Le jeune prodige de dix-huit ans a encore époustouflé
Le rituel est immuable. Même date : 1er week-end d’avril. Même lieu : Fukuoka. Même formule : les 8 meilleurs combattants japonais de chaque catégorie avec tête de série et pas de repêchage. Et même événement post-compétition avec l’annonce des sélectionnées (hors catégories lourdes) pour les championnats du monde ou les JO.
La force de l’invariance et de la stabilité, qui rend ce championnat forcément excitant et attendu.
Qu’en retenir ? Que le Japon tient avec Hifumi Abe un joyau qu’on a déjà hâte de voir plus régulièrement sur le circuit international. Que Hisayoshi Harasawa, dans son duel avec Ryu Shichinohe, a encore marqué des points, même si le juge de paix pourrait être le Zen Nihon.
Qu’Ami Kondo a gagné la bataille des -48kg et que Kaori Matsumoto a été victime d’une incompréhension qui lui coûte peut-être la victoire samedi. Anecdotique, car sa sélection était déjà acquise, mais gênant quand on connaît l’appétit insatiable de victoire de la louve.
Féminines
-48kg : C’était une catégorie où rien n’était joué entre Ami Kondo, championne du monde 2014 et Haruna Asami, elle, double championne du monde (2010 et 2011). Au final, c’est Ami Kondo va chercher la victoire, et sa qualification, au Golden Score sur un joli tomoe-nage contre Hiromi Endo lors du golden score. Sa rivale, Haruna Asami perdant elle lors de son 1er combat sur un sumi-otoshi de Yuri Morizaki.
-52kg : les jeux étaient faits. Misato Nakamura, championne du monde 2015 et vainqueur à Tokyo à la fin de cette même année, avait son billet pour Rio en poche. Ce qui ne l’empêche pas de s’affirmer encore plus. Elle finit 1ère en s’imposant aux pénalités à Ai Shshime.
-57kg : le vrai fait marquant de cette catégorie est l’élimination de Kaori Matsumoto, la championne olympique en titre, en demi-finale pendant laquelle elle entend un matte qui ne venait pas de l’arbitre mais de la salle, lors d’un passage au sol. Relâchement dont profitera immédiatement Megumi Ishikawa pour la fixer en kuzure-kami-shio-gatame.
En finale, Ishikawa subira le tsubame gaeshi de Tsukasa Yoshida, vainqueur du Grand Chelem nippon 2015 contre Hélène Recevaux (sur un sublime uchi-mata).
-63kg : peu de suspens dans cette catégorie où Miku Tashiro double médaillée mondiale de bronze (2014 et 2015) tenait très fortement la corde pour le ticket brésilien.
Au final, c’est Aimi Nouchi qui s’impose face à Megumi Tsugane sur un ko-soto-gari compté yuko. Tashiro s’incline en demi-finale contre Nouchi sur un sasae.
-70kg : vrai suspens dans cette catégorie puisque Haruka Tachimoto et Chizuru Arai étaient en concurrence serrée pour le Brésil. Et comme le hasard fait parfois bien les choses, elles se retrouvaient en finale pour une victoire décisive de la 1ère (combattante de la compagnie Alsok) sur un ko-soto-gake compté yuko.
-78kg : dans une catégorie où Mami Umeki avait apporté au Japon un titre mondial (2015) pas forcément attendu, c’est Ruika Sato qui monte sur la 1ère marche en battant Akari Ogata d’un superbe de-ashi-barai. Umeki, elle, perd en demi d’un shido.
+78kg : La « vraie » compétition de cette catégorie sera la Coupe de l’Impératrice à l’issue de laquelle on connaîtra la lourde japonaise qui tentera de succéder à Maki Tsukada dans le palmarès nippon. Mais gagner met toujours en confiance. Ce qu’a fait Kanae Yamabe contre Sarah Asahina, championne du monde juniors 2014 et futur de cette catégorie pour le pays du Soleil-Levant. Deux shidos auront suffi.
Masculins
-60kg : Shishime restait sur une victoire probante à Paris début février. Takato sur une démonstration à Tokyo en décembre 2015. On attendait le duel…qui a failli avoir lieu. En demi-finale, le petit lutin de Tokai se fait piéger au sol par Yuma Oshima sur yoko-shio-gatame alors que Shishime passait d’une pénalité contre le champion du monde juniors 2015, Ryuju Nagayama. En finale, même score final en faveur de Shishime face à Oshima.
-66kg : cela restera comme le combat du week-end. Hifumi Abe vs Masashi Ebinuma. Abe, 18 ans, vainqueur en 2014 du championnat junior nippon, de la Coupe du Kodokan et du Grand Chelem de Tokyo, et vainqueur à Tashkent en juillet 2015 de manière brillantissime.
Ebinuma, triple champion du monde, 3ème aux JO de Londres, vainqueur à Paris.
