varsovie (battue par la Britannique Edwards) puis de Tel-Aviv (par la Roumaine Chitu), 7e place aux mondiaux de Budapest, stoppée par la Kosovare Kelmendi – pour ce qui reste à ce jour la dernière victoire d’une série de 36 d’affilée remportées par la championne olympique de Rio, encore en reprise après une opération du genou et non inscrite à Bakou – puis par la Russe Kuziutina. Comment reproduire à l’identique l’allant montré en tournoi à l’heure des rendez-vous qui comptent ? C’est toute l’équation qu’aura à résoudre la Française au terme des cinq combats qui la conduiraient vers un premier titre mondial.
Exempte du premier tour, elle devrait trouver sur sa route la combattante de Hong-Kong Tsui ou la Chinoise Wu, 7e aux JO de Londres et vainqueur du Tournoi de Paris 2007 en -48kg, disparue des radars de 2014 à 2017 et qui effectue à 31 ans sa toute première saison en -52kg. Si elle franchit l’obstacle, Amandine pourrait croiser sur sa route l’expérimentée Portugaise Ramos, 36 ans, qu’elle avait dominée en 2017 à Budapest, puis la combattante victorieuse d’un bloc compact où figurent l’Américaine Delgado, 3e en juillet au Grand Prix de Budapest, la Russe Kazarina (née Ryzhova), médaillée aux Europe 2016 et vainqueur en juillet de la Coupe d’Europe de Sarrebruck, la Coréenne Park, finaliste le mois dernier aux championnats d’Asie, l’Israélienne Primo, 3e des derniers championnats d’Europe ou, last but not least, l’Italienne Giuffrida, vice championne olympique à Rio !
Du côté des autres favorites, Uta Abe semble avoir un tableau à sa main jusqu’en demies, où la route de la Japonaise pourrait croiser celle de la Française. Agée de 18 ans, la sœur du champion du monde des -66kg n’a perdu qu’un combat depuis le début de sa carrière senior : en décembre 2016 en finale du Grand Chelem de Tokyo. Elle avait alors 16 ans.
Dans le troisième quart du tableau, la quadruple championne d’Europe, triple médaillée mondiale et médaillée olympique Natalia Kuziutina pourrait croiser la route de la tenante du titre, la Japonaise Shishime, dès les quarts de finale. À moins que les expérimentées Andreea Chitu ou Evelyne Tschopp ne viennent jouer les trouble-fêtes… Enfin, dans le dernier quart, seule la Nord-Coréenne Rim ou la Slovène Nareks semblent en mesure d’empêcher un quart de finale entre la Brésilienne Miranda et la Belge Van Snick.
MASCULINS -66kg. Avec 75 engagés et jusqu’à six combats pour espérer aller au bout de cette journée, la catégorie des -66kg va demander aux meilleurs de ses participants l’endurance du boeuf de labour. Une atmosphère d’austère politique agricole commune… ou de moment Nutella pour ceux des spectateurs qui se frottent d’avance les mains à la perspective de revoir Hifumi Abe dans ses œuvres. Le Japonais, aujourd’hui âgé de 21 ans, avait marqué les esprits il y a un an à Budapest en projetant avec une telle ampleur certains des plus vieux briscards de la catégorie que ceux-ci ressemblaient par instants à des cadets pratiquant avec un senior confirmé. Battu pour la première fois en 35 combats le 27 juillet dernier à Zagreb par le Mongol Dovdon (absent à Bakou), le tenant du titre a probablement resserré quelques boulons et entend à nouveau rendre une copie immaculée. Sur sa route, l’Italien Medves, vice champion d’Europe cette année, le Moldave Vieru, 3e du Grand Prix de Budapest cet été, ou l’Ukrainien Zantaraia, quintuple médaillé mondial humilié par le Nippon il y a un an. Dans le quart du dessous, le Géorgien Margvelashvili, l’Allemand Seidl, le Russe Puliaev et le Coréen An se disputeront selon toute vraisemblance le privilège de l’affronter en demi-finale.
Côté tricolore, Daniel Jean sera vite fixé quant à ses capacités à aller loin, puisqu’il aura d’entrée sur son chemin Baruch Shmailov, n°4 mondial en quête de rachat après son échec prématuré lors de « ses » championnats d’Europe de Tel-Aviv. Troisième cette saison aux Masters de Saint-Petersbourg, au Grand Chelem de Düsseldorf et au Grand Prix de Zagreb, le n°2 israélien est le gros morceau de ce quart de tableau. S’il parvient à s’en défaire, le Français de 21 ans, 3e cette saison aux Grand Prix d’Agadir et de Tbilissi, a une belle carte à jouer pour espérer a priori se frotter, dans le bloc final, au n°1 mondial, l’Israélien Flicker, au champion d’Europe en titre, le Slovène Gomboc, au toujours dangereux héros local Shikhalizada ou au Kirghize Rysmambetov, de retour cette semaine en -66kg après une année et huit apparitions en -73kg.