Manuel Lombardo remporte son second Grand Chelem consécutif.
Crédit photo : Tamara Kulumbegashvili/IJF

Un samedi sous le signe du trois. Trois, comme le nombre de Français engagés ce samedi : Maxime Gobert (OJ Nice) en -73kg, Daniyl Zoubko (ES Blanc-Mesnil Judo) et Luca Otmane en -81kg. Si les deux derniers s’imposent lors de leur entrée en lice, face au Roumain Adrian Sulca, champion d’Europe et du monde juniors 2021 dans la catégorie inférieure et monté depuis février, pour le premier, et le Mongol Bochor-Ochir Gereltuya, septième des championnats d’Asie, pour le second. Deux victoires puis deux défaites contre le puissant Moldave Victor Sterpu, revenu début mars sur le circuit après une suspension pour dopage pour Otmane et l’Allemand Timo Cavelius, cinquième la semaine dernière à Douchanbé. Gobert s’inclinera lui au premier tour, face au Kazakhstanais Bakhitzan Abdurakhmanov, vingt-cinq ans et 75e mondial. Trois défaites en éliminatoire, mais deux contre de futurs médaillés du jour puisque Cavelius terminera en argent en -81kg alors qu’Abdurakhmanov se parera de bronze en -73kg. 

Trois, comme le nombre de médailles d’or pour des combattants du Vieux Continent : chez les féminines et en -63kg, l’or va à la Croate Katarina Kristo, deuxième à Paris — elle avait donné beaucoup de fil à retordre à Clarisse Agbegnenou en finale —, troisième à Antalya et qui remporte ici au Kazakhstan son premier Grand Chelem. Une montée en puissance très nette pour la vingtième mondiale de seulement vingt-deux ans. En finale, elle bat aux pénalités la championne d’Europe 2023, la Slovène Andreja Leski. Le profil d’une potentielle médaillée olympique sur une journée parfaite. 
En -70kg, grosse surprise avec la victoire de la junior portugaise Tais Pina ! Une dynamique en forme de course très longue distance pour la Lusitanienne puisqu’il s’agissait aujourd’hui de sa huitième compétition senior depuis fin janvier 2024 ! Un marathon à la qualification olympique que Pina pourrait bien s’offrir puisqu’elle va se positionner comme première non sélectionnée parmi les dix-sept premières de la ranking list olympique. En finale, elle arrache la n° 2 croate de la catégorie, Lara Cvejko. 
Chez les masculins, Manuel Lombardo et son sode-tsuri-komi-goshi accueille son second succès de rang après Tashkent début mars. En finale, il bat le Russe Danil Lavrentev, vice champion d’Europe il y a deux semaines et qui finit une nouvelle fois devant Makhmadbek Makhmadbekov, son rival national, en bronze cet après-midi. Le duel est serré, presque étouffant. 
Lombardo, lui, va se repositionner à la… troisième place de la ranking list olympique. 
Seule victoire non européenne, l’Ouzbek Sharofiddin Boltaboev en -81kg. Une victoire qui va faire du bien au moral pour le protégé d’Ilias Iliadis puisque s’il avait fini en argent à Tbilissi, il n’était plus monté sur un podium depuis août 2022 ! 

La Russie reste en tête ce soir avec deux titres et deux médailles d’argent devant l’Italie avec un titre, une médaille d’argent et deux de bronze dont celle de la néoItalienne Kim Polling en -70kg. La combattante néerlandaise de naissance qui a pu garder ses points — un point du règlement confirme ce fait — mais dont le changement de nationalité a jeté le trouble et a beaucoup fait réagir au sein du monde des entraîneurs, à seulement deux mois et demi des Jeux olympiques. De multiples craintes exprimées, notamment sur le fait que des pays pourraient être tentés d’acheter certains athlètes à quelques mois des JO pour, par exemple, compléter leur équipe mixte ; de la colère également vis-à-vis d’une configuration contraire a posteriori au règlement a posteriori : à Antalya, l’Italie avait aligné deux judokas italiennes en -70kg (Martina Esposito et Irene Pedrotti). Kim Polling y était inscrite aussi, mais comme Néerlandaise. Elle avait d’ailleurs terminé cinquième, marquant donc des points… qu’elle a gardés en devenant italienne. Un fait qui fait dire qu’a posteriori trois Transalpines ont eu la possibilité de marquer des points, ce qui est contraire au règlement de la FIJ puisqu’on ne peut inscrire un maximum de deux combattants par catégorie sur une compétition hors de son pays. Un trou dans le règlement international.