Alors qu’une semaine de repos a été donnée aux féminines comme aux masculins, et que l’annonce des sélections pour les championnats du monde devrait avoir lieu en fin de semaine, quel bilan tirer de ces championnats d’Europe juniors ? Un bilan mitigé, pour le moins.
La médaille de bronze obtenue face à l’Azerbaidjan, avec deux victoires stratégiques des masculins Mathias Anglionin et Marven Bamana-Kibiti – mit indubitablement du baume au coeur d’une équipe et d’un staff qui faisaient plutôt grise mine à la fin de l’épreuve individuelle.
Car avec quatre médailles obtenues, la France termine à la septième place, loin de l’Italie et de ses cinq titres et des Pays-Bas et de la Géorgie, avec trois médailles d’or.
Un bilan meilleur que l’année dernière puisque l’équipe de France avait fini à la dixième place avec quatre médailles également mais trois de bronze er une d’argent… uniquement féminines. Une sélection qui, rappelons-le, n’avait pu compter sur Romain Valadier-Picard et Kenny Livèze mais avec deux médaillés mondiaux (Arnaud Aregba et Aleksa Mitrovic), finalement non classés. Reste que la France recule depuis plusieurs années puisqu’elle avait fini à la deuxième place en 2019, 2020 et 2021.
Quatre médailles donc dont trois d’argent pour Melkia Auchecorne (-63kg), Morgane Rubiano (-78kg) et Mathias Anglionin (-100kg). La dernière est de bronze et elle est autour du cou de Pauline Cuq en -48kg.
La première, médaillée mondiale en 2022, enrichit donc sa collection avec une première breloque continentale. Cinquième en Équateur l’année dernière, Cuq, elle, double la mise, après une première médaille de bronze continentale il y a un an. Deux combattantes attendues donc et qui confirment, malgré de l’extérieur, un manque de jus. Savoir gagner dans la douleur ? Une preuve d’une force mentale remarquable. Rubiano et Anglionin ouvrent eux leur compteur international. La première ne s’incline que face à la terreur de cette catégorie, la Néerlandaide Lieke Derks, cinquième du Masters début août – elle y bat Audrey Tcheuméo en repêchages – après un début de combat parfait et un waza-ari marqué sur la première séquence. Non classée aux championnats de France (éliminée par un hansokumake), Rubiano, qui a intégré le collectif national depuis le début du mois, réalise une journée pleine, sans vrais regrets, après une saison internationale où elle est, pour l’instant, montée sur tous les podiums de ses sorties cette saison. Le second traça son sillon, cahin-caha, jusqu’en finale, avec un joli opportunisme. En finale, l’Italien Jean Carletti mettra le feu, avec deux tai-otoshi en cercle. Non sélectionné pour les championnats du monde avant la Haye, on ne voit pas comment Mathias Anglionin ne pourrait pas voir le tatami d’Odivelas dans un mois après cette médaille d’argent.
Avec trois médailles, l’équipe de Gilles Bonhomme et Olivier Mélicine termine à la cinquième place du classement féminin. Le groupe de Meheddi Khalddoun et de Stéphanie Possamai occupe, lui, la huitième place. Autre statistique : la France conclue cet événement avec quatre cinquièmes places, dont trois féminines : Alya De Carvalho (-57kg), Julia Falgon (-63kg) et Ilana Bouvier (-78kg). Kylian Noël (-66kg) chez les masculins fait jeu égal avec Ibrahim Demirel avant de se faire contrer en fin de combat.
Sept classées sur neufs chez les féminines, seulement deux chez les garçons.
Sur les trois blocs finaux, la France aura eu donc huit combattants, pour une seule victoire. Par comparaison, l’Italie en gagne, elle, six sur huit, dont deux finales contre des judokas tricolores. Un état de fait sans doute pas inutile à analyser afin d’inverser la tendance dans un mois au Portugal où les médailles coûteront encore plus cher. À un mois de l’événement mondial, le nombre d’inscrits frise en effet déjà les trois cents alors que nombre de grandes nations du judo – dont la France, le Japon, l’Azerbaidjan, Israël, la Turquie, la Géorgie et les Pays-Bas – n’ont pas encore officialisé leur sélection. Il y aura, c’est une certitude, plus de monde que l’année dernière à Guayaquil en Equateur (373 participants). Ce qui veut dire des tours supplémentaires et une épée de Damoclès encore plus menaçante avec de potentiels médaillés – on pense évidemment aux Japonais ou à la Coréenne championne du monde cadette en +78kg et déjà qualifiée pour le Masters – qui ne seront pas têtes de série.  Une situation – et c’est encore plus vrai chez les cadets – qui mériterait de réfléchir au retour des doubles repêchages afin d’avoir, à la fin de la journée, un podium cohérent par rapport aux forces en présence.