Responsable de l’équipe de France masculine depuis maintenant quelques mois, Christophe Gagliano, dresse le bilan d’un évènement qui aura vu les masculins revenir sans médaille en individuel (une première depuis 1973 à Lausanne) mais en argent avec l’épreuve par équipes mixtes.
Que retenez-vous de ces championnats du monde ?
D’abord, d’avoir fini sur une note encourageante avec les équipes. Nous avions choisi d’aligner des garçons jeunes (Joan-Benjamin Gaba et Francis Damier sont encore juniors NDLR) mais qui se sont montrés hyper motivés et qui ont totalement saisi leur chance. Ça c’est pour le point positif. Ensuite, je suis partagé entre frustration et déception.
La frustration pour Walide Khyar, qui passe à deux doigts d’une finale mondiale. Il a été souvent inconstant dans ses combats mais à toujours trouver les ressources pour aller chercher la victoire. En demi-finale, l’arbitrage n’a pas aidé avec ce troisième shido donné puis retiré au Kazakhstanais. Il ne faut pas se cacher derrière ce facteur, attention. Mais cette compétition a montré une nouvelle fois un vrai problème à ce niveau entre une absence d’application cohérente d’un tapis à l’autre, un waza-ari «fourre-tout» accordé en fonction d’une position au millimètre du coude ou de l’épaule et un panel de shidos beaucoup trop important. Par ailleurs et pour être tout à fait franc, l’omnipotence des superviseurs devient usante.
Frustration aussi pour Kilian, qui s’il passait le Mongol, aurait eu de belles chances d’être médaillé. Le souci reste le peu de mouvements lancés. Il va falloir, lors du stage de Montpellier, actionner le bon levier pour le rendre disponible à s’engager plus fort sur son o-uchi-gari ou son sode-tsuri-komi-goshi.
Et les déceptions ?
Elles concernent principalement Alpha Djalo et Alexandre Iddir. Le premier a bien sûr sa part de responsabilité. Mais pas que. Dans cette catégorie, on paye des non-choix avec des choses mal enclenchées dès le départ. Était-il pertinent de sortir seul et de manière répété Alpha ? J’ai la conviction que le fait de le sortir seul et systématiquement lui ont mis une pression constante (obtenir un résultat pour être dans le quota olympique) qui n’a fait qu’entrainer des contre-performances. Une situation qui l’a finalement plus plombé qu’autre chose. Il y aussi le fait qu’il n’avait pas les armes techniques pour pouvoir lutter au sein d’une catégorie incroyablement dense. La finale, entre Casse et Grigalashvili, a prouvé que les -81kg est l’une des catégories les plus fortes du moment. La non qualification d’Alpha et de la catégorie est un vrai échec, c’est très clair.
L’autre déception vient d’Alexandre Iddir. Il nous a dit se sentir un peu usé physiquement, ce qui est compréhensible avec l’enchaînement des compétitions sur les derniers mois. Mais on l’a senti plutôt éteint, en-deça de ce qu’il avait montré à Lisbonne. Et pour le coup, lui ne manque pas de solutions techniques. Ça se joue donc plus dans la tête pour Alex.
Quel est le programme pour votre équipe avant le départ pour Tokyo ?
Les athlètes vont revenir peu à peu à l’Insep après quelques jours de repos. Guillaume Chaine, blessé au genou, va normalement reprendre le judo la semaine prochaine. Axel Clerget, lui, reprend progressivement en travaillant techniquement. Il pourra normalement refaire des randori également la semaine prochaine. Puis le 30 juin débutera le stage olympique à Montpellier où toute l’équipe sera présente dont Teddy Riner qui vient de faire une semaine de judo à Houlgate. L’accent sera mis sur la qualité et l’intensité, l’idée étant de mettre en situation au plus près de ce qui les attendent les six qualifiés. Il y aura sans doute trois séances de ce genre jusqu’au départ des premiers athlètes pour Tokyo qui quitteront le stage deux-trois jours avant son terme (prévu le 11 juillet).