Belle journée des féminines françaises
2ème journée et 1ère médaille pour l’équipe de France dans ces championnats du monde bosnien. Une journée durant laquelle le Japon a laissé son empreinte.
Les catégories féminines du jour (-48kg et -52kg) pouvaient nous faire espérer de belles choses.
En effet, les combattantes tricolores du jour restaient sur d’excellents résultats aux championnats d’Europe à Sofia : Anaïs Mosdier (-48kg, ADST Judo) avait conquis le bronze, tandis que Blandine Pont (-48kg, OM Judo) et Lydia Boudouaia (-52kg, Judo 42) finissaient à de frustrantes mais prometteuses 5èmes places.
Par un curieux hasard, ces trois jeunes filles finissent exactement au même classement à l’issue de ce jeudi de compétition.
Ainsi, Anaïs Mosdier, après un 1er tour très expéditif et deux waza-ari sur ko-uchi-makkikomi lors de son second combat, retrouvait Blandine Pont en ¼ de finale, elle aussi très bien rentrée dans sa compétition avec un gros o-soto-gari. Les deux jeunes pousses s’affrontaient donc pour une place en demi-finale, frustrant par là-même le camp et les supporters français que deux judokates du même pays se rencontrent si tôt. Toutes les limites de la ranking list
Et comme lors du combat pour le bronze à Sofia, comme en finale du tournoi de Biesko Biala, c’est Mosdier qui sortit vainqueur de cet affrontement, le énième de l’année entre ces deux jeunes judokates talentueuses, qui vit donc la jeune varoise s’imposer une nouvelle fois à sa meilleure rivale dans un combat international. Bloquant parfaitement le bras droit de la marseillaise, Mosdier marquait un waza-ari décisif sur un très joli morote-seoi-nage.
En demi-finale, Mosdier s’incline contre la hollandaise Visser sur un gros o-goshi à gauche lors d’un combat où elle n’a jamais trouvé la solution.
De son côté Pont allait chercher le combat pour le bronze avec les tripes.
Les deux tricolores de la caté étaient donc en lice pour le podium mais connurent des fortunes diverses puisque la judokate du Pôle Espoir de Nice (qui fait l’objet d’un article dans l’EDJ 57) s’offrait une très belle 3ème place grâce, encore une fois, à son ko-uchi-makkikomi diabolique. Mosdier finit donc sa saison en beauté avec une médaille on ne peut plus méritée.
De son côté, la triple championne de France cadette devait s’incliner d’un petit yuko contre la combattante turque non sans avoir failli revenir au score sur une dernière action litigieuse.
Deux judokates qui ont donc encore une fois répondues présentes après une saison dense, riche en médailles, offrant un judo séduisant, ouvert et technique et qui se retrouveront en septembre au Pôle France de Marseille.
Alors, si la déception est sans doute de mise pour Blandine Pont avec ce bronze qui lui échappe, la France, avec ces deux combattantes et Coraline Marcus-Tabellion (-48kg, ADJ 21), vainqueur brillante des FOJE à Tbilissi, possèdent trois judokates à fort potentiel pour les années juniors. De quoi voir l’avenir avec confiance et impatience.
De son côté Lydia Boudouaia, finit elle aussi au pied du podium lors d’une journée pleine mais sans aucun doute frustrante puisque ses deux défaites du jour l’auront été par un minuscule shido : en ¼ contre la Turque et en place de 3ème, contre la Russe, au golden score.
Si le judo est parfois un peu brouillon, Boudouaia a montré une belle attitude, portée sur l’attaque, avec notamment un tai-otoshi au raz du sol qui a fait mouche en repêchages.
Chez les garçons, c’est un peu la soupe à la grimace même si les jeunes judokas du jour, Reda Seddouki (-60kg, FLAM91) et Alexandre Houssein (-66kg, Judo Club de Noyon) perdent contre deux gros clients. Le champion de France 2015 des -60kg s’incline au 2ème tour contre le brésilien, futur vice-champion du monde d’un yuko pris d’entrée sur o-uchi ken-ken après avoir tout tenté, notamment en ne-waza. Houssein, de son côté, se fera surprendre lors de son 1er combat par le turc Sarikaya, futur médaillé de bronze. Déjà mené d’un yuko, le médaillé de bronze de Ceyrat lançait une attaque que son adversaire s’empressait de contrer et de suivre très intelligemment au sol sans rien lacher pour immobiliser le combattant français.
Le Japon met la machine en marche
Il était attendu. Autant à cause du nom qu’il porte que de son statut de favori, acquis notamment après sa superbe victoire au tournoi de Berlin en -60kg.
Fils cadet de la légende Toshihiko Koga, Genki Koga n’a pas failli et a offert au pays du Soleil-Levant son 1er titre lors de ces championnats du monde. Malgré un 1er tour très poussif, il a ensuite trouvé ses marques et régalé. Kumikata de fer, morote d’école, le champion national nippon a toujours su trouver une solution technique ou tactique : en demi-finale, il sort deux o-soto-gari de sa manche. En finale, il prendra soin d’être le premier à la garde et de ne pas prendre de risques inutiles sur ses mouvements d’épaule face à un brésilien n’attendant que le contre. Contrat rempli donc pour ce jeune judoka solide et talentueux (mais pouvait-il en être autrement ?).
En -66kg, le 2ème japonais du jour ira chercher une méritoire médaille de bronze. Hideyuki Hishigooka, fougeux, plein de jus et adepte de morote-seoi-nage et de sankaku-jime. Un mouvement qui lui permettra de gagner ses deux derniers face à des jeunes judokas de l’est adeptes du corps-à-corps.
Chez les filles, la -48kg nipponne doit encore se demander les raisons qui ont conduit les arbitres à lui infliger un hansokumake lors de son 1er combat. Alors qu’elle avait immobilisé la serbe, vice-championne d’Europe, pour ippon, l’arbitre du centre, après deux minutes de tergiversations, annulait le ippon pour clé de poignet.
Interloquée et médusée, la japonaise ne comprenait pas. Son adversaire était elle aussi la première surprise et n’en demandait certainement pas tant.
Une décision très étrange.
En-52kg, Kana Tomizawa a survolé la compétition avec ses ko-uchi ken ken, son ne-waza et son tai-otoshi. Très mobile, très forte sur la manche, cette kokeshi (les petites poupées japonaises) a maîtrisé son sujet. Du bel ouvrage.