Pas de médaille pour les autres clubs français engagés

Avec cinq équipes engagées (trois masculines, deux féminines) dans ce championnat des clubs européens (2ème division) organisé à Tbilissi, on se disait qu’il y avait de quoi espérer voir flotter le drapeau tricolore lors des remises de récompense. On est loin du compte. Sauf pour l’AJ Limoges qui s’offre une médaille de bronze…contre l’autre équipe française.
Récit depuis le New Sport Palace de la capitale géorgienne, ses drapeaux « aux cinq croix », ses spectateurs avec de vraies « gueules », barbes noires et bonnets vissés sur la tête, prêts à s’enflammer pour l’exploit d’un des leurs.
Si la salle n’a pas fait le plein ce samedi, la finale donna un aperçu de la ferveur du public géorgien. Et ça vaut le coup d’œil.

Shavdatuashvili-Gviniashvili-Matiashvili : trio magique

Cela s’annonçait corsé pour les masculins. A la fin de ce samedi, l’euphémisme s’est révélé vérifié. Voire plus. Sartrouville finit 7ème, Nice Judo et Sucy Judo 9ème.
Les premiers, emmenés par leur « Capitaine courage » Laurent Meseguer, remportent deux confrontations, dont une contre Sucy Judo en repêchages. Un combat viril, acharné et plein de suspens, Vincent Massimino offrant la victoire au COS sur un superbe harai-goshi contre Adrien Pin. Auparavant, Mehdi Tobrouki (-81kg) plaça un amour d’uchi-mata sukashi à Dimitri Gomes Tavares. Tobrouki a « fait le job » aujourd’hui et de belle manière. Tout comme, mais c’était attendu, Axel Clerget qui a fait parler sa science des shime waza (étranglements).
Sucy Judo, handicapé par les blessures (Papa Doudou N’Diaye en -8kg, Hugo Fonghetti en -66kg) finit donc 9ème. Tout comme les Niçois, opposés aux Tchètchènes de Grozny, qui comptait en Mansur Isaev un supporter très attentif et concentré. Les protégés de Michel Carrière n’ont pas à rougir. Leurs adversaires finiront sur le podium, emmenés par Yakub Shamilov (-66kg) que vous retrouvez dans notre Academy. À noter la victoire pour l’honneur de Renaud Carrière sur le champion du monde juniors 2015 Tamerlan Bashaev. Celui-là même qui offrira le point de la victoire à Grozny dans la petite finale avec son ko-uchi makkikomi. Une technique qu’il avait déjà parfaitement su utiliser à Abou Dhabi lors de son titre en octobre. En repêchages, l’équipe niçoise, dont cinq judoka ont débuté le judo sur les tatamis du club, ne trouveront pas la solution contre les Slovaques du MSK Vranov.

Qui donc pour la gagne parmi l’escouade d’équipes russes et les deux équipes du cru ?
Sagaredjo FF Superstars faisait figure d’épouvantail avec Lasha Shavdatuashvili (-73kg), récent 5ème à Tokyo et « bébé Iliadis » et Beka Gviniashvili (-90kg), à la même position dans la capitale tokyoïte, triple champion du monde juniors et 5ème à Astana. À seulement 20 ans. Monstre de précocité et de puissance, c’était lui la « star » du jour au New Sports Palace.
Lui et Levani Matiashvili (+100kg), qui offrit une victoire méritée et saluée par une foule qui s’embrasa après le magnifique de-ashi-barai qu’il infligea à son adversaire russe.
Avant lui, le champion olympique des -66kg de Londres trouva le courage de ne pas taper sur une clé pourtant parfaitement installée. Il l’emportera aux pénalités, sans broncher.

 

Serrant la main de son adversaire avec la main gauche, Shavdatuashvili pouvait commencer à grimacer sans discontinuité, se tenant sans cesse le coude. La blessure est visiblement là. Mais le Géorgien ne l’a montré qu’une victoire la victoire acquise. Respect à ce samouraï du Caucase.
Gviniashvili ramènera les deux équipes à égalité avec son « spécial » : main droite à la ceinture et énorme coup de hanche. Cela paraît simple. Mais l’efficacité est prodigieuse.
Ces trois-là ont porté leur équipe, devant leur public, vers la Golden League avec une motivation et une envie exemplaires. L’un des traits de ces judokas géorgiens qui forcent l’admiration.

Limoges sauve l’honneur

Seulement six équipes en tableau chez les féminines. Conséquence : la Couronne-Grand Angoulême est directement en demi-finale contre le club hollandais JTS Noord Host.
Les filles de Guillaume Avril s’inclineront 3 à 2 contre une équipe à leur portée. Très frustrant pour les sœurs Pierret (Julie et Claire), Louise Raynaud, Margaux Hérault et l’italienne Maria Centracchio. Un peu en dedans, avec le frein à main. L’arbitrage ne les ayant pas forcément aidé non plus. Encore l’arbitrage vous direz-vous ? Malheureusement oui.
Difficile de ne pas lever les yeux au ciel quand lors du combat de Raynaud (double médaillée de bronze aux 1ère div.), une moulinette sortie de nulle fait basculer le premier point en faveur de la Hollandaise, peu entreprenante. Décision étonnante donc sur la physionomie du combat. 
La victoire se joue au quatrième combat, Natascha Ausma (3ème aux Monde juniors 2015) lançant un gros o-soto-gari pour ippon alors que Herault menait waza-ari apryès un joli sode.
Direction donc la place de trois contre l’AJ Limoges. Battu en ¼ par le SK Shabolovka (Russie) au bout du bout par une clé de bras subie par Audrey Thorel, l’équipe des sœurs Posvite (Fanny-Estelle ne combattait pas, légèrement blessée aux ischios) retrouvait donc l’autre équipe tricolore pour une place sur le podium.

Et le score fut sévère : 4-1. En -52kg, Combeau profitait d’une attaque sans vraie impact de Raynaud pour la contrer (yuko). En -57kg, Véronique Mandeng trouvait l’ouverture au golden score, tandis que Laury Posvite faisait le décalage de pénalité devant Claire Pierret.
3-0 puis 4-0 avec le o-goshi de Stéphanie Faure.
Julie Pierret sauvait l’honneur en ne-waza.
Après sa médaille d’argent à Toulouse, le club entrainé par Adil Fikri monte à nouveau sur un podium. Européen cette fois-ci.
Les Limougeaudes pouvaient se congratuler longuement en sortant du tapis et recevoir les applaudissements des copines qui n’économisèrent pas leur voix.
Belles images d’une groupes d’amies à l’unisson, elles qui se connaissent parfois depuis leur enfance. C’est aussi ça la belle histoire des « équipes ».

Côté La Couronne, c’était bien entendu la soupe à la grimace. Mais nul doute que ce groupe de filles à la tête bien faite (kinésithérapie pour Claire Pierret, pharmacie pour Louise Raynaud et CAPES de sport pour Julie Pierret) feront partie des équipes prétendantes au podium des France 2016.

De finale, il n’y eu point. Un 5-0 sec. Les Hollandaises ont puni l’équipe russe qui avait sorti l’AJ Limoges. Et du orange sur la plus haute marche du podium.