Cyrille Maret finaliste en -100kg

De notre envoyé spécial au Japon, Morgan Maury

Avec ses 2m07, il a fait de l’ombre au reste de la journée. Renat Saidov a annoncé la couleur. Il sera le challenger officiel de Teddy Riner en 2015. Aujourd’hui à Tokyo, le colosse russe s’est imposé relativement facilement. Et il a marqué les esprits avec un juji-gatame  la volée où il voulait arracher le bras de Ryu Shichinohe. Un moment que l’encadrement français devrait se passer en boucle pour y trouver une parade.Riner-Saidov : le choc des titans, sortie prévue en 2015. Mais quel jour ? On attend. La France fait une médaille par le courageux et toujours présent Cyrille Maret. Il a frôlé la médaille d’or. Malgré des vomissements, il a accroché une belle médaille d’argent en moins de 100 kilos. Alexandre Iddir n’a pas eu le temps de lutter contre Mashu Baker pour le bronze mais il a réalisé une performance à la mesure de son niveau du moment. Il se classe cinquième et peut rêver de belles choses pour 2015. Le bilan français s’établit finalement à deux petites médailles grâce à l’argent de Maret et l’or de Gévrise Emane. C’est la troisième place au tableau. Il y avait la place pour un poil mieux malgré l’absence des Buchard, Pavia, Agbegnenou, Piétri et Riner. Le Japon n’a rien gagné chez les garçons aujourd’hui. Il garde tout de même la première place de son tournoi au classement des médailles face au reste du monde  avec 7 ors, 8 argents, et 11 bronzes.  L’affiche promettait un match Japon contre monde. Les Nippons l’ont encore emporté mais chaque jour leur domination s’est diluée. C’est surtout inquiétant en moins de 100 kilos où personne ne perce. Un peu moins en lourds malgré la cinquième place de Shichinohe. Cette dernière journée a vu la confirmation de la Corée du Sud. Elle gagne deux titres et se prépare une grosse équipe masculine. Le schéma est le même : grosse bataille tactique sur les mains et seoi. Avec Kim (-60kg) vendredi, et Gwak (-90kg) et Cho (-100kg) aujourd’hui, le score de trois médailles d’or fait bel effet. La Russie a été récompensée grâce à Saidov et Chibisova. Patrick Roux et Jean-Pierre Gibert avaient emmené une équipe de filles fraîchement seniors. Ils en ont classé plusieurs mais aujourd’hui la lourde Chibisova amène enfin une médaille avec le bronze en battant au passage Emilie Andéol. Au fait, Ilias Iliadis a perdu au deuxième tour contre un Serbe…

-90kg Un gros Gwak, Iddir n’est pas loin
1) Gwak Don Han (Corée du Sud)
2) Daiki Nishiyama (Japon)
3) Mashu Baker (Japon) et Kim Jae Yun (Corée du Sud)

©  IJF Media by Gabriela Sabau and Nicolas Messner

Alexandre Iddir a montré de quel bois il se chauffait. Oui, il n’est pas sur le podium mais il a distribué quelques pains tout au long de la journée. Il a promis qu’il travaillerait ce point : être moins spectaculaire mais gagner plus. A chaque fois ce sont deux clients qui l’ont stoppé. Daiki Nishiyama en demi-finale puis Mashu Baker en place de trois.  Après un tour de chauffe contre le Suédois Dvarby, Iddir a mis en orbite le Géorgien Beka Gviniashvili, l’un des juniors forts de 2014, sur un uchi-mata rotatif sublime, puis le Serbe Kukolj, tombeur d’Ilias Iliadis, sur un sode sauté exceptionnel. En demi, il mène la vie dure au double vice-champion du monde Daiki Nishiyama mais se fait surprendre par un sasae opportuniste. En place de trois, Mashu Baker, le golden boy du tournoi 2013, le surprend sur un ko-soto en porte-manteau et l’immobilise. La tournée asiatique d’Iddir (victoire en Ouzbékistan, 3e au Kazakhstan, 5e à Tokyo) conforte ses choix et le fait monter au classement. 2015 l’attend. La finale oppose Nishiyama au Coréen Gwak, vainqueur la semaine passée à Jeju et 8e mondial. Ce dernier résiste à un o-uchi de Nishiyama et lance seoi pour yuko. Et bim ! 800 points en huit jours pour le Coréen ! L’un des combats de cette compétition restera le repêchage entre Baker et Varlam Liparteliani, le numéro un mondial. Mené d’un yuko et d’une pénalité à 30 secondes de la fin, le Japonais fait pénaliser le Géorgien puis égalise sur le gong avec sumi-gaeshi. Dans le golden score, Liparteliani sort in extremis d’une immobilisation avant de craquer sur un juji. Huit minutes torrides.

