Avec le forfait de dernière minute du groupe féminin de Christophe Massina, l’attention tricolore était ce matin logiquement tournée vers les garçons de Christophe Gagliano. Dernier grand rendez-vous du circuit international avant les championnats du monde d’octobre – soit un interstice de trois mois tout de même ! -, ce Grand Chelem de Budapest a pour enjeu d’être l’ultime chance de frapper les esprits pour les onze masculins français sélectionnés. En effet, une partie de la sélection garçon pour Tashkent (Ouzbékistan) et le grand rendez-vous mondial sera donnée dans la foulée de cet événement hongrois.

Valadier-Picard saisi sa chance
Une configuration qu’a saisi Romain Valadier-Picard pour réaliser la performance du jour, dans une catégorie des -60kg où il se passe décidément quelque chose depuis le début de l’olympiade.
Car si le médaillé européen de Sofia, Cédric Revol, a dû renoncer pour cause de covid-19, le petit lutin malin de l’ACBB Judo, junior troisième année rappelons-le, a su opportunément profiter d’un tableau plutôt clément pour aller chercher son second podium en Grand Chelem de la saison après Paris en octobre dernier.
Battu en quart de finale par le Belge Jorre Verstraten, futur vainqueur et médaillé de bronze à Sofia aux côtés de Revol, sur un ko-soto-gari bluffant de timing, Valadier-Picard s’appuie sur son tokui-waza pour déposer presque délicatement sur le dos le Kazakhstanais Narbayev dans le combat pour le bronze. Un tai-otoshi au ras du sol qui fait une nouvelle fois mouche.
S’il peut parfois se piéger lui-même avec un rythme effréné qui débouche parfois sur des fausses attaques, le sens du timing et la maîtrise technique de Valadier-Picard font du jeune -60kg un garçon en progression constante. Sélectionné pour les championnats du monde juniors mi-août où il fera partie des favoris, ce spécialiste de juji-gatame se retrouve dans une dynamique plus qu’intéressante : désormais double médaillé en Grand Chelem, une médaille mondiale en juniors placerait l’élève de Sebastien Calloud sur une rampe de lancement quasi-parfaite dans la perspective de Paris 2024, comme le montre le parcours « type » des médaillés mondiaux ou olympiques (voir L’Esprit du Judo n°69).
Avec Cédric Revol, médaillé à Abou Dhabi et aux Europe et Luka Mkheidze, médaillé olympique, la France possède en -60kg une concurrence très forte en densité et qualité. Une excellente nouvelle en soi.

Cinquième en Mongolie, Walide Khyar récidive ce vendredi à Budapest. Une place synonyme de frustration intense. Serein lors de ses trois premiers combats, le médaillé du Grand Chelem de Paris 2021 ne peut rien sur le o-uchi de grizzly d’Hifumi Abe en demi-finale. Pour le bronze, le champion d’Europe 2016 subit trois shidos contre l’Israélien Tal Flicker. Une nouvelle fois classé, Khyar montre donc de la régularité même si cette cinquième place est la troisième de la saison à ce niveau de compétition.

Le Japon à sa main
Une première journée où le Japon réalise un sans-faute. Star de la journée, le golden boy des -66kg, Hifumi Abe et son dossard doré, n’aura pas eu à forcer pour remporter son dixième Grand Chelem en carrière.
Travaillant essentiellement sur les manches de ses adversaires, avec une posture pas forcément orthodoxe, le champion olympique, invaincu depuis sa médaille de bronze aux championnats du monde 2019 (vingt-six combats tout de même) transperce deux fois la défense de l’Ouzbek Subhonov, grosse surprise de la journée, vingt-six ans, second Grand Chelem en carrière et 197e mondial.
Une sortie de gala pour Abe, sélectionné pour les championnats du monde avec Joshiro Maruyama.
Deux autres titres dans l’escarcelle nipponne avec Funa Tonaki et son ne-waza diabolique. Vice championne olympique, la -48kg de l’entreprise Park 24 pique l’Espagnole Figueroa au sol. Un schéma attendu, prévisible, et qui c’est bien réalisé.
Mais aussi avec Haruka Funakubo. Elle aussi titulaire pour Tashkent en octobre, doublement victorieuse à Paris cette saison, la désormais n°1 nipponne des -57kg attaque, attaque et attaque encore avant de voir Rafaela Silva recevoir une troisième pénalité de l’arbitre chilien. Troisième victoire en Grand Chelem pour la seule triple championne du monde juniors de l’histoire du judo.

Le dernier titre du jour va à Reka Pupp. Une victoire à domicile pour la Magyare. Numéro deux mondiale derrière Amandine Buchard, Pupp, cinquième des JO, s’offre son troisième titre en Grand Chelem cette saison après Bakou et Antalya. Cette saison, la vice championne olympique tricolore et Pupp ne se sont pas encore affrontées. Une cliente qu’il faudra surveiller d’extrêmement près en Ouzbékistan.