La Marseillaise aura donc résonné deux fois cet après-midi au Sportshall de Porec. La première pour Francis Damier, qui remporte son premier titre européen en -90kg. La seconde, sans doute plus attendue, pour Léa Fontaine, qui conserve son titre en +78kg. Avec le bronze de Habi Magassa en -78kg, la France garnit de trois nouvelles médailles sa besace pour finir cet évènement avec sept médailles dont trois titres. Une belle réussite après une journée plutôt courte, marquée par un spectacle moins au rendez-vous et un streaming malheureusement très récalcitrant lors du bloc final.
Léa Fontaine, et de deux !
Voilà donc Léa Fontaine, double tenante du titre continentale. Un vendredi où la Génofévaine n’aura pas connu d’accroc. Peut-être un court moment d’angoisse lors de son premier combat : sur une attaque de jambes de la vice-championne de France seniors 2019, l’Italienne Tavano semble reprendre l’initiative sur un mouvement de bras qui pousse la Tricolore sur la tranche. Waza-ari (voire ippon) ? Les superviseurs décident qu’il n’y a rien. Une alerte sans conséquence qui sera la seule de la journée. En finale, Fontaine impose systématiquement son kumikata à la Néerlandaise Kamps, totalement impuissante et ne sachant que faire. Une victoire aux pénalités assez rapide. Aujourd’hui, un peu comme l’année dernière d’ailleurs, il y avait Léa Fontaine et les autres, loin voire très loin. Un niveau continental que la Réunionnaise maîtrise sereinement. Tout comme Faiza Mokdar, on aurait aimé les voir à l’échelon mondial du côté de la Turquie. Dommage.
Damier, un réalisme récompensé
Tête de série mais pas forcément favori n°1, Francis Damier a fait preuve d’un réalisme froid et clinique. Pas flamboyant ni très porté sur l’attaque, le champion de France en titre des -90kg s’est montré par contre très appliqué notamment au kumikata tout en sachant profiter des opportunités pour s’imposer, combat après combat, jusqu’à devenir le premier champion d’Europe juniors depuis Aurélien Diesse en 2017. Et pourtant… tout aurait pu s’arrêter dès le premier combat puisqu’une décision – assez incompréhensible – de l’arbitre donne au départ son adversaire slovaque vainqueur sur un uchi-mata. Logiquement annulé, les deux judokas repartent donc à égalité avant que le Français ne pique son adversaire au sol sur le retournement dont Kilian Le Blouch, entraîneur de Francis depuis de nombreuses années, a fait sa spécialité. En demi-finale, il vient à bout du Géorgien du jour, Mikeili Bekauri, montrant de belles qualités mentales avant de battre le Roumain Cret sur un sasae en sortie d’attaque. Un waza-ari marqué à mi-combat qui fait donc de Damier le seul champion d’Europe tricolore de cette édition. Cerise sur le gâteau, ce pur produit du FLAM 91 (qui aura donc formé deux des trois derniers champions d’Europe tricolores, avec Walide Khyar en 2015) n’est que junior 2e année !
Quelques minutes après ce sacre, Habi Magassa (PSG Judo) apportera son écot avec une médaille de bronze en -78kg. Le tout pour sa première sélection internationale. Battu par la Néerlandaise Hooi sur le gong, la championne de France en titre profite du forfait de la Croate pour sauter le repêchages et donc se retrouver en face de l’Italienne Mengucci pour le bronze. Un combat qu’elle remportera d’un waza-ari (que ceux qui regardaient ce bloc final n’ont pas pu voir, la faute à un streaming agaçant avec ses arrêts incessants).
Frustration pour Kenny Liveze, le second ACBB Boy de ces championnats. Battu logiquement par le Géorgien Sulamanidze (qui finira champion d’Europe) en quart de finale, le champion d’Europe et du monde cadets 2019 en -90kg, dont les grosses qualités sont évidentes, démarre malheureusement trop tard son combat pour le bronze contre le Roumain Serban, alors qu’il était mené waza-ari sur un o-uchi-gari. Une journée où le champion de France des -100kg (junior 1re année) n’aura pas donné l’impression de lâcher les chevaux… sauf qu’on apprenait quelques heures plus tard que le colosse de l’ACBB s’était blessé au ligament latéral du genou lors de son premier combat. Une compétition faite donc sur une jambe et avec beaucoup de courage.
Défaite au deuxième tour pour Maxime-Gaël N’Gayap Hambou (AM Asnières) et dès le premier tour pour Tahina Durand (Blanc Mesnil Sport Judo), médaillée mondiale l’année dernière à Marrakech.
La Géorgie se réveille, Lobnik la surprise slovène
Très en dedans depuis le début de ces championnats (une seule médaille d’argent en -66kg), la Géorgie limite son échec avec le titre d’Ilia Sulamanidze en -100kg et le bronze de Saba Inaneishvili en +100kg. Le premier, vice champion du monde 2019, conserve son titre avec une vraie autorité et une prestation très convaincante. En finale, il domine nettement le Turc Sismanlar (3e aux CM juniors 2019 et 7e à Budapest la semaine dernière) avec un tani-otoshi qui enfonce son adversaire dans le tapis. Le second, lui, pourra ressasser son quart de finale contre le Russe du jour Endovitskyi. Menant waza-ari, il place un contre très net sur une tentative de morote de son adversaire. Waza-ari logique, d’ailleurs donné par l’arbitre. Sauf que les superviseurs annulent la décision de manière totalement incompréhensible. Résultat : le judoka russe place un o-uchi-gari pour revenir dans le combat et finalement s’impose.
Une catégorie finalement remportée par Richard Sipocz. Tête de série n°1, le Hongrois aura lui aussi été très dominant (son o-goshi en demi-finale est un modèle du genre). Junior 2e année, celui qui avait affronté très vaillamment Teddy Riner lors du 1er tour du Grand Chelem de Paris est déjà en course pour la qualification olympique. La surprise du jour vient donc des -78kg avec la victoire de la Slovène Lobnik qui enroule parfaitement en makikomi la Néerlandaise Hooi. Une junior 2e année montée récemment de catégorie. Une initiative plus que judicieuse !
Retrouvez les résultats complets de ces championnats d’Europe ci-dessous :
https://lespritdujudo.com/porec-croatie-championnats-europe-juniors-2020/