Bon ou mauvais tirage, la demi-finale sera chère !
Ce sont les championnats du monde. Tout le monde est là et quelque soit la densité des catégories – de pas simple, mais jouable à « cauchemardesque » – bien ou mal loti par le tirage au sort, il faudra se hisser à l’exceptionnel pour espérer prétendre à une médaille. L’enjeu sera d’abord de sortir de son quart de tableau et pour cela il faudra battre au moins un « cador », sinon deux pour chacun de nos représentants. À ce jeu-là, certains s’en tirent mieux que d’autres…
Deuxième partie, du 28 au 30 août 2015
féminines -70 kg / -78 kg / +78 kg
Masculins -90 kg / -100 kg / +100 kg
Féminines
-70kg : Très difficile
Deux chances Françaises dans cette catégorie dominée aux deux derniers championnats du monde par l’étonnante Colombienne Yuri Alvear, triple championne du monde (2009, 2013, 2014) et médaillée olympique 2012. C’est justement cette combattante que prendrait Gévrise Emane, dans un quart de finale ultra-décisif. A-priori, la Néerlandaise Sanne Van Dijk au premier tour, la Canadienne Alix Renaud-Roy, ne devraient pas l’arrêter avant. A-priori…
Dans l’hypothèse d’un passage en demi-finale, ce serait alors sans doute la Japonaise Chizuru Arai, qui l’attendrait à ce niveau, peut-être l’Anglaise Sally Conway n°6 mondiale, ou plus probablement la n°2 mondiale, l’Allemande Laura Vargas-Koch, finaliste en 2013. Pas simple, mais la plus dure, ce sera Alvear !
Fanny-Estelle Posvite est dans l’autre demi-tableau. Pour elle, le premier exploit est nécessaire dès le second tour pour battre la Canadienne Kelita Zupancic, 3e au Grand Chelem de Tyumen en 2015, n°3 mondiale. Elle l’a rencontrée une fois en 2014 et avait perdu ce combat. Si elle fait mieux cette fois, elle pourrait alors affronter la Coréenne Kim Seongyeon, médaillée mondiale 2013 et 8e mondiale, qu’elle n’a jamais eue dans les mains. La finale de son quart de tableau ? Ce serait peut-être contre la Cubaine Cortes Aldama, médaillée mondiale 2014 qu’elle n’a jamais rencontrée non plus, ou contre l’Autrichienne Bernadett Graf, 5e mondiale, qu’elle connaît bien en revanche pour l’avoir prise trois fois, pour trois défaites. Ce sera dur.
-78kg : Difficile, mais jouable pour Audrey Tcheuméo
C’est dès le premier tour qu’Audrey Tcheuméo sera sollicitée. Elle rencontre en effet la Cubaine Yalennis Castillo, vice-championne olympique 2008. Une référence, même si la Cubaine n’est plus au top et même si la Française l’a battue trois fois sur trois. La suite monte en puissance de façon régulière avec la grande Hongroise Abigel Joo, 6e mondiale, qu’elle connaît par cœur avec sept rencontres officielles ces dernières années, et cinq victoires au compteur, dont trois en 2015, notamment à Bakou pour le championnat d’Europe. Ensuite, la n°1 mondiale se retrouverait en demi-finale face à un sérieux danger : la Néerlandaise Marhinde Verkerk, championne d’Europe en titre, un titre qu’elle avait obtenu en dominant la Française. Une revanche éventuelle qui serait douce et qui amènerait Audrey Tcheuméo en demi-finale. Face à l’Anglaise Gibbons qui l’avait privée de finale aux Jeux de Londres ? La Slovène Velensek ? Ou Park, l’une des deux Coréennes engagées dans cette catégorie ? Une seule chose de sûr, les deux seules combattantes capables d’inquiéter une Tcheuméo en pleine possession de ses moyens, la Brésilienne Mayra Aguiar, championne du monde en titre, et Kayla Harrison, l’Américaine championne olympique sont dans l’autre tableau (avec la Japonaise Umeki, la Néerlandaise Steenhuis, la Chinoise Zhang, d’autres rivales très sérieuses…). Elles sont même ensemble dans le premier quart de tableau.