Deux judokas magnifiques pour un combat finalement…à sens unique tant Abe a époustouflé.
Waza-ari puis yuko puis un autre waza-ari pour ippon. Ebinuma a subi et a donné l’impression de ne pas vraiment comprendre ce qui lui arrivait tant les sode-tsuri-komi-goshi du nouvel étudiant de Nittai l’ont impacté. Une démonstration judo conclue par un enchaînement enchanteur sode/o-soto d’Abe. Le genre de combat qui met des étoiles plein les yeux.
En finale, Abe s’imposera au golden score d’un shido contre Joshiro Maruyama, un Tenri boy, petit frère de Goki, 2ème à la Coupe du Kodokan 2015 d’un shido.
-73kg : Catégorie à la densité exceptionnelle avec les trois derniers champions du monde depuis…2010 ! Hiroyuki Akimoto, Riki Nakaya et Shohei Ono. Ono, devenu star de la discipline depuis 2013 et sa prestation fabuleuse à Rio, hors-sujet en 2014 et revenu à son meilleur en 2015 pouvait envisager cette compétition sereinement. Champion du monde en titre, avec une victoire en finale contre Nakaya et une journée ébouriffante , vainqueur « facile » de Düsseldorf il y a quelques semaines, sa sélection pour Rio était acquise. Ce qui ne l’empêche pas de finir 1er ce week-end lors d’un énimème duel avec Nakaya. Le samouraï de Tenri gagne d’un shido. Akimoto, ce combattant magnifique revenu dans les tous meilleurs mondiaux depuis 2015, 3ème à Paris en février, perd dès son 1er combat contre Kazuya Tamura sur ko-uchi-gari.
-81kg : il a apporté au Japon son 1er titre mondial dans cette catégorie. Invisible depuis Tokyo et sa 3ème place, après une demi-finale controversée, Takenori Nagase affirme son écrasante autorité sur la concurrence nationale. En finale, il contre Keita Nagashima sur un ko-soto-gake.
-90kg : on retrouvait en finale les deux meilleurs japonais de la catégorie : Masyu Baker, 3ème à Astana et vainqueur à Tokyo et Daiki Nishiyama, revenu depuis quelques mois sur le circuit mondial et 1er à Paris. Le second gagne de deux shidos.
-100kg : En l’absence de Ryonosuke Haga, le champion du monde 2015, c’est le n°2 japonais, Aaron Wolf, qui règle la concurrence samedi dernier. En finale, un shido lui suffit contre Shohei Shimowada.
+100kg : il faudra attendre le Zen Nihon, fin avril, pour connaître le nom du lourd nippon qui s’envolera pour Copacabana. Mais Hisayoshi Harasawa a, une de fois plus, posé des jalons pour apparaître comme le favori au détriment de Ryu Shichinohe. Vainqueur deux fois à Paris, à Tokyo et ce week-end, le judoka issu de Nichidai remet le couvert en battant le double vice-champion du monde sur un uchi-mata en toute fin de combat (yuko).
Résultats
Féminines
-48kg:
1. Ami Kondo
2. Hiromi Endo
3. Arisa Koyama et Yuri Morisaki
-52kg:
1. MIsato Nakamura
2. Ai Shishime
3. Yuka Nishida et Chishima Maejima
-57kg:
1.Tsukasa Yoshida
2. Megumi Ishikawa
3. Kaori Matsumoto et Nae Udaka
-63kg :
1. Aimi Nouchi
2. Megumi Tsugane
3. Miku Tashiro et Maho Nishikawa
-70kg :
1. Haruka Tachimoto
2. Chizuru Arai
3. Karen Nunira et Yoko Ono
-78kg:
1. Ruika Sato
2. Akari Ogata
3. Shori Hamada et Mami Umeki
+78kg :
1. Kanae Yamabe
2. Sarah Asahina
3. Megumi Tachimoto et Suzuka Ichihashi
Masculins
-60kg:
1. Toru Shishime
2. Yuma Oshima
3. Ryuju Nagayama et Naohisa Takato
-66kg:
1. Hifumi Abe
2. Joshiro Maruyama
3. Masashi Ebinuma et Tomofumi Takajo
-73kg:
1. Shohei Ono
2. Riki Nakaya
3. Soichi Hashimoto et Kazuya Tamura
-81kg:
1.Takenori Nagase
2. Keita Nagashima
3. Seidai Sato et Tomohiro Kawakami
-90kg:
1. Daiki Nishiyama
2. Mashu Baker
3. Kenta Nagasawa et Yusuke Kobayashi
-100kg:
1. Aaron Wolf
2. Shohei Shimowada
3. Ryohei Anai et Kentaro Iida
+100kg:
1. Hisayoshi Harasawa
2. Ryu Shichinohe
3. Daiki Kamikawa et Yusei Ogawa