Ils remportent leur quatrième tournoi national de la saison ce samedi
C’est une date qui compte dans le calendrier national cadet. Généralement placé le troisième week-end de janvier, le Tournoi de France, organisé depuis quelques années dans le très spacieux Palais des Victoires à Cannes, revêt un double intérêt : se situer, à trois mois des championnats de France (15 et 16 avril), face à la concurrence nationale. Tout le monde est là (sauf blessure) ! Autant dire qu’une victoire ici pose des jalons et vous met dans la peau -parfois à votre corps défendant- d’un favori pour le titre national. Autre intérêt, servir de compétition de référence pour dégager une première sélection internationale en vue de la Coupe d’Europe de Croatie (11 et 12 mars). Une sélection que Cathy Fleury, nouvelle responsable nationale des cadets, annonçait pour lundi ou mardi.
Ce samedi, ils étaient 554 combattants, répartis en dix-sept catégories, combattant sur huit tapis où il avait été décidé d’appliquer les nouvelles règles d’arbitrage, en essai depuis la semaine dernière à l’international (et ce jusqu’aux championnats du monde) et qui s’appliqueront sur tout le territoire hexagonal à partir du 13 février.
Alors que retenir de ce cinquième « TDF » ? Qui pour succéder à Romaric Bouda et Gwenaëlle Patin (2014), Blandine Pont (2015), Eniel Caroly et Shirine Boukly (2016) pour la palme ?
Mesdames et messieurs, chers lecteurs, sans plus attendre, le palmarès complet de ce Tournoi de France 2017.
Meilleur combattant étranger : Alessandro Magnani (Italie)
Seule délégation étrangère ce samedi, les voisins Transalpins repartent avec deux médailles. Le bronze pour Caterina Mazzotti en -63kg et l’or pour « Ale » Magnani.
Nettoyant son tableau avec son judo basé sur un excellent yoko-tomoe-nage et une aisance au corps-à-corps, il retrouvait Tizie Gnamien (JC Monaco) en finale, vainquer à Cormelles, Nîmes et Troyes, 2e à Clermont-Ferrand derrière un cadet 3e année, très dynamique et adepte des ko-soto-gake emboités et autres ura-nage.
Une finale qui aurait pu se finir en quelques secondes puisque dès le « Hajime » les deux combattants s’empoignent et cherchent la « boîte ». Waza-ari pour Gnamien qui tient le score jusqu’à seize secondes de la fin et un ko-soto-gake de Magnani qui reste collé et face à son adversaire pour le plaquer au sol malgré la tentative d’ura-nage du Monégasque. Six combats, six ippon. Propre. Bravissimo Alessandro.
Prix spécial du jury
Léa Métrot (US Verneuil), vice-championne de France 2016, vainqueur à Cormelles (en -44kg), à Harnes, 2ème à Clermont et vainqueur ici en -40kg. Elle bat en finale Mélissa Luce (Carros Judo) sur ippon.
En -44kg, Liza Gateau (JCB Arras), 3e aux championnats de France 2016, vainqueur Clermont, 3e à Harnes, remporte une nouvelle victoire (et le beau sac Mizuno, nouvel équipementier de la fédération, qui allait avec) en battant Juliette Contini (Val de l’Ognon) sur une immobilisation. Un waza-ari chacune (le premier sur un tani-otoshi de Contini, le second pour Gateau qui fait o-uchi-gari et reste à l’intérieur pour éviter de se faire arracher). Sur l’action Liza Gateau suit au sol et clôt le combat.
Lisa Atamaniuk (JC Seichanais), 3e aux France 2016 et 1re à Aix-en-Provence chez les juniors il y a un mois, finit sur la première marche en -48kg grâce un okuri-eri-jime en finale. Finaliste l’année dernière. Une habituée des marches (du podium) de Cannes.
En -57kg, Mélodie Turpin (AJ 61), 5e à Cormelles, réalise une belle journée qui s’achève par une victoire par ippon : cette gauchère lance uchi-mata pour revenir sur l’arrière et un o-uchi-gari qui plaque Fantine Rauzier (Association Judo Loire).
En -63kg, Kerry Ayissou (Judo Club Demours), 3e à Cormelles et 5e à Harnes, s’impose en finale face à Wendy Lavenette (AJA Paris XX).
Enfin en +70kg, Laura Fuseau (JC Pechbonnieu), 3e l’année dernière, 3e à Limoges, prend sa revanche de Clermont-Ferrand et ne laisse aucune chance à Krystal Garcia (Dojo Béglais). Cinq waza-ari avant de boucler la finale sur une immobilisation.
