Shirine Boukli tout sourire après sa seconde victoire ici à Tel Aviv après 2021.
Crédit photo : Gabriela Sabau/IJF
Aujourd’hui, la France et son équipe féminine a assommé d’entrée ce troisième tournoi du circuit mondial. Trois Marseillaises, pour les trois catégories féminines du jour ! Un vrai cocorico au féminin avec les victoires de Shirine Boukli et des sœurs Gneto. Avec la médaille en bronze de Faiza Mokdar, l’équipe de Christophe Massina, coach de Daikii Bouba et des garçons pour la dernière fois sur ce tournoi afin de définitivement basculer chez les filles, a une nouvelle fois prouvé que le judo mondial féminin était outrageusement dominé par un duopole franco-japonais (rappelons que les sept titres à Paris ont été partagés entre les deux pays).
Et un, et deux et trois !
En -48kg, pas de Japonaise pour se mettre en travers de la marche inarrêtable de Shirine Boukli vers sa première victoire depuis le Grand Prix de Tel Aviv l’année dernière ! Absente à Paris pour cause de Covid-19, la titulaire des JO de Tokyo monte crescendo en puissance après le bronze à Paris en octobre et l’argent à Abou Dhabin fin novembre. Une Boukli comme à ses meilleurs jours : létale sur ses attaques de hanche ou de sacrifice, très intuitive sur ses esquives d’uchi-mata pour en placer (gagnant ou presque) derrière, la n°2 mondiale ne laisse aucune chance en finale à l’Italienne Milani, n°10 mondiale et qui faisait son retour sur le circuit après ses JO ratés. Une prestation sans fioriture, nette et efficiente.
En -52kg, Astride Gneto signe l’action la plus excitante, et de loin, du bloc final : un enchainement ko-uchi-gari/o-uchi-gari qui déstabilise totalement la Japonaise Ryoko Takeda, plaquée sur le dos en finale. Un travail technique de premier ordre qui offre à la cadette des Gneto son second titre en Grand Chelem après Abou Dhabi en 2016 ! Auparavant, c’est dans un schéma très habituel qu’elle avait fait craquer la combattante locale, la jeune Gefen Primo, médaillée européenne et mondiale 2021. Puissance du bras droit et attaque en bordure eurent raison de la gauchère israélienne, impuissante face au verrin français.
En -57kg enfin, Priscilla remporte sa douzième médaille en Grand Chelem. Mais son premier titre ! En demi-finale, elle profite d’une boulette de Timna Nelson-Levy qui se met toute seule sur le dos pour l’accompagner et gagner sa place en finale. Un combat qu’elle s’adjuge aux pénalités face à la Géorgienne Eteri Liparteliani, cinquième à Tokyo l’été dernier. Quatrième Grand Chelem de la saison pour la championne d’Europe 2017 et troisième médaille (après l’argent à Abou Dhabi et le bronze à Paris).
La dynamique est plus que jamais là pour la médaillée olympique de Londres. Une catégorie où Faiza Mokdar monte sur son second podium de Grand Chelem, après Abou Dhabi. Ce jeudi, elle domine clairement la Brésilienne Rafaela Silva pour le bronze. La championne olympique de Rio, totalement impuissante à trouver une quelconque solution aux attaques en ippon-seoi-nage de la Parisienne. Une incapacité flagrante qui lui fait subir sa seconde défaite d’affilée face à la triple championne d’Europe juniors après Paris il y a deux semaines.
Bouba continue d’apprendre, l’arbitrage continue lui de tâtonner
Trois titres, une médaille de bronze et une cinquième place avec Daikii Bouba (-66kg). Élégant gaucher, le judoka de l’AJA Paris XX termine au pied du podium – comme à l’Accor Arena – battu aux pénalités par le Mongol Ganbold. Une belle journée encore pour le champion de France en titre, aussi à l’aise sur ko-soto-gake (son premier combat) que sur sasae-tsuri-komi-ashi (en repêchage contre l’Israélien Tal Flicker). Mais un jeudi qui se termine en queu de poisson, la faute en partie à une décision arbitrale totalement à contre-sens du déroulement du combat, avec un Mongol qui aura multiplié les postures cassées et attaques sans aucune préparation.
Si rébarbatif et désolant que ce soit, il faut dire que l’arbitrage, avec les décisions des superviseurs aura été une nouvelle fois l’un des faits du jour : des pénalités tombant comme à Gravelotte lors du bloc final, avec une pertinence et un timing fort discutables ou un hansokumake infligé à la Polonaise Podolak contre Faiza Mokdar en quart de finale pour plongeon sur la tête incroyablement ubuesque puisqu’à aucun moment de l’action la tête de Podolak ne touchera le sol. Totalement perdu, l’arbitre central fera repartir le combat avant d’infliger la sanction qui fit grimacer d’incompréhension et Faiza Mokdar et Severine Vandenhende.
Que des tâtonnements puissent exister quant à l’application des nouvelles règles semblent, en soi, bien entendu excusables. Reste que l’impression laissée, faite de mauvaise communication entre les arbitres et les superviseurs et de décisions indéchiffrables, ne manque pas d’être toujours aussi agaçante.