Amandine Buchard en bronze
Photos © IJF Media Team by G. Sabau / Vincent Manquest champion du monde juniors de judo 2013 !
Avec deux Français en demi-finales, et un troisième en repêchages, on attendait ces phases finales du premier jour des championnats du monde de judo avec impatience et intérêt. La France termine sa première journée avec deux médailles, une grande joie – la victoire remarquable de Vincent Manquest (-55 kg) – et une frustration – la demi-finale ratée d’Amandine Buchard (-48 kg). Quoi qu’il en soit, un très beau début de championnats du monde pour la France.
Vincent Manquest champion du monde !
Après des tours préliminaires remarquablement gérés, Vincent Manquest (-55 kg) abordait la dernière partie de son Everest en demi-finale face au Japonais Nagayama Ruyju, un technicien très dangereux, mais encore assez jeune pour être accessible. De fait, parfaitement concentré et bien dans son rythme et son combat, le Français lançait deux uki-waza dangereux qui mettait le Japonais un peu sur la réserve, ce qui lui valait la pénalité fatidique. Plus volontaire dans la seconde parte de combat, Nagayama avait du mal à déstabiliser Vincent Manquest avec ses seoi-nage et ses ko-soto-gari. Soudain, à quelques secondes de la fin, il lançait un fort sode-tsuri-komi-goshi qui décollait le Français du sol et était à deux doigts de lui valoir un yuko. Mais c’était son dernier atout et il s’inclinait donc sur cette demi-finale. Il finira 5e, surpris d’un waza-ari par le copieux Géorgien Tchelidze. Mais à 17 ans, on devrait revoir ce Japonais dans les années à venir, avec plus de moyens.
En finale, c’est le Vénézuélien Armando Maita qui était au rendez-vous. Dix-neuf ans, aucune référence connue, mais un gaucher remarquable, élégant et bien campé sur ses appuis qui posait des problèmes à Vincent Manquest. Les Uki-waza ne le destabilisaient pas et il tentait plusieurs fois de les retourner contre le Français. À une poignée de secondes de la fin, les deux combattants se retrouvaient au corps avec une ultime tentative d’arraché un peu brouillonne de Maita, contrôlé par Manquest qui renversait l’attaque en o-uchi-gari. Rien de très net et les deux garçons se préparaient pour un golden score excitant… quand la table centrale décrétait que le Français avait obtenu un yuko sur la dernière action. Une façon un peu décalée – près d’une minute après l’action – d’apprendre qu’on est champion du monde et qui ne permettait pas, du coup, au jeune Français d’exprimer sa joie comme il l’aurait dû. Dommage. Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas très bien dans cette façon constante qu’à la table centrale de s’immiscer dans l’arbitrage des tapis, en cassant les rythmes du spectacle sportif. Mais ne boudons pas le plaisir de voir un Français champion du monde junior ! Depuis 2009, nos garçons n’avaient pas réussi une telle performance, ils n’étaient même d’ailleurs pas parvenu à ramener un médaille d’un rendez-vous mondial. Le dernier champion du monde junior français chez les masculins ? On le connait bien. Il s’agit de Loic Pietri. On souhaite à Vincent Manquest le même type de parcours en seniors.
Amandine Buchard rate sa demi-finale
Elle était partie sur ce championnat avec le sentiment que ce titre était pour elle. Elle avait su démontrer que cette prétention n’était pas usurpée en dominant la Japonaise de la catégorie, Yamazaki Tamami en quart de finale. Le titre mondial, l’or lui tendait les bras. Alexandra Pop, la Roumaine qu’elle rencontrait en demi-finale, ancienne finaliste d’un championnat du monde cadet, n’avait rien montré en junior qui pouvait faire penser qu’elle avait les moyens de s’opposer à la détermination de Buchard… De fait, la Française partait en trombe, décrochant facilement la garde adverse, attaquant avec puissance en mouvement d’épaule et marquant rapidement le yuko nécessaire sur un uki-waza / kata-guruma. Comment ce combat a-t-il pu lui échapper ? Confiante dans son avance au score, la Française laissait monter le nombre des pénalités (3 à la fin du combat), mais surtout, moins claire dans sa concentration, moins rigoureuse sur les mains et dans son attitude, elle laissait réapparaître la Roumaine, plus dangereuse à la garde… À sept secondes de la fin, elle lançait soudain un lourd kubi-nage qui faisait faire un soleil à Amandine Buchard ! Yuko, c’était fini. la jeune championne de France seniors de 17 ans ne serait pas championne du monde juniors 2013. Rageant quand on affiche une telle supériorité sur la catégorie. D’ailleurs, le bronze allait être une formalité pour Buchard qui expédiait l’affaire contre la Suissesse Tamara Silva avec deux seoi-nage rapide. Quant à Alexandra Pop, elle allait être surclassée en finale par l’impressionnante petite Russe Irina Dolgova d’un fantastique yoko-tomoe-nage enchaîné en juji-gatame.
Photos © IJF Media Team by G. Sabau / Un podium mi-figue mi raisin pour la précoce Amandine Buchard, 17 ans seulement.
Cheyenne Mounier au pied du podium
La petite -44 kg normande, Cheyenne Mounier avait la possibilité d’accrocher le bronze. Elle faisait déjà un très bon combat contre la Kazakhe Yenglik Satyvaldy en la contrôlant aux pénalités avant de l’attraper au sol dans les dernières secondes. Le combat pour le bronze était enthousiasmant. La Japonaise Yamauchi Honaka partait à 200 à l’heure dans ce combat, survoltée. Très vite, elle marquait sur un mouvement d’épaule en débordant la Française. Mais la petite Cheyenne passait alors elle aussi la surmultipliée en pressant à la garde la Japonaise plutôt faible en défense. Plusieurs fois à genoux ou la tête basse, secouée par les tentatives de sasae-tsuri-komi-ashi de Mounier, bien décidée à faitre exploser sa résistance et à lui faire infliger les quatre pénalités, la Japonaise, toujours la première à marcher sur l’adversiare était tout de même à deux doigts de la panique. Mais si elle avait du mal à tenir le kumi-kata, ses attaques en seoi-nage étaient toutes dangereuses. Elle marquait un nouveau yuko, puis dans les dernières secondes un nouveau waza-ari sur le rush final de Cheyenne. Une médaille qui s’échappe, mais une belle bagarre dont la jeune Française peut s’honorer.
Déjà deux médailles d’or russes… chez les féminines !
Sur les trois dernière éditions, les Japonaises ont récolté cinq médailles d’or et une médaille d’argent sur les deux catégories les plus légères ! Cette fois, elles sont plus discrètes avec deux médailles de bronze « seulement ». L’information du jour, c’est l’étonnant doublé russe. Si ils se montrent discrets chez les garçons avec aucune médaille pour les deux premières catégories, ce qui est inhabituel, ils explosent chez les féminines en jouant le rôle habituellement dévolu aux Japonaises : deux médailles d’or, dont celle de la très remarquable Irina Dolgova en -48 kg. Les jours prochains diront si la tendance est forte ou très forte, mais avec deux titres d’entrée, la Russie a d’ores et déjà explosé son barême habituel. On travaille, là-bas, du côté de Sotchi.
Avec le Coréen An Baul, vainqueur en -60 kg, les Coréens se sont déjà trouvés le champion du monde qui leur manquait depuis deux éditions. On sait qu’ils en font généralement bon usage en seniors. À suivre.
Photos © IJF Media Team by G. Sabau / Irina Dolgova (-48 kg) la nouvelle perle d’une équipe russe qui monte en puissance chez les féminines.