Deuxième médaille en Grand Chelem pour la Française

Sarah-Léonie Cysique aime bien l’Allemagne. À vingt ans, la jeune vice championne du monde junior 2018 emporte en effet ce vendredi sa seconde médaille en Grand Chelem du côté de Dusseldorf… comme l’année dernière où elle avait déjà réalisé cet exploit. 

Cette gauchère bien campée sur ses jambes plaçait d’abord un beau seoi-nage debout à la Portugaise Gomes (176e), un beau harai-goshi à la très grande Roumaine Loredana Ohai (33e) avant d’éviter la Coréenne Kwon Youjeong, forfait pour blessure. Elle concédait en quart de finale une défaite un peu litigieuse dans un combat serré contre la championne du monde 2017, l’ancienne n°1 mondiale mongole Sumya Dorjsuren, un peu moins dominatrice ces derniers mois et désormais troisième mondiale, mais qui ne s’amusait pas avec la nouvelle pépite française, qui aurait même dû sans doute revenir à égalité dans les dernières secondes, un waza-ari partout. En repêchages, elle passait en revue l’opposition allemande en suprenant Sapho Coban (64e) sur un sode-tsuri-komi-goshi debout tout en feeling et martyrisait pour le bronze la pourtant solide Theresa Stoll, qu’elle expédiait au sol d’entrée pour waza-ari sur un utsuri-goshi plein d’aisance. Un succès qui situe la performance, car l’Allemande battue devant son public est tout de même septième mondiale et restait sur une victoire au dernier championnat d’Europe sur la Française. Voici Sarah-Léonie Cysique vingt-sixième mondiale, et toujours troisième Française derrière Priscilla Gneto (23e)  et Hélène Receveaux, encore quatorzième, mais qui n’avance plus : battue au sol à Paris par la Coréenne Kim Jisu, médaillée mondiale junior 2017 et désormais trente-et-unième mondiale, elle tombe à nouveau devant elle à Dusseldorf, cette fois sur deux o-uchi-gari bas bien placés. 
La médaillée de bronze de Paris en -52kg, Astride Gneto était à nouveau engagée sur ce Grand Chelem allemand, cette fois avec moins de succès. Après trois victoires efficaces, elle tombait en effet sur un « os » étonnant, une jeune femme de dix-sept ans, championne d’Asie cadette, la Mongole Sosorbaram Lkhagvasuren (54e), finaliste en Autriche la semaine dernière, qui la poussait à la troisième pénalité, avant d’aller s’offrir une finale en sortant tranquillement la numéro six japonaise, Chishima Maeda. Quant à Astride Gneto, elle était finalement dominée en repêchage par la petite Russe Yulia Kazarina, qui la contrait en o-uchi-gaeshi. Elle reste encore à la porte du « top 20 », à la vingt-troisième place.

Les -60kg français piétinent

Pas de médaille masculine française ce vendredi. En -66kg, l’épreuve était rude pour le champion de France Kevin Azema, qui avait sur le papier un premier tour « facile » contre un Indien, Jasleen Singh Saini (219e), et se faisait surprendre sur un o-soto-gari radical. Un mouvement qui faisait mal, dans tous les sens du terme.
Les deux -60kg engagés allaient eux aussi rentrer bredouille, en donnant néanmoins quelques signes : Walide Khyar, revenu une nouvelle fois de blessure et dont la dernière performance remonte à janvier 2018 (l’or au Grand Prix de Tunis), faisait un combat solide face au champion du monde junior 2017 (et troisième en 2018), le Géorgien Jaba Papinashvili (42e), qu’il dominait dans les saisies, le jeu des appels et des déplacements… avant de se faire surprendre par un makikomi malin.
Frustré à Paris par un défaite rapide (contre ce même Jaba Papinashvili), Luka Mkheidze se mettait cette fois à nouveau en valeur avec trois victoires, la première contre un adversaire direct au classement, le Tunisien Dhouibi (30e), avant de dominer sans stress un « top10 », le Brésilien Takabatake aux pénalités. Malheureusement, il était ensuite vaincu par le n°2 géorgien Lukhumi Chkhvimiani (13e), contre lequel il faisait pourtant un excellent combat, mais moins lucide au golden score après avoir fait le forcing pour faire pénaliser son adversaire, il faisait deux fausses attaques qui le condamnaient. Plus embêtant, il lâchait la médaille de bronze au Néerlandais Tornike Tsjakadoea, qui a pris depuis peu la main sur lui avec deux victoires successives, et possède désormais un bien meilleur classement mondial (18e) alors qu’il était au-delà de la quarantième place en septembre. Luka Mkhdeize a lui aussi connu un ascension rapide à cette période, mais reste désormais scotché à la lisière du top 30 (32e) sans avoir pu parvenircet hiver, pour l’instant, à convertir ses bonnes dispositions en points stratégiques. Walide Khyar est désormais quarante-et-unième et Cédric Revol, médaillé au Grand Prix d’Israël, est quarantième. Qui des trois passera le cap espéré ?

Maruyama, le treuil

On n’en est guère surpris, mais si le Japon semblait avoir eu du mal à digérer le décalage horaire à Paris, la première journée de ce Grand Chelem d’Allemagne montre clairement que le « problème » n’était pas bien profond. Ils sont déjà à quatre médailles d’or pour cinq catégories. Seule la Kosovare Kelmendi, avec le service minimum est bien aidée par des arbitres généreux en pénalités pour ses adversaires, parvenait à prendre un titre à la délégation nippone en -52kg, en battant la « gamine » mongole Sosorbaram Lkhagvasuren, aux pénalités. Les autres représentants japonais étaient implacables : la vice championne du monde Funa Tonaki emporte en -48kg son Grand Chelem européen après avoir gagné celui du Japon. Elle est prête à retenter sa chance contre l’Ukrainienne Bilodid. En -57kg, la championne du monde en titre et n°1 mondiale Tsukasa Yoshida, a réglé la catégorie, et notamment la championne olympique brésilienne Rafaela Silva en finale, sur un sumi-gaeshi parfaitement amené. Elle aussi est prête à aborder Tokyo acte I. 
C’est encore plus impressionnant chez les garçons. En -60kg, le petit combattant Ryuju Nagayama ne laisse pas de marge au vainqueur de Paris, le champion du monde Naohisa Takato – le seul capable de le battre depuis deux ans. Il l’emporte en Allemagne en projetant le n°1 mondial au classement, l’excellent Russe Robert Mshvidobadze, sur un merveilleux uchi-mata tout en effacement du corps. En -66kg, c’est tout simplement une passation de pouvoir à laquelle on assiste : la star Hifumi Abe a désormais un leader devant lui, et il est intimidant : vainqueur au Japon (en battant Abe en finale), vainqueur du Master, Joshiro Maruyama explose à nouveau tout le monde en Allemagne avec, en particulier, un uchi-mata de chariot élévateur, étonnant de puissance. Décidément, on sent qu’on s’approche de Tokyo.