Champion l’année dernière, le club du 93 l’emporte contre le CPB Rennes

Annabelle Euranie attaque Sonia Benabdelouahed avec uchi-mata et donne la victoire au Blanc-Mesnil Sports / Emmanuel Charlot – Esprit du Judo

L’année dernière le Blanc-Mesnil avait dominé ce championnat de France 2e division des féminines en battant les Nancéennes de L’Alliance Judo 54. Repoussée de la première division par les soeurs Posvite de Limoges et par Amiens en repêchage, elles étaient à nouveau à pied d’oeuvre en D2, mais cette fois avec une arme de plus, une arme de moins en moins secrète et de plus en plus affutée : Annabelle Euranie. La grande -52kg de la belle époque est de retour et elle fait toujours aussi mal ! « Annabelle est de mieux en mieux » explique son entraîneur de mari Bastien Puget. « Après tout, cela ne fait que qutre mois qu’elle a repris le judo ». Elle travaille des choses différentes et cela se met en place. Même si, sur le plan comptable, aujourd’hui, cela ne s’est pas tellement vu, elle est plus forte qu’au championnat de France 1e division ».

Une inconnue étrangle Euranie

On aurait pu penser effectivement que la journée allait être un long fleuve tranquille pour Blanc-Mesnil avec un tel atout dans sa manche, mais ce fut loin d’être le cas. Il faut dire que le club du 93 n’était pas le seul crocodile dans la mare de la 2e division. Le FLAM91 de Pénélope Bonna, battu par Peugeot-Mulhouse au premier tour en 1e division, était là aussi. Et quelques équipes avaient préparé dans la discrétion des arguments mordants. C’est ainsi qu’après une promenade de santé contre le JSA Bordeaux au premier tour, Blanc-Mesnil tombait sur un os dès le tour suivant contre les Choletaises de l’UCJ 49. Tout allait bien pour Blanc-Mesnil après les victoires de la -70 kg Augustina Ejiofor et de la +70 kg Claire Gawek, Annabelle Euranie suivant en -52 kg. La médaillée mondiale 2003 prenait Charlotte Canolle… 5e du tournoi « Label B » de Lanester, et 7e des demi-finales de St Berthevin en -57 kg en 2013. Pas de quoi inquiéter la locomotive du club francilien qui marquait rapidement waza-ari sur o-soto-gari, fixait son adversaire en hon-gesa-gatame. Mais Charlotte Canolle allait alors réussir le truc dont elle pourra se vanter toute sa vie : en s’enroulant sur elle-même, elle parvenait à se glisser dans le dos d’Euranie, l’inquiétait assez pour l’inciter à faire l’erreur de se redresser et engageait alors le okuri-eri-jime du championnat ! La championne résistait de toutes ses forces et la séquence durait longtemps, les arbitres acceptant la logique de cette lente « mise à mort ». C’était juste, car après une longue bataille acharnée, la championne prise au piège allait jusqu’à « l’endormissement ».
La jeune Farah Hamdaoui devait alors sortir Blanc-Mesnil d’une bataille devenue incertaine contre une ancienne médaillée nationale seniors à l’aube des années 2000, Chrystelle Notte. Ippon pour Hamdaoui, mais c’était juste.

Un hansokumake… plutôt bienvenu

Cela allait être encore plus délicat deux tours plus tard, en demi-finale, contre FLAM91, qui avait sorti au premier tour les filles de Poissy – la finale de la veille chez les garçons – et surtout le jeune, mais redoutable groupe de l’AC Boulogne-Billancourt avec Adeline Bordat et Morgane Duchene, entre autres. C’est Caroline Valdivia, transfuge de Sainte-Geneviève, qui apportait le premier point de FLAM91 d’une pénalité, mais l’impeccable Ejiofor ramenait les deux équipes à égalité en battant Nadège Merlet par ippon. Les deux lourdes entraient alors en piste pour leurs équipes, et l’avantage était clairement du côté de FLAM, qui avait dans ses rangs la jeune espoir Caroly Roudélie, formée par Cédric Margalejo l’un des piliers du club, et actuelle championne de France junior. Mais sur une montée en tension intattendue, quelques mots désagréables échangés, l’arbitre décidait de renvoyer ces deux demoiselles à leurs études. Hansokumake collectif ! Une scène toujours déplaisante sur un tapis… et clairement un point précieux perdu par FLAM. Le choc, qui aurait déjà pu être décisif, était pour le tour suivant : comme au championat de France Annabelle Euranie rencontrait Pénélope Bonna… et une nouvelle fois, avisée, Bonna marquait rapidement sur un beau seoi-nage un yuko qu’elle avait toutes les peines du monde par la suite à conserver sans être disqualifiée par la dernière pénalité fatidique. Elle y est parvenue. Une fois encore, elle vient à bout d’Euranie la menace-fantôme, mais leur affrontement est de plus en plus compliqué à gérer pour elle.
C’est encore une fois Hamadaoui qui allait finalement faire la « perf » en parvenant, au bout du suspens, à obtenir la victoire d’une pénalité sur l’un des points forts de FLAM91, Mélanie Prouteau, l’inattendue vice championne de France 2011.
Un double hansokumake et deux victoires partout, il fallait faire les comptes, mais pas besoin de calculette pour ça : le ippon d’Ejiofor sur Merlet était plus fort que le yuko de Bonna sur Euranie. Blanc Mesnil emportait ce combat des cheftaines par 11 points à 6.