Chez les garçons, Romain Valadier-Picard (ACBB Boulogne Judo), vainqueur de la Coupe de France minime individuelle fin octobre et donc cadet depuis seulement trois semaines, s’impose dès son premier tournoi de France en -46kg ! Une sacrée performance. Et avec la manière puisqu’il place un sankaku-jime de face qui se finit par une clé de bras !
Dans la famille Waizenegger, je voudrais…Freddy. Ce samedi, le judoka du Dojo Gessien des -55kg s’octroie sa première victoire de la saison en tournoi national (7e à Clermont-Ferrand, 5e à Harnes) après un joli travail en ne-waza conclut par une clé de bras. Souvent placé, Freddy Waizenegger réalise un joli coup lors de ce Tournoi de France et fait le plein de confiance en attendant Ceyrat.
Après sa victoire très convaincante à Clermont-Ferrand, on attendait de voir si Enzo Gibelli (Judo 83) remettrait le couvert à Cannes. Il finit troisième, battu en demi par Axel Mancini (OM Judo), lui-même battu sur un sankaku-jime très opportuniste de Stefan Mimault (JC Miosson) en finale. Si on ajoute Simon Colin (JC Pontevallois) et Mathieu Roblin (OM Judo) on a là sans doute les noms qui pourraient se retrouver pour le titre dans trois mois. Les -66kg ? Une catégorie indécise.
En -81kg, c’est sous les yeux et les encouragements de sa grande sœur vice-championne olympique que Joris Agbegnenou (Étoile Sport Blanc Mesnil) s’impose sur un ura-nage d’une belle amplitude.
Mené au début du combat par Serge Villeneuve Daville (JC Noyon), vainqueur à Clermont-Ferrand, bien resté à l’intérieur sur une première tentative d’arraché du « petit frère », la seconde tentative sera la bonne pour Joris Agbegnenou. Ippon.
Chez les lourds, Yanis Alouane (Blanc Mesnil Sport Judo) et Marvin Gadeau (JC Monaco) offrrirent une finale à l’issue incertaine. Le Monégasque marque le premier sur un joli tai-otoshi et est tout près de conclure joliment le combat sur un retournement « Reiter ». Mais le grip ne tient pas suffisamment sur le début d’immobilisation et Yanis Alouane se dégage. Profitant de temps faible de Marvin Gadeau, le combattant de la Seine-Saint-Denis place un harai-goshi à mi-combat puis un o-goshi qui lui donnera un avantage victorieux.
Enfin, une mention spéciale au Pôle Espoir de Nice qui à domicile remporte sept médailles avec six clubs différents. Une nouvelle preuve de la qualité de la formation dans cette terre de judo, qui s’était déjà traduite cette saison par un résultat impressionnant lors de la Coupe de France minimes (trois titres le premier jour).
Grand Prix du jury
Un prix qui récompense les belles actions de ce TDF, les coups de cœur techniques ou la constance de judokas qui confirment avec leur victoire ce samedi qu’ils sont jusqu’à nouvel ordre les patrons de leur caté.
Le jury a donc décidé de récompenser : le très joli uchi-mata de Victor Brosset Heckel (GUC Judo), de Lisa Atamaniuk en huitième de finale, d’Enzo Gibelli en demi et celui d’Evan Tourrette (Judo Kwai Mouans-Sartoux) au premier tour, le uchi-mata sukashi plein de sensations d’Éloïse Picard (JC Turretot) en quart de finale, le yoko-guruma en « sen no sen » de Lucie Luther (Sporting Marnaval) qui feint de se laisser embarquer sur un mouvement d’épaule à gauche pour reprendre ses appuis et envoyant son mouvement parfaitement dans le temps, le superbe de-ashi-barai d’Orlando Cazorla en demi-finale, perturbant avec intelligence son adversaire sur une action avant-arrière, le o-soto en reprise de garde qui claque fort de Vincent Dohollou (La Couronne Grand-Angoulême Judo) et met son adversaire sur la barre d’épaules et le ura-nage d’Alessandro Magnani en demi-finale et ses deux superbes yoko-tomoe nage au tour précédent.
Côté combattant, le jury voudrait saluer la performance de trois athlètes : Faiza Mokdar, Maxime Sonilhac et Orlando Cazorla.
En -52kg, Faiza Mokdar (JC Chilly Mazarin Morangis) se pose un peu plus comme la favorite de la catégorie. Cette saison c’est un triplé pour elle : Cormelles-le-Royal-/Clermont-Ferrand/Cannes ! Troisième aux championnats de France 2016, elle règle en finale Lou-Ann Masson (La Couronne Grand-Angoulême Judo), 3e à Clermont-Ferrand. Une fille en mode « Kaori Matsumoto » avec un ne-waza qui use et trouve très souvent l’ouverture. Faiza Mokdar a d’ailleurs elle-aussi failli se faire piquer en finale mais s’impose de belle manière : uchi-mata, ippon-seoi-nage pour finir par un juji-gatame.
