Alors que l’équipe de France retrouve à partir d’aujourd’hui le circuit international avec le Grand Chelem de Budapest, le niveau national aura lui les yeux focalisés sur les demi-finales seniors. Une compétition qualificative pour les championnats de France 1re division (28-29 novembre, Villebon) offrant toutefois un panorama dont la teinte principale s’avère floue et obscure : entre annulations et interdiction de pratiquer depuis plusieurs semaines pour certains, la préparation de ces demi-finales ne se sera pas faite dans des conditions optimales.
En effet, il y a d’abord eu l’annulation officielle des demi-finales Île de France et Auvergne Rhône Alpes, annoncée il y a quelques jours puis le report de celle de la ligue Nouvelle-Aquitaine, confirmée ce vendredi. S’ajoute l’interdiction de pratiquer pour un certain nombre de majeurs, habitant dans les agglomérations françaises où la situation sanitaire a poussé les autorités politiques et administratives à prendre des mesures (très) contraignantes pour la discipline. C’est le cas par exemple d’Erwan Beauval, professeur du JC Amfrevillais en Seine-maritime et compétiteur : « nous sommes interdits de pratique depuis trois semaines. Étant diplômé d’un master en préparation physique, je sais quoi faire pour m’entretenir d’ici notre demi-finale, travaillant sur ma gestion de poids et mon endurance (V02 max et PMA très poussée). D’autant qu’aller s’entraîner dans un autre département présente trop de contraintes : financières, avec les frais déplacement et familiales. D’un point de vue général, ce qui m’agace c’est la contradiction qui existe entre le fait d’organiser une compétition où il va y avoir du monde et l’interdiction de dispenser des cours à dix ou quinze ».
Touchés eux aussi par l’interdiction, certains clubs de Seine-Saint-Denis (RSC Montreuil, Tremblay, Bondy Judo, Aulnay) ont trouvé refuge chez l’AS Chelles Judo. Club situé en Seine et Marne, le club de Benjamin Gury n’a pas hésité à ouvrir son dojo de 400m2 aux clubs amis du département voisin. « On a mis de côté les séances clubs. On se sacrifie à ce niveau-là pour les copains mais comme l’IJ est fermé, cela permet d’offrir des entraînements à quatre-vingt judokas et faire de bonnes séances de randori. Quand j’analyse la situation je regrette que ce soit les seconds couteaux qui trinquent car les meilleurs peuvent continuer à s’entraîner dans les structures (Insep et pôles). Après on a pas trop le choix : soit on s’insurge de tout, soit on s’adapte. »
En Auvergne Rhône-Alpes, l’annulation de la demi-finale a, quelque part, soulagé sur Jean-Pascal Dutron, directeur technique du SO Givors : « il y avait une inégalité profonde qui me gênait puisque les clubs d’Isère et de la Drôme peuvent toujours s’entraîner alors que nous ne pouvons plus pratiquer avec les adultes depuis trois semaines. On aurait eu la possibilité d’aller s’entraîner dans le département voisin mais on a préféré respecter les règles. Essayer de contourner l’interdiction aurait pu ne pas être compris vis-à-vis d’observateurs extérieurs. Après, mes compétiteurs sont évidemment déçus car cela leur manque cruellement. Mais vu la situation sanitaire dans notre région, je trouve cela plus prudent. »