Les parcours français sur le premier jour du Master de Tyumen
Automne Pavia / Emmanuel Charlot – EDJ
Les deux combattants français du moment, David Larose (-66 kg) et Automne Pavia (-57 kg), ont tenu leur promesse en se hissant sur le podium du Master 2013 de judo de Tyumen… mais sans ramener l’or.
Après le premier tour, les deux -48 kg françaises Laëtitia Payet et Aurore Climence étaient sorties du jeu, de même que Priscilla Gneto (-52 kg), Maëlle Di Cintio (-63 kg) et chez les garçons, Sofiane Milous (-60 kg). Après le second, Dimitri Dragin (-66 kg) était renvoyé en repêchages. (Pour plus de détails, voir ici).
Automne Pavia (-57 kg) était alors opposée à la Brésilienne Kettleyn Quadros, une combattante dangereuse, souvent classée et rarement gagnante, désormais n°2 brésilienne depuis le retour en -57 kg de Rafaela Silva.
Solide et plutôt grande, elle parvenait à contrer une première fois la grande Française sur son mouvement de hanche et menait yuko. Mais comme souvent, Automne Pavia trouvait le moyen de la jeter sur le dos pour waza-ari. Accrochée à la longiligne n°1 mondiale, la Brésilienne croyait contrôler la situation, mais se faisait décrocher du sol par un grand fauchage en uchi-mata qui la plaquait sur le haut des épaules.
David Larose était de son côté opposé pour sa demi-finale des -66 kg à Sergey Lim, un Kazakh 21e mondial, dangereux, mais accessible au n°3 mondial qui l’avait d’ailleurs déjà battu deux fois au tournoi de Paris en 2012 et 2013. Cette fois cependant, le Kazakh jouait plus tactique, tâchant de faire pénaliser son adversaire en refusant la saisie de la manche et en attaquant en mouvements d’épaule. L’arbitre ne s’y laissait pas complètement prendre et pénalisait le Kazakh plus souvent que le Français, qui se dirigeait du coup vers une victoire assez facile. Mais son adversaire se lançait dans un ko-soto-gake « prise de l’ours » qui marquait yuko. Moment de flottement, personne ne sachant plus vraiment ce qui est autorisé ou non sur ce mouvement. Mais le score était finalement validé. Dommage, c’est une occasion gâchée pour Larose, qui a passé un cap, mais ne parvient pas totalement à s’imposer sans contestation comme l’un des trois meilleurs, avec le Japonais Ebinuma, le Géorgien Shavduatashvili.
Pavia, une défaite inattendue
Dimitri Dragin avait échoué en repêchages face au n°1 mondial du moment, le Mongol Tumurkhuleg Davaadorj (deuxième à Paris, vainqueur en Asie et au Grand Chelem de Bakou) qui lui marque ippon, mais, bonne nouvelle, David Larose n’est plus homme à lâcher une compétition, même si l’or n’est plus en jeu. Un peu trop passif face à Lim, il plantait le Mongol pour le bronze sur un énorme uchi-mata qui lui valait la récompense de prestige (et les 1000$ qui vont avec) de plus bel ippon du jour. Un uchi-mata « waouuh », un truc incroyable, merveilleux de hauteur et de majestueuse lenteur, qui incruste le Mongol dans le tapis. Une belle consolation est la confirmation d’un potentiel médaillé mondial. (pour voir ce formidable ippon c’est ici à 4’25).
On pensait que la Japonaise Yamamoto Anzu serait celle qui rejoindrait Automne Pavia en finale, comme à Tokyo et à Paris. Mais la jeune nouvelle héroïne japonaise, 18 ans, est manifestement à court d’énergie et peut-être un peu dans le doute après son échec au championnat du Japon. Peu inspirée, elle était finalement battue d’une pénalité un peu injuste face à la Mongole Sumiya Dorjsuren, 9e mondiale et finissait même 5e, repoussée hors du podium aux pénalités par la Portugaise Monteiro. Une victoire toute chaude pour Pavia qui conforterait formidablement sa place de n°1 mondiale ? Finalement non. Dans la bonne dynamique, la jeune Mongole de 22 ans, qui n’avait jusque là pas vraiment brillée, parvient à marquer un petit yuko d’entrée sur un uki-waza malin et, cette fois, la grande blonde française ne parvenait pas à remonter au score.
Une belle confirmation néanmoins de la domination actuelle d’Automne Pavia, mais une vraie frustration tout de même et une petite interrogation sur la tendance toute récente de Pavia à être menée au score (trois sur les championnats d’Europe, trois fois ici au Master).