Après, sa médaille de bronze à Marseille, elle affiche son envie de leadership
Annabelle Euranie, de retour au premier plan ? / Emmanuel Charlot – L’Esprit du Judo
Elle avait quitté le milieu un peu brusquement, en pleine gloire, il y a sept ans de cela. Annabelle Euranie ? Un météore particulièrement brillant. Championne d’Europe juniors 2001, championne d’Europe seniors 2003 et vice championne du monde la même année. Cette longiligne à la garde cauchemardesque et aux immenses attaques de jambe avait fait cinquième aux Jeux olympiques d’Athènes en 2004. Elle avait ensuite mis fin de façon prématurée à sa carrière, non sans avoir gagné une dernière fois les championnats de France en -57 kg, en 2006. « J’avais d’autres rêves à ce moment-là, je voulais faire autre chose de ma vie. Désormais, j’ai tout ce que je voulais avoir ». Un compagnon, Bastien Puget, qui la coachait avec passion à Marseille, des enfants… Et Annabelle Euranie a décidé d’enfiler à nouveau son judogi. Un retour longuement mûri ? « L’année dernière encore, il ne me serait pas venu à l’idée de remettre le kimono. Mais en discutant avec ma famille, et maintenant que ma vie a pris son rythme, je me suis dis, pourquoi pas ? ». Rien de programmé à l’avance, mais, les mêmes causes produisant les mêmes effets, la longue silhouette au judo latéralisé et aux uchi-mata redoutables fait rapidement la preuve que l’efficacité est toujours là. Elle gagne le tournoi de Besançon en dominant la championne de France en titre, Delphine Delsalle. L’appétit vient en mangeant… elle se qualifie pour le championnat de France seniors, dans la catégorie de ses grandes années, en -52 kg, en emportant le championnat de France 2e division. Et la voici à Marseille, accompagnée par le regard consterné des meilleures de la caté qui voient sortir de l’ombre un drôle de fantôme…
Après Delsalle à Besançon, Rosso à Marseille
À Marseille, elle est au pied du mur. Le pari est de taille tout de même, après plus de sept ans d’interruption. À désormais 31 ans, quel est son potentiel au meilleur niveau national ? Après un premier tour facile gagné waza-ari et ippon contre Claire Pineau de Suresnes, son premier vrai test est au 2e tour contre Julia Rosso, la finaliste de l’année dernière. Victoire par ippon, sans problème. Delphine Guenon prendra ippon elle aussi. La voilà en demi-finale, contre la championne d’Europe 2011, Pénélope Bonna, en pleine forme. La bagarre est intense et Bonna parvient à contrer en o-soto-gari l’une des attaques d’Euranie pour yuko. Forte jusqu’au bout du combat, la grande Annabelle fait vivre l’enfer à la future championne de France, qui est portée au rouge de trois pénalités, mais ne grillera pas finalement, épargnée par l’arbitrage que beaucoup jugeront coupable sur ce combat. Encore un peu fragile sur les appuis, Annabelle Euranie est tout de même passée tout près de l’accession en demi-finale. Les repêchages sont une formalité pour elle : victoire par waza-ari et ippon sur Anaelle Pannetier et sur le même score face à Christelle De Decker. Pour le bronze, elle pousse Nolwenn Le Troadec à la disqualification.
Un retour pour quoi faire ?
La médaille de bronze nationale suffit-elle à son bonheur ? Est-elle demain de retour dans ses foyers après une folle parenthèse ? On serait de ses rivales, on ne compterait pas trop là dessus. « Maisntenant que je suis de retour, je suis là pour tenter ma chance et faire le maximum. Il n’est pas question que je m’arrête là ». La suite va donc être passionnante. Que va penser le staff fédéral de ce retour et comment va-t-il le gérer ? Quelles sélections lui seront-elles accordées et comment va-t-elle les négocier ? C’est à suivre. Mais Annabelle Euranie au tournoi de Paris, voilà qui est tout à fait crédible. La grande championne de l’année 2005 est de retour, et elle vous salue bien.
La championne Annabelle Euranie, 3e du championnat de France de judo -52 kg à Marseille.
Elle est de retour et elle vous salue bien ! / Emmanuel Charlot – L’Esprit du Judo