La Française finit troisième, une compétition riche en satisfactions

 

Margaux Pinot. Crédit photo : Emmanuel Charlot

Il y neuf mois, Margaux Pinot décidait de retrouver la catégorie qui avait fait d’elle l’un des grands espoirs du judo féminin français. Sa troisième place ce samedi à Tokyo, non seulement confirme que cette décision est un pari réussi. Mais pas ou plus seulement. Sa prestation sur le tapis tokyoïte laisse penser qu’elle est en train de prendre une autre dimension. Une hypothèse naissante, mais certains signes frappent. Pas forcément plus en jambe que les autres judokates tricolores présentes ici, la championne de France 2016 a su optimiser intelligemment certains aspects de son judo  : kumikata rigoureux, rythme constant et capacité à ne pas tomber. Opposée à trois Japonaises ce samedi, Megumi Tsugane, une fille de sa génération, Miho Minei et Aimi Nouchi, Margaux Pinot ne fait pas tomber, mais met en danger souvent et surout pèse sur le combat en gardant la distance et en se montrant très rigoureuse à la saisie. Une attitude de leader.  Elle montre qu’elle sait gagner, avec une vraie maturité, des combats serrés contre des filles très fortes. Au final c’est une deuxième médaille en Grand Chelem après Paris en octobre 2015. Et un quatrième podium depuis mars après deux victoires en Grand Prix pour cette jeune fille de 22 ans, qui crédibilise encore plus sa capacité à se distinguer à un haut niveau international. Clairement, elle s’installe en membre de fait de la première élite française, même si, bien sûr, la vice-championne olympique Clarisse Agbegnenou conserve toute son autorité sur la catégorie.
Et les autres Françaises ? Marie-Eve Gahié, sur une dynamique impressionnante, se fait surprendre par l’inconnue, qui ne l’est plus vraiment, Saki Niizoe, 20 ans, championne d’Asie junior, sur un uchi-mata à gauche à double détente impressionnant.
Fanny-Estelle Posvite, finit elle 7e. Elle perd d’un yuko sur un tani-otoshi contre Kelita Zupancic et aux pénalités contre Yoko Ono, la Limougeaude a tenté avec conviction, mais sans beaucoup de feeling.

Nagase a digéré Rio, les Japonais continuent leur numéro

Il en a été dégoûté, au point de pas vouloir remettre le judogi pendant plusieurs semaines comme il le confiait quelques minutes après avoir reçu sa médaille. Seulement en bronze à Rio, Takanori Nagase (-81kg) avait à cœur de renouer avec ce qu’il faisait, très souvent très bien d’ailleurs, depuis Chelyabinsk : gagner. Un processus mis à mal au Brésil mais rétabli ici à Tokyo, en variant uchi-mata en cercle, tactique intelligente et opportunisme implacable, comme le constatera l’Allemand Dominic Ressel en finale. Uchi-mata gaeshi suivi en immobilisation et l’ancien capitaine de Tsukuba pouvait répondre, avec un grand sourire et de l’enthousiasme aux nombreux journalistes présents.
En -73kg, Soichi Hashimoto, fini l’année 2016 invaincu. International en 2016, puisque vainqueur des championnats d’Asie, du Masters, du Continental Open de Taïwan et ici à Tokyo.
Beaucoup moins flamboyant qu’un Shohei Ono, décevant à certains égards eut égard à ses prestations antérieures, le judoka de l’entreprise Park 24 a tout de même affiché une solidité et une sérénité qui en font un n°2 nippon très convaincant. Pour un championnat du monde par exemple ? Chez les filles, une demi-surprise avec la victoire Kathrin Unterwurzacher en -63kg. En finale, elle contre habilement, en puissance, le o-uchi-gari de Miho Minei en ko-soto-gake. Une seconde victoire en Grand Chelem pour cette Autrichienne de 24 ans qui compte déjà une victoire sur Agbegnenou qui, si elle continue sur cette trajectoire, pourrait être l’une des filles de l’olympiade. Un mot sur Miho Minei, Japonaise de 19 ans, absente du circuit international depuis sa cinquième place à Paris fin 2015 et qui réussit une journée plein de promesses pour l’avenir. Si elle finit deuxième, elle profite d’une des très rares fautes de Tina Trstenjak sur un tatami pour la projeter sur o-uchi-gari puis d’une attaque soudaine et presque payante de Margaux Pinot en o-soto-gari à gauche pour la bloquer et la projeter façon « go no sen ». En -70kg, c’est la tombeuse de Marie-Eve Gahié, Saki Niizoe et son puissant bras gauche, ses longues jambes et ses mouvements de jambe qui monte sur la plus haute marche. Elle aussi, sera à voir dans un autre contexte international pour se faire une idée plus juste de cette étudiante de Yamanashi Gakuin. Mais les qualités démontrées aujourd’hui pour son premier Grand Chelem font d’elle une probable cliente.

Ce samedi soir, le Japon en est donc à quatre sur quatre dans les catégories masculines. Et même mieux puisque chaque finale fut nippo-japonaise ! Chez les filles, les -70kg font un triplé.
Au tableau des médailles, le pays organisateur affiche un bilan de 21 médailles : sept de chaque métal. Une domination proprement écrasante.