+78 kg : cauchemardesque
Si Emilie Andéol a atteint le bronze en 2014 et a encore une fois montré sa volonté de vaincre au dernier championnat d’Europe, il faudra cette fois qu’elle fasse exploit sur exploit pour espérer sortir d’un quart de tableau particulièrement escarpé.
C’est au premier tour que la bataille sera d’emblée engagée, avec la dernière très grosse chance de médaille d’or pour le Japon : Megumi Tachimoto, laquelle n’a perdu que cinq combats en quatre ans. Leurs deux rencontres datent un peu – 2011 et 2013 – mais Andeol ne l’a jamais emporté. En cas de victoire, elle ne serait pas tirée d’affaire, car il faudrait alors passer sur le corps de la grande Brésilienne Altheman, 3e mondiale et vice-championne du monde, ou écarter la Coréenne Kim Mijeong, vice-championne d’Asie 2015. Plus accessible, mais pas simple tout de même ! Enfin elle serait éventuellement opposée en quart de finale à rien de moins que la double championne du monde et championne olympique en titre, la Cubaine Idalys Ortiz ! Un sacré parcours d’obstacles.
Masculins
-90 kg : Très difficile
Pour Alexandre Iddir, son destin sera vite fixé : pour espérer briller dans ce championnat du monde, son deuxième, il lui faudra être capable de sortir le vice-champion du monde géorgien Varlam Liparteliani, sur le podium européen depuis 2010, deux fois médaillé mondial lors des deux dernières éditions. Somme toute un combat idéal pour transcender la carrière sportive encore naissante du Français de 24 ans. Il n’y a rien à perdre… Dans la foulée, il lui faudrait sans doute battre le représentant de cette redoutable équipe coréenne, Gwak Dong-Han, vainqueur du Grand Chelem de Tokyo 2014 et du championnat d’Asie 2015, à chaque fois devant le représentant japonais, le doublé médaillé mondial Daki Nishiyama. Une belle référence aussi. Ce sera donc très difficile effectivement, mais pas plus que dans d’autres tableaux. Ainsi Ilias Iliadis devrait retrouver dans son quart le champion olympique cubain Asley Gonzales et le Brésilien Tiago Camilo affronte le Russe Kirill Denisov dès le premier tour !
-100kg : Difficile, mais jouable
La première journée l’a montré, il n’est pas vraiment bon de rencontrer les combattants nationaux, d’autant plus si, comme Maxim Rakov, ils ont déjà été champions du monde. Mais Cyrille Maret en a vu d’autres et il a toujours battu ce petit combattant technique. Il faudra le faire cette fois avec l’enjeu, qui lui a déjà joué de mauvais tours, et le public hostile, mais en début de journée la pression des spectateurs n’est pas bien grande dans l’immense Alau Arena. Le danger suivant arrive en finale de quart de tableau et s’appelle Elmar Gasimov. Le combattant azéri a gagné le Masters 2015, il est 5e mondial, mais Maret est second à ce classement et là encore, les statistiques sont en sa faveur. Si leurs deux rencontres sont lointaines (2011 et 2012), il l’a emporté par deux fois. Alors nous voici déjà dans l’hypothèse des demi-finales ? Ce sera plus dangereux avec l’Allemand Peters, médaillé mondial, le Japonais Haga et ses grands uchi-mata, le Néerlandais Grol en quête de titre mondial après trois finales et qu’il n’a battu qu’une fois. Mais si notre Dijonnais sort vainqueur de son quart, tout devient possible…
+100kg : jouable évidemment
La question est : quand rencontre-t-il ses adversaires les plus crédibles ? Le premier n’arrive qu’en quart, et ce sera probablement le petit Géorgien Matiashvili. Il a progressé et obtenu d’accompagner son leader Okruashvili sur ce championnat, mais ce sera encore bien juste. En demi ? Le Coréen Kim Sung-Min, le champion d’Europe Or Sasson – dont il faudra quand même gérer l’excellent seoi-nage -, le Hongrois Barna Bor ou le Néerlandais médaillé mondial Roy Meyer, un petit gabarit tonique. Une victoire de l’un d’entre eux sur notre invincible serait un coup de tonnerre. Les plus dangereux : le Russe Saidov, le Tunisien Jaballah, le Géorgien Okruashvili et surtout le Japonais Shichinohe sont dans l’autre tableau. En plus d’être le meilleur, Teddy Riner a un bon tirage. Y a vraiment pas de justice.