Du 27 au 30 juin, Alicante sera « the place to be » du judo espagnol.

Du 27 au 30 juin 2013, la ville d’Alicante en Espagne organise un congrès dédié au judo doublé d’un camp d’entraînement. Une initiative à saluer dans un contexte économique difficile. Explications de Carlos Montero Carretero, coordinateur de l’événement, universitaire et professeur de judo à l’Ecole De Frutos, ancien champion d’Espagne dont vous avez pu notamment partager la science du ne-waza dans les colonnes de L’Esprit du judo n°42.

Carlos Montero (à g.) lors d’une séance de préparation physique avec son élève Oeste Soriano en juin 2009 sur la plage San Juan d’Alicante
© Anthony Diao/L’Esprit du judo

Carlos, qui est à l’origine de ce congrès ?
Ce congrès est organisé par l’Ecole De Frutos, en collaboration avec le Centre de recherche du sport de l’Université d’Elche. Il sera notamment animé par plusieurs universitaires espagnols ainsi que par des pointures comme Go Tsunoda ou Sugoi Uriarte.

Quels sont les objectifs ?
Nous souhaitons partager l’information scientifique afin que les professeurs et les entraîneurs de judo puissent s’en servir au quotidien. Créer un pont entre les professionnels de la science et les professionnels du tatami, tout en organisant un camp d’entraînement en parallèle.

Quel est le programme de ces quatre journées ?
Il y aura des ateliers autour de l’entraînement, la musculation, le mental, l’étude des adversaires, la technique et l’approche tactique. Il y aura également des interventions sur les sujets de la nutrition des judokas, les acides aminés, la présentation d’une application pour quantifier ses charges d’entraînement depuis son téléphone, etc.

Tu as quitté l’an dernier le club de Miriam Blasco, où nous t’avions rencontré il y a quelques années [cf. EDJ n°25] pour monter l’Ecole De Frutos, en hommage à ton professeur de toujours. Quel bilan tires-tu de cette première saison d’autonomie ?
Le maître mot est la persévérance. Au plan sportif, notre fer de lance est notre -70 kg Maria Bernabeu. Elle a remporté cette saison les Coupes d’Europe de Prague et de Madrid et offert une belle résistance à Lucie Décosse au Grand chelem de Paris. Nous avons par ailleurs remporté le championnat d’Espagne par équipes féminines, et avons obtenu cinq médailles aux championnats d’Espagne individuels seniors, dont les titres de Fátima Ribot et Maria Bernabeu. En tant que professionnels du judo, ces résultats nous confortent dans nos choix de privilégier la formation et de faire le tri entre ce qui relève de la spéculation et ce qui est vraiment utile.

À trois ans des Jeux de Rio, où en est le judo espagnol selon toi ?
C’est l’anarchie. La crise économique que traverse notre pays impacte terriblement notre sport. Les subventions pour le haut niveau sont réduites à la portion congrue. Dans la majorité des cas, les judokas de l’équipe nationale doivent aujourd’hui assumer  eux-mêmes leurs frais de déplacements, avec les conséquences que tu imagines sur leurs performances. Tout ceci conduit nombre de judokas talentueux à envisager d’abandonner la compétition. Beaucoup de clubs privés doivent fermer faute de pouvoir payer leur loyer.

Pour autant la seule tenue d’un congrès comme celui-ci montre que tout le monde ne baisse pas les bras…
Les raisons d’être pessimistes sont réelles mais il faut croire que notre discipline nous rend durs au mal. Nous continuons à entraîner et à former des judokas de qualité. Personnellement, je crois en la combinaison du talent de nos jeunes et le mental qu’ils se forgent dans les contraintes qu’ils ont à surmonter. Il faudra de la patience, mais tout ceci augure à terme de belles satisfactions pour la génération qui vient.