La première fois que nous vous en avions parlé, c’était début octobre, lors des championnats du monde juniors d’Odivelas (Portugal).
Timur Arbuzov, junior deuxième année, avait fait très forte impression lors de cet événement portugais, finissant troisième en -81kg, seulement battu par le Japonais Kaito Amano dans une demi-finale de très haute volée. Droitier au corps de pieuvre, ce judoka dans le plus pur style russe – une fusion entre judo classique à la japonaise et techniques de sambo -, par ce résultat se donnait les droits d’entrer dans la course olympique dans sa catégorie des -81kg. Dans un duel avec David Karapetyan – champion du monde juniors 2021 – Arbuzov, posait un premier jalon chez les seniors début février, remportant le bronze à Paris. Aujourd’hui, le second jalon est encore plus sérieux avec une victoire lors du Grand Chelem de Tbilissi où son mouvement de hanche surpuissant autant que son opportunisme en ne-waza lui permirent de traverser une journée où il ne bat qu’une tête de série – l’Israélien Sagi Muki, tête de série n°4, en demi-finale -, où il aurait sans doute dû être pénalisé pour « diving » contre le Moldave – qui revient d’une suspension pour dopage – Victor Sterpu mais durant laquelle ce jeune Russe au judo enthousiasmant aura été chercher une victoire extrêmement importante dans la course à la sélection et qualification olympique. Avec mille points pris, Arbuzov, qui est le plus jeune vainqueur masculin d’un Grand Chelem cette année – il n’a encore que dix-neuf ans – va gagner vingt places pour se retrouver aux alentours de la vingtième place. S’il n’a pas encore rencontré tous les cadors de la catégorie – comme Tato Grigalashvili, Saeid Mollaei ou Lee Joonwhan -, s’il a perdu contre Mathias Casse aux championnats d’Europe, ce Russe pourrait bien s’il est choisi être le facteur x des Jeux olympiques de Paris à la fin de l’été.

Une victoire surprise pour une journée où aucun Français engagé n’atteint les quarts de finale. Les favoris du jour, eux, n’ont pas manqué à l’appel : en -63kg, c’est la tête de série n°1, la Canadienne Catherine Beauchemin-Pinard, en tête du classement mondial, qui s’adjuge la victoire après l’argent à Bakou. En -70kg, c’est la tête de série n°2, l’inusable Croate Barbara Matic, en or lors du GP du Portugal et du Grand Chelem de Bakou qui continue sur son impressionnante dynamique. Sa dernière compétition sans podium remonte au Masters de Budapest, en août dernier.
Enfin en -73kg, c’est la tête de série n°3, le triple médaillé olympique et enfant du pays Lasha Shavdatuashvili qui donne au pays organisateur son deuxième titre sur ce Grand Chelem. Deux titres certes mais pour seulement deux médailles au pays à la Croix de Saint Georges, à domicile. Une catégorie où Soichi Hashimoto, le titulaire japonais pour Paris s’incline face à un Russe sorti de nulle part : Karen Galstia, vingt-quatre ans, cinquième à la coupe d’Europe seniors de Russie en 2021 pour seul résultat dans cette catégorie d’âge !
Un inconnu au bras gauche surpuissant qui bat le Nippon sur deux waza-ari dont le premier semble très léger.
Avec Chernykh hier, la Russie sort de son vivier deux judokas sans références sur les championnats internationaux jeunes et jamais médaillés sur le circuit FIJ auparavant et qui arrivent tous deux en finale à Tbilissi. L’une des leçons assurément de ce Grand Chelem.
Demain entrée en lice d’Audrey Tcheuméo – qui joue gros – et de la superstar locale, Lasha Bekauri.