Premier titre en Grand Chelem pour le -66kg français

On avait pu sentir la détermination et l’efficacité de notre dernier représentant aux Jeux olympiques 2016 en -66kg lors de ses deux victoires successives en Open, au Portugal et en Italie, dans les deux premières semaines de février. Alors qu’il n’avait pas été choisi dans le groupe élite français parce qu’il ne « représentait pas l’avenir », il s’était fait un peu oublier depuis sa dernière sélection aux championnats du monde 2017, ce combattant de vingt-neuf ans avait montré sa volonté de prendre à bras le corps la catégorie. Un mois plus tard, le voici qui passe un cap considérable avec l’or d’Ekaterinburg, sa première victoire en Grand Chelem après une médaille de bronze à Paris en 2016 et deux médailles de bronze en Grand Prix en 2016 et 2018. Pour situer la valeur de la performance, il suffit de rappeler que, depuis les Jeux de 2016, seul Cyrille Maret a emporté un Grand Chelem, c’était en 2017 en poids lourds à Abou Dhabi. 

Un beau o-uchi-gari pour finir

De quel niveau la performance ? Là encore elle est considérable. Si il ne s’agissait pas d’un championnat du monde et qu’il n’a rencontré sur sa route ni japonais, ni coréen, il bat deux membres du « top 10 », l’Israélien Tal Flicker, 6e, et le jeune Brésilien Daniel Cargnin, 7e. 
C’est dans son style habituel au meilleur de son efficacité qu’il est parvenu à vaincre tous ses adversaires. Trois pénalités subies par l’Espagnol Alberto Gaitero Martin (28e) — non sans une belle frayeur sur un ippon donné par l’arbitre central et finalement retiré par la table après que l’arbitre ait demandé le salut et que l’Espagnol ait quitté le tapis  — trois pénalités encore pour le Moldave Vadim Bunescu (78e). Le combat décisif arrivait ensuite : le Brésilien Cargnin, très habile dans la gestion tactique, gérait plutôt bien en obtenait le décalage des pénalités en sa faveur, mais alors qu’il se jetait sur le dos pour un nouveau sutemi, le Français interposait très habilement sa jambe – timing parfait — et marquait sur o-uchi-gari. En demi-finale, l’Israélien Flicker en prenait trois lui aussi. Enfin Kilian Le Blouch était opposé en finale à un combattant du crû sorti du rang, le Russe Isa Isaev, 130e., et après un combat long et disputé, il le surclassait dans le golden score et terminait le long bras de fer qu’avait été cette journée par un vrai très beau o-uchi-gari. Au delà de l’or, il s’impose quasiment en titulaire incontestable pour le championnat du monde de cet été à Tokyo et mord à belles dents dans la ranking list olympique, flirtant déjà avec le top 20 mondial. Un véritable « blitzkrieg » réussi par le combattant et entraîneur du FLAM91. 

Daniel Jean bat le 12e mondial

Et Daniel Jean, le second sélectionné dans la catégorie pour la France ? Il réussit une compétition intéressante après un championnat du monde et deux Grands Prix sans relief. Dans son style très élégant, il se montre de plus en plus solide, dominant ses deux premiers adversaires avec un o-soto-makikomi efficace, dont le Kazakh Yeldos Zhumakanov, un combattant moins performant depuis quelques mois, mais toujours 12e mondial. C’est le jeune Géorgien Bagrati Niniashvili, 42e mondial, qui le surprenait au tour suivant sur son kata-guruma. 
En revanche il n’y a pas de médaille pour Cédric Revol en -60kg, dominé par le Néerlandais Tornike Tsjakadoea, un homme qui monte, sur un uchi-mata en deux temps. Pas de médaille non plus pour les deux féminines écartées dès le premier combat : la jeune Shirine Boukli en -48kg par un gros o-soto-gari de la Russe Sabina Giliazova et Priscilla Gneto en -57kg par la Néerlandaise Margrie Bergstra aux pénalités.

Lkhagvajamts

Pas d’or pour le Japon en cette première journée dans laquelle on retrouve l’Argentine Pareto, qui l’emporte en -48kg, mais aussi la Canadienne d’origine japonaise, Christa Deguchi, en or en -57kg, tandis que sa blonde rivale Jessica Klimkait se hisse sur le podium aussi. Belle performance du jeune Mongol Unubold Lkhagvajamts, vingt-et-un an, en or en -60kg.