Voilà donc que les deux premières – et seules – médailles françaises auront été obtenues lors du dernier bloc final de ce Grand Prix du Portugal. L’oeuvre de Chloé Buttigieg en -78kg et de Coralie Hayme en +78kg. Lors de leur combat pour le bronze, la première place un juji-gatame opportuniste et imparable à la Croate Karla Prodan qui laissait trainer son bras droit sur une action en bordure. Seconde médaille en Grand Prix après Tunis en 2018 pour la judoka du RSC Montreuil Judo qui ne s’incline ce dimanche que face à la future médaillée d’or, l’Allemande Anna-Monta Olek.
La seconde, du JC Maisons-Alfort, s’offre elle sa première médaille sur le circuit depuis l’argent du Masters en décembre 2022. Une victoire aux pénalités au bout de 4’28 de golden score contre la Coréenne Hayun Kim. La championne du monde juniors tricolore en 2021 qui ne mord la poussière que contre la Japonaise Miki Mikinuki, vice championne du monde juniors en octobre dernier.
Deux podiums comme un gros ouf de soulagement alors que la France n’avait toujours pas ouvert son compteur samedi soir. Un Grand Prix du Portugal sur lequel Max Laborde (Dojo Béglais) est le seul masculin tricolore à se classer, le Béglais finissant septième en -90kg hier. Un bilan bien maigre.
Chez les féminines, quatre classées avec Ophélie Vellozzi (cinquième en -57kg), Lucie Jarrot (septième en -70kg) et les deux combattantes citées plus haut pour une quinzième place au classement des médailles. Paris arrive dès la semaine prochaine. L’opportunité de passer très rapidement à autre chose après cet événement portugais, certes très dense pour ce niveau de compétition mais dont le résultat global tricolore est décevant.
Eux étaient venus avec leur meilleur équipe ou presque. Attendus, ils n’ont pas déçu. Avec deux titres vendredi soir, les Russes avaient encore dans leur manche leurs meilleures cartes ce dimanche avec les -100g et +100kg. Deux catégories dans lesquelles ils ont à la fois un champion du monde (Arman Adamian et Inal Tasoev) et connaissent une concurrence féroce et indécise en vue des JO. Un situation pas exceptionnelle – c’est le cas du Canada en -57kg et de la Géorgie en -90kg -.
Est-ce que les résultats d’hier auront clarifié cette configuration ? Possible. En -100kg, le champion du monde Adamian passe à travers, comme à Tokyo début décembre. S’il est battu par le jeune prodige Dota Arai au Japon sur un magnifique harai-goshi, ce dimanche, le surpuissant mais fin champion du monde de la catégorie se fait totalement surprendre ce dimanche par le Chypriote Georgios Kroussanotakis, 24 ans, 77e mondial, trois médailles dont deux victoires en Open continental à son palmarès. Une attaque lancé avec un mauvais déséquilibre et voilà le Chypriote qui plaquait Adamian au sol et le gardait en immobilisation.
Un combattant chypriotee qui avait déjà créé la surprise au premier tour en disposant du Japonais Kotaro Ueoka !
Un revers malvenu pour Adamian puisque dans le même temps, son compatriote Matvey Kanikovskiy continue, sans bruit, à tout rafler. En or au Grand Chelem de Tokyo fin 2023, ce judoka de ving-deux ans, grand, à l’air nonchalant et au langage corporel d’un pur animal à sang-froid s’impose ce dimanche, perpétuant une dynamique absolument époustouflante. Cinq Grands Chelems disputés : trois victoires et deux médailles d’argent. Deux Grands Prix disputés pour deux titres. Des statistiques totalement folles avec deux combats perdus depuis juin 2022 sur sept compétitions disputées (quatre Grands Chelems, deux Grands Prix et les championnats d’Europe 2023). Adepte des mouvements de jambe, le garçon possède une palette riche et fine comme cette variante de sumi-otoshi placée à l’Espagnol Nikoloz Sherazadishvili sur une gardee croisée en finale. Un judoka qui s’inscrit totalement dans les logiques de performance désormais parfaitement identifiées puisqu’il fut champion d’Europe et médaillé mondial juniors 2021. La dynamique est clairement de son côté pour une titularisation à Paris.
Même analyse pour Inal Tasoev qui s’impose lui en +100kg. Mieux, il bat son compatriote Tamerlan Bashaev en demi-finale sur un uki-waza au golden score avant de placer un superbe uchi-mata au Coréen Minjong Kim en finale après seulement vingt-sept secondes. Un Coréen qui l’avait battu à Tokyo en quart de finale il y a deux mois. On se doute que Tasoev voulait laver l’affront. Et c’est fait de sacrée belle manière. Non sélectionné pour les JO de Tokyo, le judoka de Valdikavkaz fait tout depuis pour être celui qui sera à Paris fin juillet. Avant le Grand Chelem tokyoïte sa dernière défaite remontait au Masters de Doha en 2021 où il était battu par… Teddy Riner. Depuis, le champion du monde bis 2023, dont vous pourrez retrouver l’interview exclusive avant les JO de Paris, a tout gagné excepté sa petite glissade au Japon début décembre, où il finit tout de même en bronze.
Ce week-end Kanikovskiy et Tasoev ont pris une grosse option. Décisive ? Difficile à dire. Significative ? Sans doute.
Un dimanche où la Turquie gagne également deux titres avec l’expérience de Mihael Zgank en -90kg et la jeunesse d’Hilal Ozturk en +78kg. Victoire de la jeunesse également pour l’Allemande Anna Monta Olek en -78kg. Une nouvelle tête dans cette catégorie cultivée avec soin depuis des années et des années par le judo d’outre-Rhin. Vingt et un ans, 19e mondiale, cette championne du monde juniors 2021 se positionne déjà comme une prétendante en vue de Los Angeles 2028, Paris 2024 étant soit pour Anna Maria Wagner soit pour Alina Boehm (championnee d’Europe à Montpellier). L’avenir se prépare déjà maintenant.