Crédit photo : Tamara Kulumbegashvili/IJF
Comme très souvent avec la France, la dernière journée d’un événement international – européen, mondial ou olympique – est propice à d’ultimes et magnifiques succès.
Hier, cette belle loi d’airain du judo tricolore s’est une nouvelle fois confirmée avec trois médailles, dont un titre – attendu – pour Célia Cancan en +78kg.
Les deux autres médailles sont en bronze, pour Léonie Minkada-Caquineau également en +78kg, et Mathéo Akiana-Mongo en +100kg.
Tous trois étaient des podiums de Bratislava il y a un mois avec l’or, déjà, pour Cancan, l’argent pour Minkada-Caquineau, battue par sa compatriote en finale, et le bronze pour Akiana-Mongo, qui, de son côté avait dominé sur le gong l’autre français de la catégorie, Kevin Nzuzi Diasivi, pour la troisième place.
La déception du jour tient dans la cinquième place de Lila Mazzarino. Double championne d’Europe en titre des -78kg, elle finit comme l’année dernière à Douchanbé, au pied du podium.
Vice-championne du monde l’année dernière pour sa première année junior, Celia Cancan, du Judo 83 Toulon, avait l’étiquette de favorite. Battue sèchement en finale il y a un an par la Coréenne Hyeonji Lee, même âge qu’elle, déjà médaillée de bronze mondiale senior 2025 et championne d’Asie 2024 mais absente à Lima, Cancan avait à première vue une voie royale pour s’offrir un titre mondial juniors après deux titres continentaux consécutifs. Une voie qu’elle sut suivre à sa manière, aussi habituelle qu’elle reste toujours aussi surprenante : expéditive ! Une seule minute lui est nécessaire pour renvoyer à ses études l’Ouzbek Umida Nigmatova, une combattante aussi précoce que talentueuse – un peu comme elle -, championne du monde cadette fin août à Sofia.
Un ko-soto-gake à gauche très malin dès l’entame, puis un uchi-mata alors que son adversaire était à genou et voilà la Varoise sacrée, ô combien logiquement.
Une judoka désormais double médaillée mondiale cadette, double médaillée mondiale junior, victorieuse d’un Grand Prix – en Autriche début mars -. Un palmarès aussi étoffé que son judo : grande droitière, la Varoise montre une remarquable capacité à savoir quoi faire, quand le faire et à ne pas douter sur un tapis. Des qualités mentales couplées à d’autres qualités : un engagement décidé – coller son adversaire ne lui fait jamais peur – et des ashi-waza (o-uchi-gari, o-soto-gari ou makikomi, ko-soto-gake) très efficaces, qui en font une équation difficile à résoudre pour ses adversaires. Cancan dont la trajectoire de performance actuelle, exceptionnelle, est telle qu’elle peut – qu’elle doit ? – avoir Los Angeles 2028 en ligne de mire.
Dans la même catégorie, Léonie Minkada-Caquineau (Sainte-Geneviève Sports Judo), junior première année, va chercher une médaille de bronze, ne perdant qu’aux pénalités contre l’Israélienne Yuli Mishiner en quart de finale. Ensuite, c’est une victoire aux pénalités contre la Japonaise Hikaru Yamaguchi, qui gardera un mauvais souvenir des Françaises ce mardi, puis un net et rapide succès contre l’Égyptienne Safa Soliman sur uchi-mata et o-tsuri-goshi. Première participation et première médaille mondiale pour celle à qui il reste encore deux années dans cette catégorie d’âge, vice-championne du monde cadette 2024. On le savait mais les résultats le confirment : la France est surarmée dans la catégorie des +78kg pour, au minimum, une dizaine d’année à venir.
Chez les masculins, Mathéo Akiana-Mongo (FLAM 91) sauve le groupe de Nicolas Mossion et Stéphanie Possamai en remportant l’unique médaille masculine sur cette compétition. Battu par le Russe Bislan Katamardov en demi-finale, comme aux championnats d’Europe, le junior deuxième année, vice-champion du monde cadets 2023, bat l’imposant Estonien Marek-Adrian Masak pour le bronze sur un contre après cinquante secondes de golden score.
Désormais médaillé mondial cadets et juniors, le vice-champion de France juniors 2025, de l’équipe senior sur les championnats du monde 2024 à Abou Dhabi, est clairement sur une pente ascendante depuis plusieurs mois. Sa défaite en finale des championnats de France et sa concurrence avec Kevin Nzuzi Diasivi, lui aurait-elle donné un coup d’accélérateur ? Si c’est le cas, alors preuve en est encore une fois que la concurrence a du bon.
Si cette journée à trois médailles restera comme la plus satisfaisante de cet événement mondial, la cinquième place de Lila Mazzarino (PSG Judo) laissera un léger goût d’inaboutissement.
En or au niveau continental juniors en 2024 et 2025, la médaillée mondiale cadette 2022 s’incline deux fois : en demi-finale face à la Néerlandaise Maria Hanstede sur un contre après une minute et trente secondes de golden score. Une revanche pour la Batave puisque Mazzarino l’avait battue nettement en finale des championnats d’Europe il y a un mois. Hanstede qui finira d’ailleurs championne du monde, face à l’Allemande Mathilda Niemeyer. Une énième confirmation de l’impressionnante capacité de ces deux pays à fournir continuellement des combattantes de qualité dans cette catégorie des -78kg !
Il y avait tout de même une médaille mondiale de bronze à aller chercher, ce qui n’est pas rien. Face à elle, la Brésilienne Dandara Camillo, médaillée de bronze mondiale l’année dernière à Douchanbé et cinquième cette saison au Grand Prix d’Autriche. Une rencontre équilibrée au départ, mais où la Tricolore allait subir à mi-combat le sode-guruma de la judoka carioca qui faisait tomber dans les pommes la Parisienne.
Trois médailles donc pour un total de cinq podiums, classant la France au cinquième rang de ces championnats du monde édition 2025.
Devant elle, un Brésil qui fait le doublé en -90kg avec la victoire de Jesse Barbosa devant Joao Segatelle – Ivan Chernyshenko (ACBB Judo) était battu d’entrée par le Russe Maksim Gordeiko sur okuri-eri-jime -, en -100kg le Serbe Milan Bulaja fait le doublé Europe/Monde, battant le -100kg de Tenri Shokei Hirano sur un sode-tsuri-komi-goshi. En +100kg, le Russe Bislan Katamardov imite le Serbe avec son spécial, un ippon-seoi-nage à droite que le Japonais Gai Hatakeyama ne peut esquiver.
Le Japon termine nettement en tête avec cinq titres pour treize médailles, devant le Brésil à deux titres et cinq médailles puis sept pays à un titre. La troisième place va à la Russie avec cinq médailles dont trois finalistes.