Le jour de l’officialisation a pu en surprendre certains. C’est en effet le jour de Noël que le comité de sélection de la fédération japonaise de judo a annoncé les dix-huit noms des judokas présents à Doha (Qatar), du 7 au 14 mai, pour les championnats du monde 2023. Une information qui appelle plusieurs remarques :
1) Le Japon reste fidèle à une stratégie de choix précoce
Cette conviction a été affirmée lors de l’olympiade précédente avec, rappelons-le, une équipe olympique nippone qui fut annoncée après le Grand Chelem de Düsseldorf. Soit fin février 2020. Plus de quatre mois avant le grand rendez-vous du Budokan (finalement reporté d’un an). Seul le -66kg n’était pas encore choisi (il devait l’être lors des championnats du Japon, début avril 2020).
Une précocité dans les choix qui traduit la volonté japonaise de ne faire perdurer une concurrence possiblement contre-productive si elle est prolongée trop longtemps. Une stratégie payante puisque l’équipe, reconduit dans son entiereté fin 2020 pour l’été 2021, a réalisé la meilleure performance de l’histoire de la discipline.
Pour les prochains championnats du monde, le comité de sélection nippon avait, comme toujours, affiché les choses de manière explicite : résultats aux championnats du monde, au Grand Chelem de Tokyo et au Masters seraient pris en compte en vue de Doha 2023.
2) Une équipe remaniée à la marge
Avec seulement sept mois entre les championnats du monde 2022 et ceux de 2023, un excellent résultat à Tashkent assurait quasi-automatiquement son ticket pour Doha. Exemple par les chiffres : sur les douze médailles en Ouzbékistan, onze sont reconduits. Seule Wakaba Tomita (en bronze à Tashkent en +78kg) ne sera pas du voyage. Logique, avec des résultats décevants (cinquième à Tokyo et non classée à Jérusalem pour le Masters) et le retour aux affaires d’Akira Sone, championne olympique en titre. Parmi les onze, deux n’ont même pas eu à recombattre depuis les championnats du monde : Naohisa Takato (-60kg) et Hifumi Abe (-66kg), forfaits à Tokyo – ce qui n’a pas manqué de susciter des critiques d’ailleurs au sein du judo nippon -. Si l’on ajoute Kosuke Mashiyama (-90kg) et Kentaro Iida (-100kg), non classés à Tashkent mais reconduits pour Doha, on arrive à quatorze titulaires identiques (sur dix-huit) entre les deux championnats du monde.
3) Tokyo et Jérusalem pour compléter la sélection
Mashiyama et Iida qui ont justement profiter du Grand Chelem de Tokyo pour aller chercher une nouvelle titularisation. Le premier s’impose brillamment, battant rien de moins que le champion olympique en demi-finale (Lasha Bekauri) et le vice champion olympique en finale (Eduard Trippel).Une victoire convaincante qu’il ne confirma toutefois pas au Masters, où il est battu au premier tour. Le second termine lui deuxième dans la capitale nippone, battue aux pénalités par l’Italien Gennaro Pirelli. Lui aussi est éliminé précocement à Jérusalem. Mais la double contre-performance du champion olympique en titre, Aaron Wolf, au Japon et en Israël, permet à Iida de garder le leadership de la catégorie. Un judoka pétri de talent (il gagna le Grand Chelem de Paris en 2017 alors qu’il n’était que juniors) mais qui n’a toujours pas confirmé lors des très grands événements. Il en sera à ses troisièmes championnats du monde. Une nouvelle contre-performance et le staff pourraient être tentés de jouer la carte «jeune» avec Kaito Green (troisième à Tokyo) ou Tomohiro Nakano (vice champion du monde juniors 2022).
Les quatre autres judokas sélectionnés ont eux, été très convaincants : Wakana Koga (-48kg) termine en bronze à Tokyo et en argent à Jérusalem (battue par Shirine Boukli, pour la première fois); Miku Takaichi (ex Tashiro) est invaincue depuis son retour à la compétition : victoire lors de la Coupe du Kodokan, au Grand Chelem de Tokyo et au Masters; Akira Sone, qui aura pris une année sabbatique après son titre olympique individuel s’impose à Tokyo et finit en bronze à Jérusalem où elle est battue par Coralie Haymé. Une défaite qui vient après une invincibilité de près de trois ans (février 2019 à Paris); enfin Sanshiro Murao (-90kg) capitaine de l’équipe universitaire de Tokai, monte deux fois sur le podium avec une troisième place à Tokyo et une victoire, probante, à Jérusalem, où il domine Alexis Mathieu en finale.