Les Russes ont pu compter sur leurs féminines pour écraser la compétition.
Crédit photo : Mirali Abdullayev.

L’annonce de leur présence à Goygol fut un événement. Un événement, parce que depuis presque deux ans, les cadets russes ne participaient à plus aucune compétition européenne, tournois comme championnats. Une surprise alors ? Pas vraiment, puisque comme nous vous l’indiquions, une source russe nous avait confirmé la volonté de la fédération dirigée par Sergei Soloveychik de sortir à nouveau les judokas de cette catégorie d’âge sur les événements européens, tout comme les juniors d’ailleurs. Le principal obstacle à ce souhait ? Obtenir un visa du pays organisateur. La présence de combattants ukrainiens ? Elle n’est désormais plus un point d’achoppement, comme on a pu le constater depuis plusieurs mois sur le circuit senior, ou ce week-end d’ailleurs, en Azerbaïdjan.
Un retour du judo russe chez les jeunes — qui avait débuté avec surprise lors des Mondiaux juniors d’Odivelas en octobre 2023 — en forme de nouvelle étape vers un retour à une configuration préfévrier 2022 et le début de la guerre en Ukraine.
Une absence des Russes devenue donc la norme depuis deux ans, parfois minorée à tort par certains quant au niveau global du judo continental. Rappelons les faits : la Russie a fini première nation lors des championnats d’Europe cadets de 2005 à 2019, année où c’est l’Italie qui brise ce monopole effrayant. Dès 2021, celle-ci reprend son leadership (pas de championnats d’Europe en 2020 du fait du covid).

Une domination outrageante chez les cadets que la Russie a, ce week-end, rappelée au monde du judo européen. Certes, celle-ci avait engagé 41 combattants, soit la deuxième délégation en nombre de judokas derrière le pays organisateur — 140 judokas azerbaïdjanais —. La France, par comparaison, comptait vingt-quatre judokas, qui connurent un périple atypique pour arriver à bon port : avion entre Paris et Istanbul puis entre Istanbul et Bakou avant quatre heures de route pour rejoindre Goygol, à l’ouest du pays !
Un tournoi qui ne comptait pas un nombre de combattants très impressionnant (323 au total), mais dont la densité, en particulier chez les masculins, faisait de ce tournoi un excellent test pour les Bleuets : outre les Azerbaïdjanais et les Russes, il y avait une forte délégation géorgienne et turque. De quoi prendre des informations avant les championnats d’Europe, fin juin, à Sofia (Bulgarie).

Et la principale leçon restera que les deux ans de compétition nationale n’empêchent pas la Russie de continuer à disposer d’excellents cadets. Si, du fait de son statut de pays neutre, les médailles russes ne peuvent être affichées dans le classement final, c’est bien elle qui finit très largement en tête de cette coupe d’Europe. Et de manière écrasante : vingt-cinq médailles remportées par l’équipe de Kirill Voprosov et de Flora Mikhtaryan ! L’Azerbaïdjan, première nation au classement « officiel », en gagne quatorze.
Sur les vingt-cinq, ce sont les féminines russes qui se distinguent avec dix podiums, dont cinq titres en -44kg, -48kg -52kg, -63kg et -70kg.
Les masculins de l’ancien -90kg s’imposent trois fois en -66kg, -73kg et -90kg. Huit titres donc auxquels il faut ajouter cinq médailles d’argent et dix-huit de bronze. Soit un total de 61 % de médaillés parmi les engagés russes. Quelques noms à retenir ? Peut-être la -44kg, Nadezdha Mishenkina ou la -63kg Viktoriia Martynenko.

Et la France ? Elle termine troisième nation avec dix médailles dont deux titres. Une équipe sans certains leaders (Mathilde Aurel en -40kg, Noah Boué en -73kg et Kevin Nzuzi Diassivi en +90kg), mais avec plusieurs titulaires pour les championnats d’Europe, comme Manon Agati-Alouache (FLAM 91) et Léonie Minkada-Caquineau (Dojos de l’Agglomération du Niortais 79). Championnes de France toutes les deux, elles empêchent, avec la Turque Havva Tokmak en -40kg, que la Russie fasse le Grand Chelem.
Agati-Alouache fait le doublé après Porec (Croatie), battant en finale Talyana Abdallah (JC de Launaguet), dans une finale 100 % tricolore.
En +70kg, Léonie Minkada-Caquineau, elle aussi en or en Croatie, s’impose à la Russe Anna Petrunina sur un o-uchi-gari malin.
Les autres médaillées ? En argent la -52kg Clarisse Carillon (Sainte-Geneviève Sports Judo) et Nina Muteba (Groupe Senlisien Judo). En bronze, Lalla-Dounia Lahrifi (AJBD 21-25) en -48kg, Emma Benghezal (JC Chilly-Mazarin Morangis) en -63kg et Lucie Rullier (US Entraiguoise Judo) en -70kg.
Huit médailles sur douze engagés pour l’équipe de Virginie Le Vagueresse et Christophe Mandin, avec trois cinquièmes places. Onze classées sur douze, voilà un bilan solide.
Chez les masculins, deux médailles pour les Bleus, ce qui met la France à la cinquième place : l’argent pour Mehdi Salah, deuxième en Italie et troisième en Espagne, en Croatie et Allemagne cette année. En finale il s’incline face à un Russe, Timur Davidov. L’autre médaillé perd lui aussi contre un judoka russe, mais en quart de finale : vice-champion de France, Jean-Pascal Bi Goly Da Costa (JC Chilly-Mazarin Morangis) remonte les repêchages et bat un Russe sur un joli ippon-seoi-nage pour monter sur le podium.
Si Salah, vice-champion de France est déjà sélectionné pour les championnats d’Europe, Da Costa devrait, sans doute, être également du voyage, lui qui a gagné l’argent en Espagne et en Croatie (où il est battu en finale par Nzuzi Diassivi).

L’Azerbaïdjan termine, elle, deuxième nation avec notamment ses habituels titres chez les très légers (-50kg et -55kg). L’équipe de Nijat Shikalizada remporte quatre titres, une médaille d’argent et neuf médailles de bronze.
Loin, très loin, de la Russie. Une équipe dont, si nous n’avons pas encore la certitude qu’elle sera présente à Sofia fin juin, prouve qu’elle reste plus que jamais l’épouvantail de cette catégorie d’âge. Un retour sur le circuit gagnant mais plus encore, particulièrement intimidant.

Classement des médailles 
AIN : 25 médailles (8 or, 5 argent, 12 bronze)
Azerbaïdjan : 13 médailles (4 or, 1 argent, 9 bronze)
France : 10 médailles (2 or, 4 argent, 4 bronze)