-100kg Coup de Cho pour Maret
1) Cho Guham (Corée du Sud)
2) Cyrille Maret (France)
3) Henk Grol (Pays-Bas) et Artem Bloshenko (Ukraine)

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Larbi Benboudadoud va encore pouvoir chambrer les garçons de l’équipe de France pendant un an. Il est le dernier vainqueur tricolore ici. C’était en 1999. Cyrille Maret est pourtant passé tout près d’arrêter les blagues de l’ex moins de 66 kilos. Malgré une préparation tronquée par un déménagement, le Bourguignon s’est retrouvé en finale contre le Coréen Cho Guham, 28e mondial, mais aperçu en lourds. On sentait bien l’or autour du coup du moins de 100 kilos. A Paris, l’affaire avait été pliée en 30 secondes. Cette fois, Maret n’a jamais réussi à débloquer le puzzle coréen. Ses tentatives de décalage n’ont jamais fonctionné et c’est un autre décalage, celui de pénalités, qui est venu punir Maret. Dommage mais on saluera sa constance chirurgicale en tournoi. Maret a également eu du mal à récupérer de son premier match remporté aux pénalités contre Ryunosuke Haga. Pris de vomissements, le Français a gardé des séquelles tout au long de la journée. Luciano Correa aux pénalités puis Martin Pacek sur un sasae. Intéressant car c’est un mouvement dont il vient de débuter l’apprentissage avec Darcel Yandzi. Troisième l’an passé à Tokyo, deuxième aujourd’hui, premier dans un an ? Maret donne rendez-vous à Benboudadoud en 2015.

+100kg Saidov à dix heures
1) Renat Saidov (Russie)
2) Levani Matiashvili (Gérogie)
3) Keita Iwao (Japon) et Takeshi Ojitani (Japon)

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On l’a vu ce fameux juji-gatame à la volée qui fait fantasmer et sourire. Renat Saidov a déplié le long bras de Ryu Shichinohe dès la première prise de garde de leur demi-finale. Le public japonais a grimacé. Shichinohe a tapé. Le géant russe a torpillé avec une facilité déconcertante le dernier représentant japonais dans ce Grand Chelem tokyoïte. En finale, le barbu Géorgien Levani Matiashvili y est passé sur une immobilisation. Saidov s’est paré d’or. On voit qu’il progresse à chaque sortie. Troisième des Mondiaux, il a grimpé d’un rang dans la hiérarchie des prétendants avec cette victoire express sur Shichinohe. Et Teddy Riner n’a rien raté de tout ça depuis la tribune. On salive d’avance de voir leur programmation pour 2015. Où le choc des titans aura-t-il lieu ? Ce n’est pas encore cette année qu’un Japonais gagnera le tournoi de Tokyo. Le dernier à avoir réussi pareille performance est l’oublié et retraité Kazuhiko Takahashi en 2009. Ce dimanche, Takeshi Ojitani et Keita Iwao ont éclipsé Schichinohe et Daiki Kamikawa. Iwao a sorti Rafael Silva en tableau puis Shichinohe en place de trois sur un déplacement hasardeux de ce dernier. Kung Fu Panda Kamikawa aura gagné le match des vainqueurs de Riner contre Abdullo Tangriev avant d’hiberner cinq minutes contre Ojitani. On guettera les prochaines sorties de ce Iwao, un petit gaucher. Il n’a que la victoire à la Coupe du Kodokan et une deuxième place à Monaco derrière Adrien Pin à montrer sur sa carte de visite.

-78kg Good job Harrison
1) Kayla Harrison (Etats-Unis)
2) Ruika Sato (Japon)
3) Anamari Velensek (Slovénie) et Shori Amada (Japon)

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En Corée du Sud, Audrey Tcheuméo avait mis un stop à Kayla Harrison. Aujourd’hui, le char d’assaut américain a fait feu de gros calibre pour signer une très jolie victoire. Pleine de pep’s debout et prompt à enchaîner au sol, l’élève de Jimmy Pedro a réalisé une compétition extrêmement propre. En finale, la Japonaise Ruika Sato prend un gros mouvement de hanche. Madeleine Malonga n’a eu qu’une séquence pour elle face à Sato. La première. Elle a donné un bel uchi-mata fini sur le ventre mais ensuite elle a été incapable de reproduire sa domination à la garde. Les pénalités la puniront. Sur le podium, la Slovénie continue sa belle campagne japonaise. Après le titre de Trstenjak en moins de 63 kilos, Anamari Velensek finit en bronze

+78kg La jeune garde japonaise au rendez-vous
1) Nami Inamori (Japon)
2) Sara Asahina (Japon)
3) Megumi Tachimoto (Japon) et Ksenia Chibisova (Russie)

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Les jeunes ont gagné. Nami Inamori, championne du monde junior 2013, et Sara Asahina, championne du monde junior 2014, ont battu les anciennes Kanae Yamabe et Megumi Tachimoto. Imbougeable avec ses 135 kilos sur la balance, Asahina a fini par faire trembler le tapis sur un énorme o-uchi gari d’Inamori (ippon). Peu habituées aux sorties internationales, les deux jeunes filles vont maintenant devoir s’y coller.  Emilie Andéol a été décevante quelques mois après sa troisième place mondiale à Chelyabinsk. La Girondine a tenté contre Asahina mais a été incapable de déplacer d’un centimètre la montagne japonaise. En repêchages, alors qu’elle menait, elle encaisse un superbe tai-otoshi de la Russe Chibisova, deuxième à Abu Dhabi et future troisième ici.