On pouvait tout craindre de cette forte équipe géorgienne, en particulier bien sûr ses représentants masculins, brillants encore toute la semaine sur ces championnats du monde individuels… Mais, charme des championnats par équipes, au bout de deux combats la France et la Géorgie était à égalité, mais c’est Cédric Olivar qui avait apporté le premier point contre Lasha Bekauri en +90kg, et malheureusement Gaétane Deberdt avait dû concéder le point suivant à la puissante Eteri Liparteliani sur un terrible arraché de face. Rien d’étonnant au fond car la jeune Géorgienne de vingt-et-un an a gagné en 2019 le championnat d’Europe et du monde juniors, le championnat d’Europe -23 ans et s’est classée en 2021 sur le podium de deux grands chelems.
Le jeune Gaba faisait ensuite un combat audacieux contre l’expérimenté Nugzari Tatalashvili, en bronze à Tel-Aviv et à Kazan cette année, mais, en s’engageant ainsi, s’exposait à un uchi-mata en contre du Géorgien. Il fallait arrêter l’hémorragie et Marie-Ève Gahié s’y employait en dominant dans un combat déterminé – même si elle paraissait toujours loin de son meilleur niveau — la rugueuse championne d’Europe -23 ans 2019, Mariam Tchantchuria. À toi, à moi… Le vieux briscard Avtandil Tchrikrishvili étouffait le champion d’Europe juniors 2020 Francis Damier, 356e mondial, et parvenait à le renverser sur un sode pour waza-ari alors que le jeune contreur cherchait à reprendre l’initiative. 3-2, Léa Fontaine à suivre. Une assurance presque tout risque contre la Géorgienne Sophio Somkhishvili, ancienne double championne d’Europe cadettes 2016 et 2017, qu’elle contrait durement pour ippon.
Egalité, balle au centre, tirage au sort, regards levés vers l’écran et suspens, tant les niveaux avaient paru tranchés de part et d’autre à chaque combat. Le logiciel désignait les -90kg, Damier contre Tchrikrishvili ! Les Géorgiens montraient leur satisfaction, les Français tapaient dans le dos du champion de France juniors 2020 qui levait crânement le menton. Et c’était l’erreur… géorgienne. Trop sûr de sa victoire, l’ancien champion du monde -81kg agressait d’entrée le Français au lieu de le maintenir sous la chape comme il l’avait fait tout le combat. L’affrontement partait en « cat fight », quelques secondes étourdissantes de corps-à-corps pour une arrivée sur le dos du Géorgien incrédule ! La victoire était belle, et du genre dont on tisse les grandes histoires.
La France est en demi-finale, et ce sera contre un « prenable » Ouzbékistan – un pays en progrès constant depuis l’arrivée d’Ilias Iliadis aux manettes – victorieux du Brésil. De l’autre côté, Japon et Russie seront à la bataille. Chaud devant.