Crédit photo : Tamara Kulumbegashvili/IJF
Vice championne du monde et deuxième au Masters en 2023, vice championne d’Europe en 2024, Julia Tolofua revenait donc sur le circuit international ce dimanche à Tashkent. Presque dix mois d’absence pour la +78kg de l’ES Blanc-Mesnil Judo, qui marque son retour par une médaille de bronze. Après une victoire aux pénalités contre une combattante russe, la Corse se faisait contrer par la Japonaise Chihiro Yamaguchi, troisième des mondiaux juniors et du Grand Chelem de Tokyo en 2024. Un o-soto-gari sans déséquilibre, la Nippone pivotait et poussait la Tricolore sur le dos pour un waza-ari. Repêchée, Tolofua allait faire le travail contre a jeune Israélienne Yuli Mishiner grâce, deux fois, à son uchi-mata. Pour le bronze, pas de vrai souci avec une domination nette qui fait plier la Kazakhstanaise Nazgul Maratova, 29 ans et 52e mondiale. Une médaille qui soulageait visiblement la +78kg tricolore, sans effusion de joie, mais avec l’expression d’avoir assuré l’essentiel pour une reprise. Sera-t-il suffisant pour aller chercher une titularisation pour les championnats d’Europe ?
Avec Maxime Gobert hier, les deux médailles françaises sur ce Grand Chelem de Tashkent seront donc de bronze, puisqu’aujourd’hui, Eniel Caroly (ESBM Judo) s’inclinait dès son entrée en lice contre l’Ouzbek Alisher Samanov, troisième des mondiaux juniors 2024, après un sumi-gaeshi en garde croisée que l’Asiatique surpassait pour tenir le Français en kami-shiho-gatame.
Un dimanche où la Russie est à une victoire du Grand Chelem masculin. En -100kg, « Iceman » Matvey Kanikovskiy continue à être ce monstre de fausse décontraction létale. Le Russe n’a perdu qu’un combat depuis fin 2023 : c’était en finale du Grand Chelem de… Tashkent contre Muzzafarbek Turoboyev, désormais en +100kg.
En +100kg, finale 100% russe — comme en -73kg et en -100kg — et la victoire de Denis Batchaev contre Valerii Endoviitskii. Batchaev, qui fait doucement sa place et se classe désormais clairement n° russe derrière Inal Tasoev et Tamerlan Bashaev. Un garçon qui vient d’aligner victoire aux championnats du monde juniors et médaille de bronze à Tokyo.
Si l’or des -90kg échappe à l’équipe de Vitali Makarov, l’impression donnée depuis la fin de l’année 2024 est limpide : la Russie masculine est en ordre de marche avec un groupe solide auquel s’agglomère des petits nouveaux très performants. Un groupe élargi où presque toutes les catégories — on pense au -90kg justement — s’appuient sur des très costauds.
En -90kg, c’est le pays hôte, l’Ouzbékistan, qui arrache son seul titre grâce à Shakhzodxuja Sharipov, vingt ans, 232e mondial, mais champion d’Asie juniors.
En finale, il bat la pépite nippone de la catégorie, Komei Kawabata, double champion du monde juniors et junior troisième année en 2025. Un kata-guruma avec les deux manches pour yuko et voilà ce jeune Ouzbek, qui mata le Serbe Nemanja Majdov en huit secondes en début de journée, sauveur de la patrie. Une équipe d’Ouzbékistan qui aura sorti une jeune garde pleine d’envie et de talent sur son événement. Une nouvelle génération post-Ilias Iliadis pourrait bien avoir pris corps ce week-end. À suivre lors des prochains rendez-vous.
Enfin, chez les féminines, point de Japonaises en haut de l’affiche ce dimanche, mais deux Chinoises : l’une est une habituée du circuit. Il s’agit de Zhenzhao Ma. Certes, celle-ci gagne la finale par forfait contre l’Allemande Alina Boehm. Mais il fallait tout de même arriver jusque-là avec l’Israélienne Inbar Lanir — qu’elle immobilise en demie — ou l’autre Allemande — qui monte très fort — Anna Monta Olek.
L’autre, Xinran Niu, a 20 ans. Non classée aux mondiaux juniors 2024, septième au Grand Chelem de Tokyo en décembre, elle s’impose, elle aussi, par forfait, la Japonaise Chihiro Yamaguchi ne se présentant pas. À noter qu’elle bat en quart de finale Raz Hershko, vice championne olympique et cliente de la catégorie. Un soto-makikomi à gauche où le changement de direction est parfait et voilà l’Israélienne sur le dos.
Une combattante qui fit partie de cette grosse délégation envoyée par l’Empire du Milieu aux mondiaux juniors de Douchanbé.
La jeunesse — en particulier asiatique — s’est montrée sur ce Grand Chelem. Plusieurs nations ont lancé un nouveau cycle et envoient leur jeunes loups se faire les dents dans une logique de revue d’effectif large en vue de Los Angeles. Pour la Chine et l’Ouzbékistan, les grandes manœuvres sont clairement lancées.
Le Japon et la Russie, eux, bénéficient d’une base très solide que les nouveaux staffs souhaitent élargir.
La partie d’échecs mondiale commence bel et bien.