En -50kg, Maxime Sonilhac (École Judo Réolaise), 1er à Clermont-Ferrand et Limoges et 3è à Nîmes remporte donc son troisième tournoi de l’année sur un joli travail en ne-waza conclu par un imparable juji-gatame. Trois victoires, une troisième place depuis septembre. Très solide.
Orlando Cazorla (OM Judo) n’a perdu qu’un combat depuis septembre en -60kg. C’était au Luc (Var) lors du Tournoi des Châtaignes. En finale. Depuis ce gaucher aligne victoire sur victoire : Limoges, Clermont-Ferrand et donc Cannes. Variant sa position de main, jouant intelligemment d’une confusion avant-arrière contre les droitiers, Orlando Cazorla sait aussi profiter d’opportunités au sol quand elles se présentent. En finale, mené par Kenny Briard (Nice Judo, double vice-champion de France, -50kg et -55kg) sur un morote en redoublement d’attaque, le Marseillais ne s’affolepas et profite d’une tentative de sutemi de Kenny Briard pour faire un passement de garde et clouer le protégé de Michel Carrière en hon-gesa-gatame. Rendez-vous à Ceyrat pour la revanche ?
Le prix de l’expérimentation
On était curieux de voir in vivo l’application du nouveau règlement d’arbitrage ce samedi à Cannes. Une décision prise car cette compétition donnait accès à l’international. Verdict ? Deux conclusions, forcément provisoires, faisaient consensus au sein du corps arbitral à l’issue de la journée.
-La très forte augmentation du nombre de golden score.
Conséquence directe du nouveau règlement qui veut que seule une valeur ou un hansokumake puissent mettre fin au combat avant ou au bout des quatre minutes de combat.
Des golden score parfois très longs et qui, au final, rallongent les combats et donc le temps de compétition. Autre explication avancée par le corps arbitral : l’hésitation à donner « ippon » sur certaines actions. Un questionnement au cœur du débat sur l’arbitrage depuis quelques années et loin d’être anodin puisque de la réponse à cette question, qui visiblement n’est pas très claire pour les arbitres, donnera une idée de la valeur désormais accordée au ippon, marque ultime et définitive, transcription de la mort symbolique d’un des deux combattants.
-Des combats plus fluides
Une impression qui s’explique d’une part par la fusion du yuko et du waza-ari qui eût pour conséquence directe un recours bien moindre à la vidéo (pour juger de la valeur à donner), ce qui cassait trop souvent le rythme du combat.
D’autre part, l’impression d’une gestion cohérente et pertinente des shido ce samedi. Peu de combats se sont soldés par un hansokumake pour trois pénalités. Si ça et là, quelques uns ont été donnés de manière bêtement « mécanique », on était, semble-t-il, dans une gestion très raisonnée des pénalités.
Alors ? Alors il est évidemment trop tôt pour se faire une opinion définitive. D’autant plus que les cadets présentent des spécificités liés à cette catégorie d’âge :
Le temps de combat de cette catégorie d’âge était déjà de quatre minutes. Ce changement, qui pourrait avoir de vrais conséquences chez les seniors, ne les touche donc pas.
Tout comme il faudra attendre les compétitions juniors et seniors pour analyser l’impact des changements concernant les saisies désormais autorisées (ourlet, pistolet, garde unilatérale, etc.).
Aspect fondamental du bagage d’un compétiteur de haut niveau, le travail au kumikata et ses subtilités n’est pas encore présents, alors de manière marginale, chez les cadets.
Palme d’or : Morgane Féréol et Evan Courties
En -70kg, elle est tout simplement imbattable depuis septembre.
Vice-championne de France en titre, Morgane Féréol (AJ 61) vient de remporter son quatrième tournoi de l’année ! Cormelles, Clermont, Harnes et maintenant Cannes. Par ippon et rien d’autre. La vraie et incontestable patronne de la catégorie (pour l’instant).
Même impressionnante dynamique de victoires pour Evan Courties (PS PO Judo). Comme à Clermont-Ferrand, il a écoeuré la concurrence, claquant un ippon à chacun de ses combats. En finale, il éteint les espoirs de Assim Bensaoula, pourtant poussé par de nombreux supporters. Logique, le garçon est licencié à…Cannes Judo. Pas de quoi vraiment déstabiliser Evan Courties qui pose sa main gauche, déplace du même côté, place sa main droite au col et lance un uchi-mata qui claque. Séquence simple, résultat maximum. Après Limoges, Clermont-Ferrand et Nîmes, le judoka du sud-ouest monte une nouvelle fois sur la première marche du podium. Une domination sans partage et une étiquette de favori évident à Ceyrat dans trois mois.