Neuf engagés français, cinq places de troisième

Ce Grand Chelem de Russie se montre très agréable à suivre en cette première journée, avec des combattants qui se livrent, un arbitrage qui, il faut le noter, semble s’ajuster progressivement en devenant plus discret et plus pertinent, ce qui éclaire le jeu. Le niveau n’est pas tout à fait celui d’un très grand rendez-vous mondial, à cause des absents, dont, par exemple, les meilleurs Coréens… et même les meilleurs Russes, puisque pour cette première journée, Moscou n’avait engagé en -60kg ni son champion d’Europe Robert Mshvidobadze, ni son champion olympique Beslan Mudranov, tandis qu’en -66kg, le double vice champion du monde Mikhail Pulyaev n’était pas là, et le champion d’Europe (2015) Kamal Khan-Magomedov non plus. Mais les autres prétendants sont forts aussi et le niveau se densifie nettement dans les phases finales.

Quatre sur quatre (finales) pour le Japon

Pour cette première journée, c’est le Japon qui fait fort, en plaçant ses quatre représentants du jour en finale, avec une seule anicroche pour Udakae Nae en -57kg, pourtant impressionnante sur la journée (avec notamment une victoire sur la championne olympique brésilienne Rafaela Silva), mais qui se fait mystifier en finale par l’expérimentée Myriam Roper, désormais panaméenne, la nationalité de son père. Motivée, la championne allemande fait une grosse journée et sa joie à faire éléver ses nouvelles couleurs et à fredonner l’hymne faisait plaisir à voir. Sinon le -60kg Ryuju Nagayama, qui n’est encore que 28e mondial, fait un numéro tout en nonchalance, explosant littéralement le solide -60kg Géorgien Amiran Papinashvili en finale. Jeté sur uchi-mata en bouts de manche, contré sur ura-nage en sortie d’attaque et finalement balayé en de-ashi-barai… Même impression de balade tranquille pour Soichi Hashimoto en -73kg, qui met un point d’honneur à finir par un ippon sur le Brésilien malin Marcelo Contini, finalement éparpillé à six secondes de la fin sur une triple attaque en sode-tsuri-komi-goshi alors que le Japonais menait déjà de deux waza-ari. Les Russes prennent leur première médaille d’or en -66kg avec Abdula Abdulzhalilov, alors qu’on attendait plutôt l’avénement d’Anzaur Ardanov, ou le triomphe de Yakub Shamilov, auteur d’une première partie de journée exceptionnelle. La densité est clairement au rendez-vous chez les Russes.
Deux finales japonaises chez les féminines et de l’or pour la toujours jeune (22 ans) Ami Kondo, implacable au sol. En -52kg, la double médaillée mondiale brésilienne Erika Miranda parvient à passer le tir de barrage des deux excellentes Russes de la catégorie, la médaillée olympique Natalia Kuziutina et la médaillée européenne Alesya Kuznetsova, dans deux combats de très bon niveau.

Mélanie Clément prend du poids

La France fait elle aussi une belle prestation en plaçant cinq de ses engagées sur le podium, pour neuf représentants en piste aujourd’hui. 
Chez les féminines, avec deux médailles de bronze, ce n’est qu’un résultat moyen tant on est habitué à mieux. Astride Gneto (-52 kg) dominée au sol par Alesya Kuznetsova et surtout la déception de l’échec rapide d’Hélène Receveaux (-57kg) contre une Mongole 55e mondiale Enkhriilen Lkhagvatogoo relativise l’enthousiasme. Amandine Buchard (-52kg) se reprend bien après son championnat d’Europe ratée, mais elle aussi bute sur l’acharnée Kuznetsova, qui finit par la contrer au golden score. Cette dernière, qui n’était encore que 41e mondiale, est en train de s’imposer comme l’une des leaders russes de niveau mondial… dans la même catégorie que la n°1 russe, Natalia Kuziutina.
La très belle impression féminine française ce samedi vient du côté des -48kg. Mélodie Vaugarny avait obtenu le sésame pour ce gros rendez-vous et fait la meilleure prestation possible en allant jusqu’au second tour se heurter à la Kazakh Galabadrakh, n°2 mondiale.
Mais Mélanie Clément, titulaire malheureuse des championnats d’Europe, surprend par sa consistance nouvelle. Cette grande gauchère, fait des progrès réguliers depuis qu’elle sort fréquemment à l’international avec des responsabilités nouvelles. Après deux tours rondement menés, elle fait un combat très solide sur l’ancienne championne du monde japonaise Ami Kondo, qu’elle pousse au golden score. En place de trois, elle en finit en quelques secondes sur un gros ippon en mouvement de hanche face à la Russe Persidskaia, 19e mondiale. Remise en question par son échec à Varsovie, Mélanie Clément vient de gagner sa place pour le championnat du monde. 

Revol prêt à tout

Trois médailles de bronze en revanche pour nos masculins, c’est une excellente nouvelle. En -60kg, Cédric Revol, 27e mondial, qui avait montré de l’énergie et du talent au championnat d’Europe, réussit sa deuxième performance de ce niveau après sa médaille de bronze au Grand Chelem d’Abou Dhabi en octobre, où il avait battu le futur champion d’Europe Robert Mshvidobadze. Maheureusement pour lui, il subit sa troisième défaite de suite contre le Géorgien Papinashvili, troisième mondial, mais c’est lui qui sort pour le bronze le n°2 géorgien Lukhumi Chkhvimiani, 17e mondial, avec ses seoi-nage. Une vraie dynamique pour ce garçon de 22 ans qui se hisse sur ces podiums significatifs et peut rêver non seulement d’aller aux championnats du monde de Budapest, mais aussi de s’approcher d’une médaille. 

Axus, international compatible

Et ce n’est pas une, mais deux bonnes nouvelles qui viennent des -73kg. On attendait le retour de Pierre Duprat à ce niveau d’opposition, après sa victoire à l’Open du Maroc, il se montre une nouvelle fois en forme. Pas d’adversaire à sa mesure pour cette médaille de bronze qu’il va chercher contre le Néerlandais Sam Van T Westende, 30e mondial, sinon l’époustouflant Japonais Soichi Hashimoto qui se contente d’un waza-ari obtenu rapidement contre lui. C’est sa seule défaite depuis son retour, depuis son combat perdu des Jeux olympiques contre le Russe Iartciev.
La seconde bonne nouvelle, c’est la confirmation que le champion de France Benjamin Axus a vraiment les moyens d’imposer son style de grand longiligne latéralisé aussi à l’international. Encore 69e mondial, et avec comme seule référence récente une cinquième place à l’Open d’Italie, il se montre tactiquement et mentalement dominant, très éprouvant pour ses adversaires, dont le Suédois Tommy Macias, médaillé au dernier championnat d’Europe et troisième mondial tout de même. Marquant le premier, le Suédois pensait avoir fait le plus difficile, mais il se faisait prendre en compte avec maîtrise par l’envahissant Français. Même constat en place de trois face au Canadien Arthur Margelidon, 21e mondial, qui marquait le premier lui aussi avant de se faire contrer. 
Le seul à trouver la faille et le Brésilien Marcel Contini, un combattant qui a ramené de l’or de deux Open panaméricains en mars, qui parvient à le contrer, mais qui ne s’est pas du tout amusé contre le Français. Une grosse impression laissée par le Parisien donc, et une jolie accolade avec Pierre Duprat à leur descente de tapis. Sympa.
Des médailles masculines, ce qui fait plaisir, mais aussi de gros points, qui vont en amener d’autres. C’est important car la machine va s’emballer à partir de cet été. Il est vraiment temps de se placer.