Courte, mais belle

Dans l’autre tableau, c’est la toujours solide équipe du CPB Rennes, avec Sonia Benabdelouahed (-52 kg) en fer de lance, mais aussi le renfort de l’ancienne internationale Gabrielle Deflorenne (-57 kg), qui était parvenue en finale, porté à bout de bras par ces deux « invincibles »… et malgré la perte, dès le premier combat, de Justine Lecrubier (+70 kg), une junior qui devait combattre dans quelques jours au championnat de France. En  finale, l’entraîneur rennais Jean-Paul Levrel jouait finement le coup pour tenter d’inverser la logique, en faisant monter sa dynamique -70 kg Laura Georges contre la remplaçante en +70 g pour Blanc-Mesnil, Alexia Tharladière. Pari réussi, les seoi-nage de la légère déstabilisait son adversaire et amenait du côté de la Bretagne un premier point normalement perdu par forfait. Vice-championne de France juniors 2012 derrière Amandine Buchard, déjà médaillée en 2011 au niveau senior, Sonia Benabdelouahed était de taille à inquiéter Annabelle Euranie. Elle lançait d’ailleurs rapidement une très belle attaque en harai-goshi dans le déplacement qui aurait pu enrouler n’importe qui d’autre… mais la garde toujours aussi terrible d’Euranie, la différence physique, allaient être rapidement irrésistible. Ses grands mouvements de jambe et sa capacité à suivre au sol les tentatives de contre adverse donnait la victoire à la Francilienne. La finale allait se finir en apothéose sur un combat particulièrement âpre entre Deflorenne pour Rennes, et Virginie Thobor pour Blanc-Mesnil, « la deuxième mère de famille de l’équipe » plaisantait Bastien Puget, le papa des deux enfants d’Annabelle. En effet Virginie Thobor avait mis au monde un beau bébé huit mois plus tôt, ce qui ne l’empêchait pas de lancer le combat dans un surrégime assez enthousiasmant à suivre. Deflorenne, à l’expérience, faisait le plus dur en marquant très vite un o-uchi-gari particulièrement volontaire, faisait traverser le tapis à son adversaire, mais aussi trois mètres de surface supplémentaire pour finir sur les genoux des spectateurs du premier rang de l’INJ, non sans avoir renversé au passage la caméra de contrôle (qui de toute façon marchait à peine mieux que la veille) ! Détermination. Elle pensait trouver ensuite sa zone de confort, puis sa planche de salut, face à la garde croisée brutale de son adversaire survoltée, en restant de face et en contrant dans les jambes, mais elle se faisait reprendre dans les trente dernièrezs secondes sur un lourd harai-goshi, et finissait par recevoir une pénalité décisive au golden score. Flottement chez les filles de Blanc-Mesnil… On a gagné ou pas ? Mais oui. Le forfait en -70 kg assurait automatiquement la troisième victoire des filles du 93. « Si notre tirage est meilleur que l’année dernière, on peut faire beaucoup mieux cette fois en première division ». Rendez-vous en mars pour voir ça.

Tandis que FLAM91 repoussait les filles de l’AJA Paris XX, et Montreuil les inattendues Nordistes de Wasquelhal pour le bronze, l’AJ 54 devant Orléans et le club héraultais Jita Kyoei Judo devant la Motte Servolex gagnaient chacun leur consolante, s’ajoutant au 16 clubs qualifiés directement.