Normalement prévu fin septembre en Chine, c’est finalement au Kazakhstan, dans la ville de Nour-Soultan (capitale depuis 2018 et seconde ville du pays derrière Almaty), que ces Jeux d’Asie 2022 ont réuni 168 combattants venus de 17 pays.
Une compétition où le Japon avait décidé d’envoyer tous les n°2 de l’année, la Corée du Sud une équipe sans beaucoup de titulaires, une Mongolie au complet, une Inde à quinze combattants qui a clairement décidé de se lancer sur le circuit mondial et un Kazakhstan au complet.
Un événement que le Japon aura dominé – magnifiquement – de bout en bout, entre la victoire, avec cette impression permanente de facilité, de Ryuju Nagayama (-60kg), jusqu’au triomphe en équipes, quatre victoires à trois contre la Mongolie, avec un groupe à quatre titulaires puisqu’il n’y avait pas -73kg et +70kg et un Takeshi Sasaki en +90kg !
Un Japon qui se présentait avec douze engagés et non quatorze, puisque les deux champions olympiques masculins, Aaron Wolf (-100kg) et Shohei Ono (-73kg) avaient déclarés forfait. Le premier car positif au covid-19 juste avant le départ, le second sans doute pas encore assez prêt (ou motivé ?) à retrouver le circuit international. Mais avec Akira Sone, titrée à Tokyo l’année dernière en +78kg, qui retrouvait donc la compétition.
Douze engagés pour… neuf titres et trois médailles d’argent. Wakana Koga (-48kg), Momo Tamaoki (-57kg), Yoko Ono (-70kg), Mami Umeki (-78kg), Akira Sone (+78kg), Ryuju Nagayama (-60kg), Takeshi Sasaki (-81kg), Sanshiro Murao (-90kg) et Kokoro Kageura (+100kg) montent sur la plus haute marche du podium alors qu’Ai Shishime (-52kg), Nami Nabekura (-63kg) et Ryoma Tanaka (-66kg) sont en argent.
Dans cette domination sans partage, retenons la victoire sérieuse de Sone, venue reprendre ses marques. Elle domine nettement la Chinoise Xu Shiyan (cinquième au Grand Chelem de Budapest) sur un tai-otoshi imparable, lors d’une finale à sens unique. Mais il faut retenir aussi et surtout la prestation de Takeshi Sasaki, l’imprévisible -81kg. Brillantissime à Paris en octobre dernier, fantomatique au Grand Prix de Croatie il y a quelques semaines, l’ancien capitaine de Tsukuba était cette semaine sur une très bonne « vibe », jouant avec ses adversaires lors de l’épreuve individuelle, avec par exemple une liaison debout-sol en demi-finale contre l’ancien Géorgien Nugzari Tatalashvili impressionnante de maîtrise et de de rapidité. Tatalashvili qui perdait totalement connaissance sur le coup (voir vidéo plus bas), étranglé puissamment par le Nippon. On notera d’ailleurs la « lenteur » de l’arbitre à se rendre compte que le combattant néo-émirati était « parti », la faute à un placement très loin d’être optimal. Une situation déjà vue plusieurs fois sur le circuit.
Et sinon ? Il faut noter la victoire de l’Ouzbek Diyora Keldiyorova en -52kg, qui place un sode-tsuri-komi-goshi tout en profondeur à la Japonaise Shishime. Victorieuse du Grand Chelem d’Oulan-Baator, en argent à Antalya, le protégée d’Ilias Iliadis remporte son second championnat continental après 2019. Une combattante qui a battu la championne d’Europe en titre, la Britannique Chelsie Giles, en Turquie et n’a jamais rencontré Amandine Buchard. Une concurrente qu’il faudra prendre très au sérieux si d’aventure la Tricolore la retrouvait à Tashkent mi-octobre.
Également, le titre du Mongol Bashkuu Yondonperenlei en -66kg, qui continue à tracer son sillon en ce début de nouvelle olympiade. Vainqueur à Paris en février, ce judoka aux trois poumons et en recherche constante de corps-à-corps, bat le Japonais Tanaka justement de cette manière.
Dernier point : le Japon a enflammé le dernier jour de compétition (par équipes), se présentant à chaque fois à quatre combattants puisque Kokoro Kageura et Akira Sone n’étaient pas de la partie. Avec deux points de retard avant même de débuter chaque rencontre, le Japon s’en sort pourtant, avec des victoires de Ryuju Nagayama en -73kg (contre le Kazakhstan) ou Takeshi Sasaki qui bat le Mongol Tsetsentstengel Odkhuu, le +100kg qui monte depuis le début de saison (vainqueur à Paris, deuxième à Zagreb), lors de la finale, et ce même si ce dernier était clairement blessé. Revenu à trois victoires partout contre la Mongolie, le Japon s’impose finalement quatre à trois grâce à Yoko Ono (-70kg) qui cloue au sol son adversaire lors du combat décisif.
Le parcours de Takeshi Sasaki en vidéo