Il aura donc fallu attendre la dernière catégorie du jour pour voir le compteur français grimper. Une nouvelle médaille de bronze grâce à Tizie Gnamien en -81kg. Un jeudi marqué par la chute de plusieurs favoris et une Russie qui continue son entreprise d’intimidation chez les masculins et un protocole sanitaire toujours aussi strict, avec des désinfections régulières de tapis par des spécialistes qui ne sont pas sans rappeler les célèbres personnages de la série Breaking Bad.

Gnamien réussit sa sortie

Tizie Gnamien nouveau médaillé de bronze européen.
Crédit photo : Union européenne de Judo (UEJ)


Avec deux shidos contre lui face à l’Azéri Hajiyev, on se disait que la tâche pour monter sur le podium pallait se compliquer un poil pour Gnamien (JC Monaco). Mais pas du déstabilisé par l’épée de Damoclès au-dessus de sa tête, le double champion de France collait son adversaire qui faisait l’erreur de ne pas mettre immédiatement de distance. Résultat : un joli sumi-gaeshi qui plaquait Hajiyev sur le dos, qui en restait allongé de dépit de longues secondes. Une médaille continentale qui vient récompenser une belle journée du protégé de Marcel Pietri. Très varié dans ses directions d’attaque et dans les techniques utilisées – même si celles-ci manquent parfois de précision et d’impact -, à l’aise au corps-à-corps et encore plus avec sa main droite loin dans le dos, Gnamien n’aura finalement baissé pavillon que contre le Russe de la catégorie qui lui place un ko-uchi-gari à une main tout en feeling. Cinquième à Amiens l’année dernière, vainqueur de Visé début 2020, le Monégasque, qui a profité pour prendre plus de consistance physique depuis son titre de mars, peut avoir le sourire ce soir. Ce junior 3e année laisse donc derrière lui les juniors sur une note très positive et peut d’ores et déjà se projeter vers la conquête du leadership national chez les seniors, avec 2024 en ligne de mire. Pas de miracle pour les deux autres masculins du jour puisque Enzo Gibelli (OJ Nice) tombe face au Moldave Pelivan, récent médaillé de bronze au Grand Chelem de Budapest alors que Joan-Benjamin Gaba sort avec les honneurs, battu par le futur champion d’Europe russe. Le combattant du JC Chilly Mazarin Morangis qui nous aura gratifié de deux belles séquences au sol, maîtrisant visiblement bien le retournement – en bloquant le bras adverse entre ses jambes – popularisé par le champion olympique hollandais Mark Huizinga.

Jarrot et Drid au pied du podium

Lucie Jarrot, cinquième en -70kg
Crédit photo : Union européenne de Judo (UEJ)

Soupe à la grimace en revanche pour Rania Drid (JC Monaco) et Lucie Jarrot (AJBD 21-25). Non pas qu’elles aient loupé leur championnat. Mais une cinquième place reste toujours facteur de forte frustration. La première subit le juji-gatame de la Hollandaise Van Lieshout, alors que son adversaire était menée de deux shidos. La seconde, elle, subit l’impact d’Ai Tsunoda-Roustant sur un premier harai-goshi, avant de se faire retourner et immobiliser. Pourtant on retiendra de Jarrot une vraie capacité à ne rien lâcher (elle a été menée plusieurs fois ce jeudi) et un ne-waza qui lui permettent d’arriver jusqu’en demi-finale. La championne de France des -70kg aura donné une belle image d’elle-même, même si la marche Tsunoda était sans doute encore un peu haute à franchir.

Le uchi-mata de Rania Drid.
Crédit photo : Union européenne de Judo (UEJ)

Pour Drid, c’est un peu la même chose en sans doute un peu plus frustrant puisque la Hollandaise me semblait vouloir trouver la solution qu’au sol. S’il y a un vrai regret il sera sans doute là puisqu’après être bien rentré dans sa compétition, la Française subissait l’énorme impact du uchi-mata de la Kosovare Fazliu en demi-finale sur la première séquence.
Médaillée mondiale 2019 à Marrakech, Morgane Féréol (JC Maisons Alfort) finit elle septième. Visiblement pas dans un très bon jour, la vice-championne de France s’incline nettement face à la Polonaise Sobierajska puis face à Ai Tsunoda en repêchages qui aura donc été le bourreau des deux Tricolores de la catégorie.
Avec quatre médailles, la France reste troisième du classement avant les cinq dernières catégories demain avant l’entrée en lice de ces six derniers combattants, dont la championne d’Europe en titre, Léa Fontaine.

Sale journée pour les favoris, le sans-faute des Russes 


Tête de série n°1 ce matin, ils faisaient office de grandissimes favoris vu leurs statuts : la Hongroise Szofi Ozbas est championne d’Europe et du monde juniors en titre (-63kg) et reste sur une médaille de bronze à Budapest. Le Géorgien Vladimir Akhalkatsi est vice-champion d’Europe et champion du titre (-81kg). Et bien tous les deux battus dès le premier tour ! Ai Tsunoda, championne d’Europe et du monde cadette 2019, 5e au Grand Chelem de Düsseldorf fin février perd, elle, en 1/4 de finale (après un combat qu’elle domine largement) contrée après une attaque lancée sur place et sans déséquilibre. Bref, de grosses surprises qui ont profité à la Russie, la Pologne et la République tchèque.
Après le joli doublé balkanique réalisé hier par la Serbie, c’est au tour de l’Europe de l’Est d’être sacrée chez les féminines avec à l’honneur la Tchèque Zachova qui enroule superbement la Kosovare Fazliu sur un ipon-seoi-nage parfait. En -70kg, la Polonaise Sobierajska s’offre le titre européen, elle qui n’est que junior 1re année (5e aux championnats du monde cadets 2019 tout de même).
Mais le fait du jour vient encore de la Russie et de son armada masculine. Ce jeudi, les combattants du pays des Tsars remportent comme hier les deux catégories en jeu, faisant même le doublé en -73kg. Un duel remporté par Armen Agaian sur un o-soto-gari à la volée. En -81kg, David Karapetyan, vice champion du monde 2019 et très facile toute la journée, ne met que trente secondes à étrangler l’Ukrainien Bubyr.
Une domination écrasante et forcément intimidante : quatre victoires dans les quatre catégories masculines, vingt-sept-combats contre les combattants étrangers pour…une défaite. Celle de Parchiev contre le lutin malin Romain Valadier-Picard, les deux autres étant le fait de duel russo/russe. Et ce n’est sans doute pas fini. À suivre notamment demain le -90kg Mansur Lorsanov.