Tout le monde l’attendait avec autant d’impatience que d’excitation : Teddy Riner, champion du monde en titre et triple champion olympique d’un côté. Temur Rakhimov, n° 2 mondial, et idole du public tadjik de l’autre. Une finale des +100kg disputée dans une ambiance de feu ! Pour dire l’engouement, une fan zone avait été mise en place à l’extérieur où de nombreux fans de judo s’étaient réunis pour suivre ce duel de rêve. De duel, il n’y eut finalement pas. Teddy Riner, visiblement très concentré et particulièrement affûté ce dimanche, écrasa de son autorité féroce et intimidante le judoka du cru. Deux shidos rapidement pris par Rakhimov avant une révolte mal préparée qui permettait au Roi Teddy de placer un uchi-mata ken ken qui faisait mouche. Une victoire très nette, un peu à l’image de celle que le judoka du PSG s’était offerte en demi-finale des championnats du monde à Doha face au même adversaire. Ce dimanche, Teddy Riner a écrasé la catégorie de sa puissance et de son judo : un ashi-guruma parfait contre le jeune Allemand Losseni Kone en quart, un o-soto-gari de bison en demi contre le Russe Denis Batchaev. En finale, les deux premières séquences voient le Français onze fois champion du monde, intimider Rakhimov avec son kumikata et sa capacité à contrôler le combat. Une journée parfaite en somme, d’autant que Riner, avec les mille points de la victoire, va grimper à la deuxième place de la ranking list olympique, derrière Inal Tasoev et à égalité avec Temur Rakhimov.
Une journée parfaite pour Riner, une journée sans pour les autres Tricolores. Défaite au premier tour pour Liz N’Gelebeya en -78kg (Racing Club de France Judo), arrachée du sol par l’Allemande Alina Boehm sur un o-goshi. En +78kg, Coralie Hayme (JC Maisons-Alfort) s’incline d’entrée face à la Russe Anastasiia Kholodilina sur deux contres. Chez les masculins, les deux -90kg de l’AJA Paris XX perdent en tableau : Paul Livolsi bat très joliment au premier tour l’Estonien Klen Kaljulaid, tête de série n° 4 sur un très inspiré sasae-tsuri-komi-ashi. Mais il s’incline ensuite au sol, sur un Reiter, face au Tadjik Muhammadjon Abdujalilzoda. Lucas Huillet, lui, tient bien le combat contre le Kazakhstanais Didar Khamza, mais se fait contrer à dix secondes de la fin après une tentative de kata-guruma.
Deux médailles pour la France donc, grâce à deux des trois sélectionnés olympiques présents.
Première historique pour la Suisse
Le très gros coup, l’exploit retentissant même, est réalisé par la Suisse qui finit première nation sur ce Grand Chelem ! Finir en tête sur un événement du circuit FIJ ? Une première pour le judo helvète. Hier soir, l’équipe d’Aleksei Budolin et Dominique Hischier était à égalité parfaite avec l’Autriche d’Yvonne Bönisch. Mais grâce à l’argent de son élégant -100kg Daniel Eich, cinquième aux championnats d’Europe 2023, voilà la Suisse qui termine seule en tête avec quatre médailles : deux titres pour Fabienne Kocher (-52kg) et Nils Stump (-73kg) et deux médailles d’argent pour Binta N’Diaye (-52kg) et Daniel Eich (-100kg). Des résultats en forme d’excellentes opérations comptables puisque les deux féminines vont rentrer dans la liste des qualifiés olympiques tout comme Eich, pour l’instant « seulement » quota continental. Stump, de son côté, va rentrer dans les huit. Un Grand Chelem parfait (bis) pour le judo suisse.
Wagner distance Boehm, doublé italien
Alors que c’est une concurrence marathonienne que se livrent Anna-Maria Wagner et Alina Boehm pour le ticket olympique allemand en -78kg — Douchanbé était leur sixième compétition en 2024 ! — c’est une nouvelle fois la première fois qui finit devant sa rivale. Mais où en sont exactement les deux combattantes ? Boehm est double championne d’Europe (2022 et 2023), n° 7 mondiale, a fini en argent au Grand Chelem d’Antalya et ici, à Douchanbé. La semaine dernière aux championnats d’Europe, elle remporta la médaille de bronze. Wagner, de son côté, est n° 3 mondiale, a gagné Paris, a terminé en argent aux Europes — battue magnifiquement par Audrey Tcheuméo — et vient de s’imposer cet après-midi à Douchanbé. Car la finale de la catégorie opposa en effet les deux Germaniques, pendant laquelle Boehm se fit sanctionner trois fois. Avec mille points d’écart ce soir, Wagner va encore creuser l’écart avec sa cadette, tout en restant n° 3 à la ranking-list olympique. Une journée parfaite (ter) pour elle aussi.
Les derniers vainqueurs du jour ? Deux Italiens avec le très tacticien Gennaro Pirelli, en bronze à Zagreb il y a huit jours, qui s’impose en -100kg et l’outsider Asya Tavano en +78kg qui remporte le premier Grand Chelem de sa carrière tout en montant pour la troisième sur un podium depuis le début de l’année. À seulement vingt et un ans, cette bonne technicienne, qui avait perdu aux pénalités en finale à Bakou contre Romane Dicko, continue à progresser et à gagner en constance. Une judoka qui a le profil parfait de la trouble-fête cet été à Paris.
Le dernier titre de ce dimanche va au Russe Mansur Lorsanov en -90kg.
Prochaine étape du circuit dès le week-end prochain à Astana pour le Grand Chelem du Kazakhstan. Puis suivront les championnats du monde, dernier rendez-vous avec l’événement parisien estival.
Le sprint final est lancé !