Ils sont tous les nés en Russie. Cousins, Somon, 24 ans, et Makhmadbek, 23 as, ont pourtant choisi de défendre les couleurs de deux pays différents. Le premier combat depuis maintenant plusieurs années alors que le premier défend les couleurs du pays des Tsars. Ce samedi, ils font à nouveau le doublé puisqu’après le Grand Prix du Tadjikistan à Douchanbé, Somon s’impose en -81kg alors que Makhmadbek domine les -73kg ce samedi à Astana. Quatrième victoire consécutive pour le Russe sur le circuit FIJ après les Grands Chelems de Bakou en 2021 et Oulan Bator en 2022. S’il passe à travers aux championnats du monde de Doha – avec une préparation tronquée -, ce dernier, avec les mille points remportés aujourd’hui, se rapproche très sûrement du top 10 mondial. Un judoka complet, à l’aise et solide en ne-waza. Il gagne d’ailleurs sa finale contre le Polonais Adam Stodolski sur un dégagement de jambe. Une de ses trois victoires par ippon du jour (la quatrième est obtenue aux pénalités) pour un judoka qui fait primer la recherche de la valeur.
Le Tadjik, lui, est actuellement 24e mondial et signe ici sa seconde médaille en Grand Chelem, après le bronze de Bakou, cette année. Pour l’or, il domine le Brésilien Guilherme Schimidt, neuvième mondial, aux pénalités. Un judoka carioca qui avait fini comme un avion la saison dernière (victoires à Antalya, aux championnats panaméricains et à Budapest) mais hors du coup depuis septembre avec à son compteur deux septièmes places en tout et pour tout.
Chez les féminines, la Coréenne Jisu Kim réalise un come-back parfait chez les -63kg puisque ce Grand Chelem était la première compétition internationale depuis les JO de Tokyo où elle avait participé en -57kg et avait été battue par Sarah-Léonie Cysique, pour cette judoka du Pays du Matin-Calme. Ce samedi, elle s’impose à la puissante Australienne Katharina Haecker en plaçant deux fois la même attaque : un o-uchi-gari à gauche en bout de manche. Très jeune puisqu’elle n’a que 22 ans, avec Huh Mimi bien installée à la cinquième place mondiale en -57kg, l’équipe féminine coréenne vient sans doute de trouver sa -63kg en vue de Paris.
Dans la catégorie supérieure, seconde victoire de rang pour la musculeuse Grecque Elisavet Teltsidou. Sur la plus haute marche déjà à Antalya, cette combattante, qui avait battu Margaux Pinot au premier tour des Jeux olympiques, remet cela à Astana en contrant la Néerlandaise Sanne Van Dijke, coupable d’une attaque trop lente après 1’50 de golden score.
Margaux Pinot qu’on attendait justement ici après sa victoire pleine de maîtrise à Douchanbé. Mais ce fut une douche froide pour la championne olympique par équipes. Dès son entrée en lice cette dernière avait en effet un tour piégeux face à la Chinoise Yingying Feng, 23 ans et 52e mondiale. Beaucoup sortie depuis le début 2023 avec huit compétitions au compteur pour deux septièmes places en Grand Chelem elle battait dès le premier tour la Japonaise du jour, Riho Saiganji qui trouvait la faille face à Pinot sur un harai makikomi à gauche après deux minutes. Une Chinoise qui conservera tant bien que mal son avatange jusqu’au bout à coup d’attaques sans préparation et de précieuses secondes grignotées au sol sans réelle volonté de travailler en ne-waza. Une tactique désormais éprouvée sur le circuit mondial. Feng qui finira finalement cinquième ce soir mais qui aura accroché une Nipponne et une Française à son tableau de chasse. Côté français, c’est une occasion manquée de possiblement rentrer dans le top 10 pour Pinot.
Chez les masculins, Benjamin Axus, lui aussi médaillé – mais de bronze – à Douchanbé tombe d’entrée face au Polonais Stodolski, futur finaliste. Pourtant, le début de combat du judoka de l’AJA Paris XX était très bon, dominant toutes les séquences avec son allonge et ses ashi-waza. Mais à quinze secondes de la fin, le Polonais plaçait un sasae-tsuri-komi à gauche cruel alors que le Français semblait payer les efforts du début de combat. Rageant.
En -81kg, Tizie Gnamien perd dès son entrée en lice face au Russe Khasan Khalmurzaev, champion olympique 2016, lors d’un âpre combat entre gauchers. Un judoka russe qui revenait après deux ans d’absence et les championnats du monde 2021. Plus classé à la ranking-list, ce combattant originaire d’Ingouchie et qui avait signé son dernier podium en 2020, – c’était au Grand Chelem de Düsseldorf – bat le jeune Français, vice champion d’Europe -23 ans en 2022, sur un o-soto-gari dix secondes après le début du golden score.
Arnaud Aregba pourra lui en vouloir aux superviseurs. Vainqueur du Finlandais Oskari Makinen au golden score sur un ko-uchi-gari où il reste bien collé malgré une tentative d’arraché, le judoka parisien se voit disqualifié face à l’Espagnol Jose Maria Mendiola Izquirta pour avoir touché la tête sur une tentative d’uchi-mata. Une règle qui fit de nombreux dégâts lors des championnats du monde de Doha et qui, ce samedi, punit le Français dont la tête doit toucher le sol un quart de seconde avant son épaule droite et alors que l’intégrité physique du Tricolore n’est à aucun moment mise en danger.
La règle est la suivante : si llors d’une attaque vers l’avant, la tête touche le sol en premier (même si cela se joue au dixième de secondes avant que l’épaule ne touche également), le hansokumake doit être donnée. Une application stricte et littérale du règlement qui ne rend pas justice à notre discipline et à ses principes.
Avec deux médailles de bronze en -73kg, le Kazakhstan chipe la deuxième place à la France au classement des médailles. Pas de changement en tête avec toujours l’Italie et ses deux titres d’hier.