Gagner ce championnat d’Europe pour Marie-Eve Gahié, c’était d’abord la victoire sur une « bête noire », la Néerlandaise Sanne Van Dike, qui l’avait dominé quatre fois de suite. Mais aussi sur le signe indien qui semblait l’empêcher d’atteindre ses objectifs au niveau européen. En cinq participations, l’ex-numéro un mondial de la catégorie des -70kg n’avait atteint que deux fois le podium, à chaque fois en bronze. Un ratio indigne de son standing et que cette sixième participation en or vient pondérer du côté du positif. C’est aussi pour Marie-Eve Gahié, qui bat au passage sa rivale Pinot, troisième, l’occasion de montrer qu’elle est la meilleure Française dans la perspective des championnats du monde à venir et, à plus long terme, des Jeux de Paris. Une bonne affaire, une bonne journée pour Gahié, qui a montré de la détermination et une autorité globale qu’on ne lui avait plus vu depuis un moment.
Tant mieux aussi pour la France qui passe à deux médailles d’or avec ce titre en -70kg, gardant ainsi le leadership sur le classement des nations, lequel était clairement menacé par le retour des Anglaises au premier plan, en or pour la seconde fois en deux jours, alors qu’elles n’avaient plus ramené de médaille d’or continentale depuis Sarah Clark en 2006.
Les Anglaises le prouvent sans doute, 2022, c’est à l’évidence le championnat d’Europe des opportunités à prendre, avec l’absence des Russes évidemment, mais aussi de beaucoup de leaders – certains sont présents, mais manifestement en roue libre, comme c’était le cas par exemple de la championne du monde en titre en -70kg, Barbara Matic, sortie dès le premier tour face à une Suédoise. La plupart des grands acteurs de l’été ne sont pas là, à commencer par la Française Clarisse Agbegnenou aujourd’hui, ou les meilleurs Allemandes, Theresa Stoll (-57kg) hier, Ana-Maria Wagner (-78kg) demain. Le monstre géorgien Lasha Bekauri est au repos, de même que son rival Gviniashvili, les deux finalistes de l’année dernière en -90kg. Hormis Roman Dicko, les podiums européens des +78kg de ces deux dernières années est en vacances.

Il en reste tout de même quelques uns, dont l’Azerbaidjanais Hidayat Heydarov, en or en -73kg, qui prend insensiblement le dessus sur le leader des années précédentes Rustam Orujov. La Géorgie avait quand même présenté Tato Grigalashvili, auteur d’un numéro impressionnant en -81kg, qu’il concluait sur un formidable mouvement d’épaule sur le Belge Matthias Casse en finale. Son deuxième titre continental, en attendant mieux.
Enfin, si l’Ukraine, malgré deux combattants en demi-finale, ne rajoute pas de médaille aujourd’hui après l’or d’hier en -66kg, la Bulgarie sur son sol récolte une nouvelle belle médaille, cette fois en bronze. Mark Hristov (-73kg) se hisse sur le podium avec un très joli o-soto-gari.
Deux titres, deux médailles d’argent, deux de bronze, la France est bien partie pour être la meilleure nation. À surveiller tout de même, la Géorgie, qui peut finir fort avec les trois catégories lourdes masculines.