La défaite 4-1 contre Israël, hier, pour la médaille de bronze aura sans doute ajouté à la déception. Présente aux côtés de quarante-deux autres pays pour ce Festival olympique de la jeunesse européenne (FOJE) organisé à Banska Bystrica (Slovaquie), la France termine à un maigre bilan de trois médailles, uniquement féminines (une d’argent, deux de bronze) pour une quatorzième place au classement final.
Un événement au règlement plutôt particulier puisque ne pouvaient être inscrits que des cadets troisième année ou des juniors première année (2004 et 2005). De même, les huit catégories présentes reprennent les sept habituelles du circuit juniors et seniors mais également les -55kg et -44kg, spécifiques aux cadets. Enfin, un nombre de douze combattants maximum par pays est fixé, sans possibilité de doubler une catégorie, mais avec le choix d’envoyer plus de masculins que de féminines (ou inversement).
Dans ce cadre, la politique de l’équipe de France actuelle s’inscrit dans la continuité des précédentes éditions : ne sélectionner que des cadets troisième année tout en instituant une parité avec six féminines et six masculins. Toutefois, le staff féminin et masculin partirent sur deux choix différents quant aux sélectionnés : Véronique Laude (responsable féminine) et les autres entraîneurs féminins choisirent d’envoyer six judokates qui n’avaient pas participé aux championnats d’Europe, alors que Gilles Nahon (responsable masculin) et son staff décidèrent de titulariser quatre combattants déjà présents en Croatie il y a un mois. Précisons également que le +90kg titulaire à Porec pour les championnats d’Europe, Mathéo Akiana Mongo, n’est que deuxième année et ne pouvait donc être sélectionnable pour ce FOJE.
Enfin, avec 297 participants pour seize catégories, cette compétition présentait logiquement des catégories peu denses : huit judokates en -44kg, onze en -55kg, cinq en +78kg, huit en -100kg, douze en -48kg.

Dans cette configuration, la France monte donc trois fois sur podium : le premier jour avec Clara Mermet (Vaucluse Judo) qui va chercher le bronze en -44kg après trois combat. Emma Melis (Montpellier Judo Olympic) finit également en bronze en -57kg. La Montpelliéraine qui ne s’incline que face à la future médaillée d’or, l’Azerbaidjanaise Fidan Alizada, championne d’Europe fin juin. Enfin, Bintinbe Lang (Judo 83 Toulon) s’offre l’argent en +78kg au bout de trois rencontres (deux en poule puis la finale).
Pas de médaille en revanche pour les six masculins tricolores dont deux classés, avec Raphaël Synold (-55kg, Arts martiaux Saint Gratien) et Thomas Puchly (-81kg, Montpellier Judo Olympic), tous deux cinquièmes.
Une compétition dominée par les Pays-Bas (trois titres, une médaille d’argent, une médaille de bronze) suivi de près par l’Ukraine (trois titres, deux médailles de bronze) et la Géorgie (deux titres, cinq médailles de bronze). Notons que sur les seize vainqueurs, huit sont cadets, huit sont juniors. Reste toutefois une disproportion quand on regarde le genre puisque six des huit médailles d’or encore cadets sont des féminines (-44kg, -48kg, -57kg, -63kg, -70kg et +78kg) contre seulement deux masculins (-55kg et -100kg).

Dans la compétition par équipes, l’Azerbaïdjan inflige une défaite nette à l’Ukraine pour le titre (quatre à zéro), après avoir battu la France en demi-finale, lors d’un septième combat décisif (trois partout à la fin des six rencontres). Une rencontre couperet pour laquelle ce fut la catégorie des +90kg qui fut choisi par le logiciel. Kanan Nasibov, troisième à la coupe européenne juniors de Nanterre (il est junior 1re année), bat Fedy Khazri (Olympic Judo Nice), vice champion de France cadets dans les premières secondes du combat pour ce qui aura été le troisième combat entre eux, après le deuxième tour des individuels en +100kg (Nasibov avait gagné et finira en bronze) et le premier combat de cette rencontre entre l’Azerbaidjan et la France.
L’Azerbaidjan, deuxième des championnats d’Europe cadets individuels, deuxième également lors de ce FOJE et vainqueur de l’épreuve par équipes hier récoltent ainsi les premiers fruits d’une politique où la formation d’une nouvelle génération (masculine mais aussi féminine, puisque les Azerbaidjanaises récoltent trois médailles en individuels) fait l’objet d’un investissement important. Échaudé par son échec aux JO de Tokyo, le judo azerbaidjanais met les (gros) moyens pour construire sa future équipe en vue de Los Angeles 2028. Et ça se voit.
La France, victorieuse de la Slovénie (4-2) puis de l’Allemagne (4-3) en éliminatoires se voyait donc affronter Israël pour le bronze après sa défaite en demi-finale. Une équipe israélienne où les cadets étaient majoritaires (quatre contre deux juniors) avec en son sein la pépite Kerem Primo, cinquième du Grand Chelem d’Oulan-Bator dans sa nouvelle catégorie des -63kg, elle qui n’est que cadette troisième année mais déjà championne d’Europe et vice championne du monde juniors 2021 !
Une rencontre perdue 4-1 donc dont un hansokumake infligé à Kylian Noël (-66kg, vice champion d’Europe cadets 2022, Stade Clermontois Judo), pour avoir gardé un juji-gatame engagé alors que l’arbitre avait donné matte quelques secondes plus tôt. Une situation floue – le Français n’ayant visiblement pas entendu l’arbitre alors que l’Israélien semble l’avoir entendu au vu de son relâchement – que les superviseurs jugeaient, eux, comme un action illicite du champion de France.
Le seul point français revient à Faustine Wallon (championne de France 2022, -52kg, Toulouse Balma Arts martiaux) qui immobilise Sofiia Kuchkova au golden score lors d’un combat acharné où l’Israélienne marque un waza-ari sur makikomi à deux minutes du terme sur lequel l’arbitre du centre ne bronche pas. Une cinquième place par équipes qui clôt donc cette édition des FOJE 2022. Une saison (très longue et usante) qui s’achèvera dans un mois  avec les championnats du monde (24-27 août, Sarajevo, Bosnie-Herzégovine) auxquels –  on vient de l’apprendrec- une délégation japonaise de six combattants (-48kg, -63kg, +70kg et -60kg, -73kg et +90kg) sera présente.