Une finale avant l’heure. Tête de série n°1, Amandine Buchard (PSG Judo) et Uta Abe, tête de série n°5, se retrouvent par les grâces du tirage dans le même demi-tableau. Une configuration synonyme de demi-finale possible entre la Japonaise et la Française, un an après la finale à très haute intensité offerte au Nippon Budokan de Tokyo. Un hypothèse excitante.
Un sommet, avec, sans doute, pour celle qui sortirait victorieuse de ce bras de fer, l’hypothèse de retrouver la Kosovare Distria Krasniqi en finale.
Reste que la Française (victorieuse à Paris et à Abou Dhabi), pour s’offrir le droit d’aller chercher un premier titre de championne du monde seniors, aura un parcours tout sauf facile : un premier tour piégeux avec, a priori, la jeune pépite suisse, Binta N’Diaye, double médaillée mondiale juniors (2021 et 2022) ; puis un deuxième face à l’Italienne Martina Castagnola (cinquième au Grand Chelem de Tbilissi) ou l’Espagnole Estrella Lopez Sheriff (troisième à Tbilissi et septième lors du Grand Prix de Croatie).
Si tout va bien jusque-là, Buchard pourrait alors affronter en quart de finale l’Ouzbek Diyora Keldiyorova, victorieuse du Grand Chelem d’Oulan-Bator et, surtout, des Jeux d’Asie, où elle bat la Japonaise Ai Shishime en finale. Buchard/Keldiyorova ? Une première pour deux combattantes qui ne se sont jamais rencontrées jusque-là. Attention aux terribles sode-tsuri-komi-goshi de la protégée d’Ilias Iliadis !
Dans l’autre partie de tableau, outre Krasniqi, dans le même quart de tableau que la Hongroise Reka Pupp (victorieuse à Antalya et à Budapest), la Britannique Chelsie Giles, championne d’Europe 2022 (en battant Buchard en finale), tentera d’ajouter une nouvelle médaille internationale à sa collection après le bronze olympique de l’année dernière et l’or continental du printemps. Sentant ingénieusement les coups, Giles est sur une dynamique remarquable.

En -66kg, Walide Khyar (FLAM 91) n’aura pas non plus la partie facile. Au premier tour, c’est le Mongol Kherlen Ganbold (14e mondial) qui lui est proposé. Un judoka double médaillé de bronze en Grand Chelem cette saison (Tel Aviv et Budapest), que le Français n’a jamais eu dans les mains en compétition officielle. Si Khyar s’extirpe de l’étreinte mongole, lui qui a fini troisième à Paris en octobre puis cinquième à Abou Dhabi, Oulan-Bator et Budapest, il retrouvera ensuite l’Algérien Wail Ezzine, en argent sur les opens africains de Tunisie et d’Algérie en début d’année, avant un huitième qui s’annonce là encore rude physiquement avec le taureau israélien Baruch Shmailov. En quarts, c’est l’inusable Sud-Coréen An Baul qui se profilerait alors.
Une catégorie où le duel nippon Hifumi Abe/Joshiro Maruyama occupera une bonne partie de l’attention des amateurs. Une rivalité hors norme entre les deux -66kg japonais. Qui ne se souvient pas de leur demi-finale stratosphérique à Tokyo en 2019 ou de leur combat pour les qualification aux JO ?
Les deux meilleurs -66kg de l’olympiade précédente se retrouveront-ils pour un nouvel affrontement de très haut niveau ? L’un a remporté deux titres de champion du monde en 2017 et 2018 et un titre olympique en 2021. Le second deux titres de champion du monde (2019 et 2021), série en cours.
Ce vendredi, ils ne seront pas dans le même demi-tableau. Abe devra se défaire de l’« usure » mongole Baskhuu Yondonperenlei, champion d’Asie en titre, et sans doute du soyeux Moldave Denis Vieru. Maruyama, lui, a le Géorgien Vazha Margevelashvili (vice champion olympique) et le Coréen An Baul (médaillé de bronze) dans son tableau.
L’un des plus beaux duels de ces derniers années connaîtra-il, demain, un nouveau chapitre ? Nous avons hâte de savoir.